9 mai 2021

Temps de lecture : 4 min

Solenne Blanc : « Beaux Arts construit une offre complète pour les acteurs de la culture »

Le groupe Beaux Arts & Cie se situe au croisement de mondes en transformation : les médias et l’art. Solenne Blanc, sa nouvelle directrice générale, va poursuivre et amplifier les actions déjà menées depuis quatre ans sur le numérique et la diversification. Avec l’ambition de développer une nouvelle économie autour de la culture.

INfluencia : vous venez d’être nommée directrice générale de Beaux Arts & Cie le 7 mai 2021. Avec quelle feuille de route ?

Solenne Blanc : je suis arrivée fin 2017 pour m’occuper de la diversification et de la croissance externe du groupe. Aujourd’hui, mon enjeu consiste à continuer d’étendre le champ d’action de Beaux Arts, à travailler sur l’innovation dans la partie médias et à faire évoluer le groupe vers une offre complète de contenus et de services pour les acteurs de la culture. Depuis quatre ans, nous avons développé de nouveaux métiers pour proposer des conférences, du conseil, de la transformation numérique, de la création d’événements. Le groupe va continuer à renforcer cette stratégie dans une logique de valorisation de nos savoir-faire internes et des actifs de nos partenaires culturels, dans les territoires et à l’international.

IN : quelle maturité ont vos activités à l’international ?

S.B. : l’international a déjà été développé dans nos métiers de conseil en ingénierie culturelle, en accompagnement des institutions et des territoires, qui créent de nouvelles propositions culturelles à l’échelle de quartiers, de villes… Nous avons par exemple accompagné l’Ircam, l’antenne son et musique contemporaine de Centre Pompidou, sur la création du C-Lab, un quartier créatif sur les nouvelles technologies du son et de l’image déployé sur d’anciennes casernes au cœur de Taipei sur l’île de Taïwan. Nous intervenons aussi aux côtés de start-up spécialisées dans la réalité virtuelle pour trouver des lieux culturels à l’international pour exploiter ces technologies. Cette dimension s’exprime aussi dans nos salons professionnels Sitem et Museva, rachetés fin 2020, qui ont aussi vocation à faire se rencontrer des acteurs internationaux, côté exposants et visiteurs.

IN : ce potentiel international peut-il se traduire aussi sur la partie médias et édition ?

S.B. : dans sa diffusion print, Beaux Arts Magazine (59 868 ex. de diffusion France payée en 2020, source ACPM) a vocation à rester sur les territoires français et francophones, mais la marque se décline aussi avec beauxarts.com, lancé en 2017. Se lancer tard nous a permis de nous d’adopter directement les choix de modèle et les positionnements du moment. Ce titre produit aujourd’hui beaucoup de contenus vidéo qui touchent des publics différents et se prêtent bien à une diffusion sur d’autres territoires. Notre titre professionnel numérique Le Quotidien de l’Art, qui touche toutes les tendances de l’art et de la culture, a aussi un potentiel de développement à l’international, avec des versions imprimées bilingues ou trilingues proposées lors des grandes foires internationales. Le pôle édition est un autre axe de diversification avec 80 beaux livres et des hors-série publiés par an sur les expositions ou l’actualité du monde de l’art. Nous avons déjà fait des ouvrages pour des sites internationaux. Nous travaillons en ce moment sur l’exposition JR: Chronicles que la Saatchi Gallery de Londres consacre à partir de début juin à l’artiste français.

IN : dans quelle mesure cette stratégie répond-elle aussi aux mutations du monde de l’art ?

S.B. : même en dehors des effets liés à la crise sanitaire et aux plans de relance, les acteurs du patrimoine et des institutions culturelles ont vraiment besoin de se réinventer pour toucher des publics plus larges et résoudre les enjeux de démocratisation culturelle. Nous pouvons les accompagner en utilisant de nouveaux médias et avec de nouvelles manières de raconter des histoires. C’est pour cela que nous investissons beaucoup sur la réalité virtuelle ou augmentée et que nous avons acquis en 2019 Artips, qui produit des anecdotes et des parcours de micro-learning pour aborder la culture de manière ludique et décalée. Les institutions sont aussi confrontées à un enjeu économique pour développer et diversifier leurs ressources propres afin de compenser la baisse tendancielle des subventions. D’où les connections avec le monde de l’entreprise, les leviers entre culture et tourisme… En juin 2021, nous animerons dans Paris le Digital Art Month des œuvres numériques disséminées dans toute la ville, qui pourront être visualisées en réalité augmentée dans les smartphones.

IN : quel regard portez-vous sur la manière dont les entreprises et les marques soutiennent ou s’approprient le monde de l’art ?

S.B. : le mécénat est important. Les entreprises doivent apprendre à animer leurs clubs de mécènes, pas seulement sur le volet financement mais aussi dans une démarche plus partenariale et de long terme. Les collaborations entre les institutions culturelles et les marques ont une marnière assez pertinente d’aller chercher un autre public et de désacraliser les lieux de culture. Lorsque c’est bien fait, cela prouve aux gens que ces lieux sont accessibles. Airbnb ou Uniqlo l’ont fait avec Le Louvre, par y compris pour montrer que l’on peut par exemple dormir dans le musée ou prendre un verre face à la Joconde… Chambord et Versailles ont aussi monté de belles associations avec les marques. Tant que c’est pertinent, ancré dans l’ADN de la marque et que cela porte aussi les valeurs de l’institution culturelle, cela ne peut être que vertueux. C’est une dimension que nous avons envie de renforcer avec notre salon Museva, dédié à la privatisation de musées, monuments et salles de spectacles. L’ouverture des lieux culturels gagne à être développée. Avec Beaux Arts Institute, nous sommes par exemple partenaires du Centre Pompidou, qui a créé l’Ecole Pro, et nous concevons ensemble des séminaires et des workshops à l’intérieur du musée d’art moderne. Nous faisons intervenir des artistes nos conférenciers et journalistes pour des plongées d’entreprises dans le monde de l’art pour réfléchir sur la manière dont un artiste voit le monde, sur les processus créatifs des artistes… Cela crée de la valeur, et pas seulement au niveau économique.

IN : avant de rejoindre Beaux Arts & Cie, vous travailliez dans le conseil, chez Greenwich Consulting devenu EY Parthénon. Dans quelle mesure ces deux expériences changent votre perspective ou se nourrissent l’une de l’autre ?

S.B. : je trouve formidable d’être dans une entreprise à taille humaine, avec des moyens pour incuber des projets de grande dimension. C’est extrêmement enthousiasmant d’embarquer des équipes qui mènent ces projets dans la durée. Ce magazine créé en 1983 a aussi une dimension start-up ! Avant, j’étais plutôt sur les aspects stratégiques et la capacité à se mettre en mode projet. Cela perdure, en restant extrêmement ouvert à toutes les idées qui peuvent arriver des différents métiers. J’ai l’impression que la greffe a bien pris ! D’ailleurs, les nouveaux profils qui nous rejoignent ont souvent un double cursus histoire de l’art ou commissaire-priseur et conseil ou business. Quand on arrive à bien les faire dialoguer, on génère de la créativité et de la valeur. Et l’on voit parfois émerger des idées qui ne seraient pas du tout sorties d’une feuille de route stratégique.

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