14 mars 2012

Temps de lecture : 2 min

Les SDF: un nouveau type de bornes wifi

Tout le monde en parle! BBH New-York profite du festival SXSW pour transformer des sans-abris en passerelle digitale... L’initiative caritative et expérimentale soulève l’indignation.

Deux mots attisent le feu de la polémique à Austin, dans le landernau de la Grand messe annuelle texane du Digital: Homeless Hotspots. En partenariat avec l’association locale d’aide aux sans abri, Front Steps, l’agence Bartle Bogle Hegarty développe en marge du festival une expérience aussi originale que contestable: équiper des SDF de capteurs Wifi pour proposer aux participants d’utiliser le service 4G en payant directement le sans-abri. Fini le journal papier et la petite pièce, la charité devient aussi digitale: 2 dollars pour 15 minutes de surf à la demande sur son smartphone ou sa tablette.

Pour reconnaître ces fournisseurs d’accès Internet humains et ambulants, rien de plus facile. Tous les SDF «collaborateurs» de l’opération portent un tee-shirt blanc sur lequel est inscrit: «Je m’appelle (le prénom). Je suis un Hotspot 4G. Envoyez le SMS (le prénom) au 25827 pour avoir l’accès.» Une des finalités de cette «initiative novatrice et caritative» comme la décrit BBH est de voir combien de personnes seraient prêtes à donner et à quelle hauteur. Car les 2 dollars requis pour le quart d’heure de Toile sont suggérés, rien n’empêche la générosité des donneurs.

Inspiré par Underheard, l’expérience sociale newyorkaise de l’été passée, et dans le ton de sa campagne anglaise «Three Little Pigs» pour The Guardian, BBH ambitionne de moderniser le journal de rue, modèle traditionnel de soutien aux sans-abri. Digital, Homeless Hotspots est également interactif. Les SDF disposent en effet pendant la durée de l’opération d’un smartphone avec textos illimités et compte Twitter pour partager leur expérience en ligne.

Evidemment, les critiques ont fusé sur les réseaux sociaux, dont certaines très acerbes. Non seulement utiliser un être humain comme service Mifi choque, surtout quand il s’agit de sans-abri. Surtout, la fameux journal papier vendu dans la rue pour subvenir à leurs besoins vitaux a lui le mérite de les solliciter dans la création du contenu.

BBH ne rejette pas l’argument et a dû se fendre d’un communiqué en pleine tempête pour rappeler que : primo cette digitalisation constitue une meilleure manne de soutien financier aux SDF; secundo qu’il s’agit d’un projet test Beta qui à terme aboutira à une plateforme de contenus créés par les sans abri, propriétaires de cette source de revenus. Cela n’a pas calmé la polémique.

Benjamin Adler

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