6 avril 2011

Temps de lecture : 3 min

Schwarzenegger: storytelling mythologique

«He’s back». Arnold Schwarzenegger est le héros d’une nouvelle série d’animation, produite par Stan Lee, le créateur de Hulk et des Quatre Fantastiques. Retour sur un personnage hors du commun, proche de la fiction et de la figure du mythe. Par Thomas Jamet...

«The Governator». C’est le nom de la série animée qui met en scène Arnold Schwarzenegger et qui sera diffusée en 2012 aux Etats-Unis et dans le monde entier. Cet OVNI dans le monde de l’Entertainment a été annoncé à Cannes lors du MipTV par Schwarzie en personne.

Le nom de cette nouvelle création est un clin d’oeil au surnom qu’il a eu pendant des années lorsqu’il était gouverneur de Californie, un mélange entre «Governor» et «Terminator». Cette série d’animation, dont le premier trailer est à découvrir sur internet, permet d’entrevoir un Schwarzie à la retraite de sa carrière politique, mais qui continue à défendre la veuve et l’orphelin le soir après le dîner, accompagné par une bande de jeunes justiciers.

The Governator, the trailer

Un rôle sur mesure pour un acteur à la carrière extraordinaire, qui a également été récompensé cette semaine par Frédéric Mitterrand du titre de Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur. Un dernier ( ?) épisode qui clôt une carrière et une vie totalement ahurissante, et qui rapproche Schwarzenegger de la figure du héros mythologique.

Dans « Les Héros Sont Eternels », un magnifique ouvrage paru en 1949, Joseph Campbell, anthropologue et professeur américain explicite le rôle essentiel des héros dans la société. Ceux-ci permettent de véhiculer des images universelles permettant de s’émanciper et d’inspirer les hommes.

L’oeuvre de Campbell a énormément inspiré Hollywood, à commencer par George Lucas avec sa trilogie Star Wars, du propre aveu de Lucas directement inspirée des théories de Campbell, mais également Christopher Vogler, un producteur ayant en quelque sorte « traduit » la pensé de Campbell de manière didactique et pratique à l’usage des scénaristes.

Un texte qui a ensuite été traduit en un livre « Le guide du scénariste, La force d’inspiration des mythes pour l’écriture cinématographique et romanesque », paru en 1992, qui servit de base de travail à bon nombre de storytellings made in Hollywood. Vogler y encourage les scénaristes et auteurs à se servir du monde des mythes et des archétypes comme d’une source d’inspiration et de construction de leurs récits afin de faire appels à l’inconscient des plus grandes cultures.

Dans les travaux originels de Campbell (repris plus tard de différente manière par Vogler) apparaissent plusieurs étapes dans le cycle du héros: l’enfance du héros humain, le héros guerrier, le héros amant, le héros empereur, le héros rédempteur du monde, et enfin le départ du héros. Ce cycle cosmogonique immuable reprend un ordre vrai de toute éternité pour tous les mythes et les héros de toutes origines.

Il est frappant de réaliser à quel point Schwarzenegger a semble-t-il tout à fait compris ces différentes étapes et les a pratiquement même calqués sa propre vie sur ce storytelling mythologique. Son enfance a tout d’abord beaucoup de points communs avec cette enfance très « humaine » du futur héros en ce que Schwarzie a eu une enfance compliquée, avec un père violent et une vie de famille troublée.

Il est ensuite devenu un « héros guerrier » aux multiples figures, venant d’un pays lointain comme le veut la théorie de Campbell (l’Autriche), et a développé tous les atours du guerrier avec sa musculature impressionnante, son envie de conquête et de réussite, et ses rôles de guerrier de légende, de Conan à Terminator en passant par Predator.

Il est ensuite devenu le « héros amant », oscillant dans une carrière plus tournée vers la comédie voire la séduction. Il est enfin devenu le « héros empereur » avec son « rôle » de Gouverneur de Californie pendant sept ans, à la tête d’un Etat de 37 millions d’habitants.

Il apparaît à présent dans son avant-dernier rôle, celui du héros « rédempteur du monde » de manière très symbolique avec cette série d’animation où il est mis en scène comme un super-héros à la retraite mais toujours préoccupé par sauver le monde, la nature, la veuve et l’orphelin. Il lui restera enfin un dernier rôle, celui de la mort, du « départ du héros ». Dans ce rôle aussi, Schwarzie sera un peu comme le roi Arthur ou Charlemagne : il n’est qu’endormi et se lèvera « à l’heure du destin », à moins qu’il ne soit parmi nous sous une autre forme (peut-être celle des heures de vidéo qu’il laissera derrière lui).

Pour Joseph Campbell, « le héros est chacun de nous, pas pour l’être physique que reflète le miroir mais pour le Roi qu’il renferme ». Arnold Schwarzenegger est sans nul doute un exemple à suivre en ce sens. Un roi du storytelling et de la réinvention permanente de soi.

Thomas Jamet – NEWCAST – Directeur Général / Head of Entertainment & brand(ed) content, Vivaki (Publicis Groupe)

www.twitter.com/tomnever

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