INfluencia : Samsung est bien identifié en tant que fabricant d’électronique et annonceur, moins en tant qu’acteur publicitaire… Qu’offrez aux marques et comment travaillez-vous avec les agences et les annonceurs ?
Minai Bui : vous avez mis le doigt dessus : Samsung est avant tout une marque grand public. Nous sommes un fabricant de téléviseur, le numéro un sur ce marché depuis 18 ans. Mais aujourd’hui, nous n’avons pas seulement une activité de fabricant de matériel électronique, nous avons aussi une activité média et services. Dans ce cadre, nous sommes un éditeur et nous proposons aux marques de la publicité sur notre application Samsung TV Plus pour Smart TV. Nous proposons également de la publicité sur nos téléviseurs, sur nos écrans d’accueil.
IN : quelle est la place de Samsung sur le marché encore naissant – mais florissant – de la Connected TV (CTV) ?
M.B : nous avons le plus grand ensemble de données déterministes sur la télévision, dans le monde. En Europe, nous comptons plus de 60 millions de téléviseurs connectés. En France, il s’agit d’environ 6 millions de téléviseurs intelligents et adressables, c’est-à-dire des téléviseurs que les annonceurs peuvent utiliser pour toucher leur cible. Avec cette portée, cette échelle et les données uniques dont nous disposons, nous sommes en mesure d’offrir aux marques de meilleures données et un ciblage plus efficace que d’autres acteurs du secteur.
IN : l’écosystème de la CTV est très fragmenté, en termes d’acteurs et de technologies, avec de grandes différences selon les marchés européens… Comment gérez-vous cela ?
M.B : effectivement, le marché est extrêmement fragmenté. Les consommateurs ont tellement d’options pour regarder du contenu, que ce soit la télévision traditionnelle, le streaming ou YouTube… Avec Samsung, étant donné que nous sommes le fabricant du téléviseur, l’expérience du téléspectateur débute dès qu’il allume son téléviseur. Peu importe s’il regarde un contenu linéaire traditionnel ou une application de streaming, nous pouvons voir et comprendre les comportements de visionnage. Nous pouvons donc offrir aux marques et aux agences la possibilité de dépasser cette fragmentation, pour adopter une approche plus holistique. C’est quelque chose que nous pouvons apporter grâce aux données auxquelles nous avons accès. Nous sommes à une période passionnante pour le secteur de la télévision connectée. Nous avons accès à plus de données que jamais auparavant. La mesure devient vraiment plus robuste et plus sophistiquée, les silos sont en train de tomber.
IN : justement, à quels types de données accédez-vous, et comment ?
M.B : nous nous appuyons sur la reconnaissance automatique de contenu (ou ACR), qui fonctionne de la manière suivante : lorsque la télévision est allumée, nous prenons une capture d’écran toutes les 500 millisecondes. Cette capture d’écran est ensuite convertie en une empreinte numérique, c’est-à-dire une chaîne de caractères aléatoires. Nous la comparons à une bibliothèque de contenus pour savoir quelle émission de télévision a été regardée ou quelle publicité a été diffusée. Si nous arrivons à la faire correspondre, alors nous savons ce qui a été regardé sur ce téléviseur. Il est important de souligner que dans tout ce que nous faisons, la confidentialité est au cœur de nos préoccupations. Les utilisateurs doivent avoir consenti à cette collecte de données.
Par ailleurs, nous avons également des données sur nos appareils, comme par exemple, l’âge du téléviseur, les applications utilisées, leur fréquence d’utilisation, les jeux qui sont utilisés ou encore la durée d’utilisation des applications. Nous pouvons utiliser toutes ces données pour alimenter nos algorithmes d’apprentissage automatique. Avec la solution « Smart Outcomes » que nous venons de lancer dans cinq pays européens, nous permettons ainsi aux marques d’optimiser leurs ciblages publicitaires grâce à nos algorithmes, en fonction de leurs objectifs.
IN : les données issues des téléviseurs intéressent de plus en plus d’acteurs – aux Etats-Unis, notamment, Walmart a racheté votre concurrent Vizio pour 2,3 milliards de dollars, dans le but de se renforcer dans le retail média… Comment concilier cela avec le respect de la vie privée des téléspectateurs ?
M.B : nous sommes une marque grand public et nous devons être vraiment très prudents sur la façon dont nous utilisons les données des consommateurs. Donner le choix aux consommateurs est important : nous avons été la première marque de téléviseurs connectés à créer un hub pour la gestion de la confidentialité, au sein duquel les utilisateurs sont en mesure de contrôler exactement comment et quelles données sont utilisées. Nous avons aussi été le premier éditeur de CTV à proposer une CMP (Consent Management Platform). Avec Samsung TV, tout est transparent, et c’est l’une des raisons qui font que les clients continuent à nous choisir. Nous plaçons toujours le consommateur d’abord et les innovations que nous développons visent à proposer de meilleures expériences.