19 février 2018

Temps de lecture : 2 min

Réseaux sociaux : la parole est aux témoins

Les actualités, c’est entendu, ne voyagent pas toutes seules. Dans l’architecture des réseaux sociaux, elles se multiplient tout autant qu’elles se désorganisent. Focus sur ce genre déstructurant qui relaie : un mode d’être-ensemble insistant sur le pouvoir créateur du hasard, de la rencontre, et privilégie la force des témoins pour proposer de l’information.

Les actualités, c’est entendu, ne voyagent pas toutes seules. Dans l’architecture des réseaux sociaux, elles se multiplient tout autant qu’elles se désorganisent. Focus sur ce genre déstructurant qui relaie : un mode d’être-ensemble insistant sur le pouvoir créateur du hasard, de la rencontre et privilégie la force des témoins pour proposer de l’information.

À coup de moments passés sur Twitter, la faculté d’être au courant de ce qu’on ne cherche pas est confondante. C’est le fait d’une actualité qui se consomme en « fils » et en superposition de « témoignages », en prises de positions ou en anecdotes personnelles. La tendance est majeure et pose la question de l’identité des personnes qui racontent l’actualité : quel endroit est digne pour raconter quoi ?

A la recherche du bon témoin

Partager, commenter … par la grâce des réseaux sociaux nous sommes tous investis d’une mission : faire passer la bonne parole. Au moins montrer qu’on « témoigne » d’elle, qu’on se positionne. L’information n’est plus à dénicher ? Non, en multipliant les acteurs dotés de paroles, la tendance est d’abord au « tri » et à la « sélection ». « Cette sélection de la bonne ou mauvaise parole », enseigne Philippe Guibert, ancien directeur d’information au gouvernement, « se fait par communauté et par viralité ». Des éléments qui laissent une place grande au goût, à la subjectivité, c’est-à-dire aux passions. « Sur le digital, on manie moins la nuance », relate d’ailleurs de façon complémentaire Jeanne Bordeau, fondatrice de l’Institut de la Qualité de l’Expression. Un format parfois binaire qui confère à l’expression une certaine autorité. Aussi, la « ville » organisée par les réseaux sociaux a la particularité d’avoir une structure transversale, où les distances sont réduites. Une architecture resserrée qui, chose inédite, donne la légitimité à chacun.e de faire circuler affects, ressentis et mises en perspective des expériences personnelles.

Légitimité de dire « je »

Notons que dans la multiplication de ces points de passage, le nivellement des savoirs s’éloigne de ce qui a longtemps été celui du pouvoir : plus je sais, plus ce que je « dis » fait autorité. La personne numérique tient, quant à elle, sa légitimité dans sa capacité à mettre en récit ses expériences. Ainsi, c’est simplement le fait de donner son avis qui revêt de l’autorité. Une auto-institution en somme.

Pour résumer, c’est la force du « je » qui nous passionne dans ces espaces. Modalité privilégiée des sentiments : « je souffre » ou « j’aime ». Celle qui privilégie les expériences au savoir institué. Pour le dire autrement, le témoignage numérique donne au « je » une légitimité en soi. Celle que nul autre que soi peut contester. Ces éléments participent à nous rappeler que c’est à l’infiniment « vécu » des choses qu’on donne autorité.

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