14 mars 2012

Temps de lecture : 2 min

Quand la musique se réinvente pour survivre

En ces temps de crise, le secteur de la musique est peut être plus touché qu’un autre car déjà affaibli par les problèmes liés au téléchargement illégal. Mais il est peut-être aussi l’un des plus avancés en matière d’innovation. Survie oblige.

Si vous n’allez pas au Live, le Live viendra à vous !

Alors que le monde de la musique galère face au téléchargement et à l’écoute en streaming, les artistes innovent pour survivre (lire à ce sujet l’article de David Byrne paru dans Wired « Survival Strategies for Emerging Artists — and Megastars »). Ils crowdsourcent leur album (comme l’a fait le groupe Kaiser Chief), se rapprochent de leurs fan, vont les chercher chez eux, leur propose de payer ce qu’ils veulent pour l’achat d’un album comme l’a fait avec succès Radiohead pour in Rainbows. Et à l’image d’un Prince qui a décidé de ne plus enregistrer de disque mais de se produire uniquement en concert, certains sortent du business traditionnel pour revenir à l’origine de leur art: le Live. La performance se réinvente.

Des artistes proposent désormais de se produire chez leurs fans. Depuis 2008, les Soirées de poche invitent un groupe à jouer dans un appartement parisien dont l’adresse est tenue secrète. SlowBizz, un réseau social musical ultra-sélectif, permet aux groupies de repérer les artistes talentueux et de les inviter à se rendre chez eux pour une soirée privée. Même système avec Secret Concerts qui propose une sélection de groupes réunis sous le label UntiedArtists, créé pour l’occasion, et qui se veut une renaissance du live.

La musique est une expérience
La musique devient une affaire de défis. Des musiciens stars organisent des lives en dehors des salles de concert: dans un taxi à la façon des BlackCabCessions organisées à Londres par exemple, dans la rue comme le font les Concerts à Emporter ou dans un couloir de métro aux heures de pointe (comme le célèbre violoniste Joshua Bell à New-York en 2007). L’objectif est de créer des émotions et des situations insolites. Chaque « session » devient alors un produit unique, qui est ensuite diffusé sur le web gratuitement. Pour y participer, il aura fallu bien souvent en revanche payer sa place…

D’autres expériences voient le jour et créent de nouvelles associations. TurnTableKitchen est une sorte de Marmiton qui répertorie des recettes de gastronomie et les associe à un morceau. Un couple improbable qui là encore permet de changer son regard. Et après les restos dans le noir, c’est maintenant les concerts qui débarquent : Amadou et Mariam ont donné le premier du genre dans le cadre du festival Eclipse. Enfin, l’été dernier au Festival des Nuits Secrètes, on expérimentait des sortes d’orgies musicales où se mêlaient les groupes que tout sépare pour produire des morceaux live et inédits. Ces derniers étaient ensuite diffusés gratuitement en ligne.

La musique intuitive et collaborative

L’innovation musicale fait également appel à de nouveaux instruments, à la frontière de l’informatique, du design et de la tradition musicale. Bjork et Daft Punk utilisent déjà des instruments électroniques intuitifs qui bouleversent la production parce qu’ils la rendent aléatoire et unique. A Montréal, les designeuses québecoises Mouna Andraos et Melissa Mongiat ont développé en plein centre ville un projet de coopération musicale à mi-chemin entre l’orchestre symphonique et le jeu urbain. Les 21 balançoires qui constituent ce nouvel instrument émettent une note à chaque fois qu’une balançoire en croise une autre. La petite musique des choses. On n’a jamais autant « joué » de la musique…

Alexis Botaya
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