27 mars 2022

Temps de lecture : 3 min

Près de 60 millions d’européens sont soumis à une pollution sonore excessive

Selon une étude publiée cette semaine, près de 60 millions d’européens citadins sont les victimes d’une pollution sonore excessive générée par le trafic automobile. Une atteinte à leur intégrité évidemment préjudiciable pour leur santé.

Des chercheurs du Barcelona Institute for Global health ont évalué le niveau de pollution sonore dans les rues de 749 villes européennes et examiné son impact sur notre santé. Sans grande surprise, le trafic automobile en est la cause principale. Des recherches antérieures ont déjà établi la causalité entre le bruit ambiant et une floppée d’effets néfastes sur notre santé : troubles du sommeil, gêne, maladies cardiovasculaires et métaboliques, résultats défavorables à la naissance, déficience cognitive, mauvaise santé mentale et bien-être, et mortalité prématurée. Le mois dernier, un rapport du PNUE – le Programme des Nations Unies pour l’Environnement – a déclaré que la pollution sonore urbaine était l’une des « principales menaces émergentes pour l’environnement ».

L’exposition à long terme au bruit de la circulation routière peut également provoquer une réaction de stress soutenu, qui se traduit par la libération d’hormones et l’augmentation de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle et de la vasoconstriction, entraînant à terme des maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, la dépression et les troubles anxieux. Les auteurs de l’étude l’affirment : un plus grand respect des directives de l’OMS relatives aux niveaux sonores devrait permettre d’éviter chaque année 3 600 décès dus aux seules maladies cardiaques.

 

 

The cities that never sleep

Pour cette enquête, les données ont été extraites du programme Urban Audit 2018. L’exposition au bruit du trafic routier a été quantifiée à l’aide de cartographies sonores produites par les pays et les villes concernées. Les résultats ont dévoilé que plus de 48 % des 123 millions d’adultes – âgés de 20 ans ou plus – inclus dans l’étude étaient exposés à des niveaux de bruit dépassant le seuil recommandé par l’OMS. Cette recommandation stipule que le niveau sonore moyen enregistré sur une période de 24 heures ne doit pas dépasser 53 décibels. Le pourcentage de la population exposée à des niveaux sonores supérieurs dans les capitales européennes varie de 29,8 % pour Berlin à 86,5 % pour Vienne, en passant par 43,8 % à Madrid ou 60,5 % à Rome. L’étude a également révélé que plus de 11 millions d’adultes se déclarent « très gênés » de manière quotidienne par le bruit du trafic routier.

« Nos résultats fournissent, pour la première fois, une image complète des villes européennes et une compréhension plus claire de la raison pour laquelle le bruit généré par les transports est la deuxième cause environnementale majeure de résultats négatifs pour la santé en Europe occidentale, après les particules en suspension dans l’air », a expliqué le chercheur Sasha Khomenko, auteur principal de l’étude. « Malgré cela, nous sommes convaincus que son véritable impact est beaucoup plus important, car le manque de données à l’échelle des villes limite les effets sur la santé que nous pouvons évaluer ».

 

 

L’auteur principal de l’étude, Mark Nieuwenhuijsen, a déclaré : « La directive européenne sur le sujet a rendu obligatoire la cartographie stratégique du bruit, mais elle n’a pas défini de méthodologie ou de lignes directrices spécifiques, si bien que les résultats ont été mitigés. Les États membres de l’UE disposent d’une méthodologie commune depuis janvier 2019, nous pouvons donc nous attendre à voir des évaluations de l’impact sanitaire du bruit de la circulation beaucoup plus complètes et précises dans les années à venir ».

Action… réaction

Que peuvent faire les villes pour nous en prévenir ? À Paris notamment, le conseil régional d’Île-de-France a créé en 2004 Bruitparif, qui se définit comme étant un centre d’évaluation technique de l’environnement sonore. Le groupe avait été chargé de développer une infrastructure pour surveiller le bruit et, à terme, contribuer à le réduire. L’organisation a trois fonctions principales : rassembler les données relatives à la pollution sonore, les décoder et les rendre faciles à comprendre pour le grand public. Elle contribue également à transmettre ces données aux gouvernements locaux et à élaborer des politiques publiques.

« Tous les types de bruit différents présents dans la ville nous intéressent », a expliqué David Bernfeld, ingénieur acousticien, Bruitparif. « Par exemple, nous mesurons celui des voitures, des avions et des trains, ainsi que celui des quartiers et des zones nocturnes animées ». L’organisation détient actuellement le record du monde Guinness pour avoir le « plus grand réseau de surveillance du bruit urbain » de la planète, avec pas moins de 150 capteurs.

Des politiques couteuses à mettre en œuvre. Selon une étude menée conjointement par le CNB – le Conseil National du Bruit – et l’Ademe – l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie –, la gestion des effets de la pollution sonore en France coûte jusqu’à 156 milliards d’euros chaque année. L’étude précise qu’environ 106 milliards d’euros par an sont dépensés pour faire face aux nuisances sonores causés par les différents types de transport – 52 % de ce coût est dû au trafic routier, 9 % au bruit du trafic aérien et 7 % à celui des trains –. Alors s’il vous plait, pour notre bien commun et celui du portefeuille de Valérie Pécresse, shhh…

 

 

En résumé

Une étude évalue l’impact de la pollution sonore sur notre santé

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