16 mai 2025

Temps de lecture : 2 min

Pourquoi le pape Léon XIV n’aime pas l’intelligence artificielle ?

Tout juste élu, le pape Léon XIV affirme d’emblée ses réserves à l’égard de l’intelligence artificielle. Une prise de position forte qui s’inscrit dans une vision éthique exigeante, attentive aux dangers sociaux, moraux et humains d’une technologie galopante.

À peine nommé à la tête de l’Église catholique, Léon XIV n’a pas attendu pour poser les jalons idéologiques de son pontificat. Dans un discours inaugural commenté par plusieurs médias internationaux, dont Futurism, le souverain pontife a directement exprimé son scepticisme à l’égard de l’intelligence artificielle (IA), qu’il considère comme une menace potentielle pour les fondements de la dignité humaine, de la justice sociale et du travail.

Plus qu’un simple point de vigilance, l’IA semble constituer à ses yeux l’un des grands défis moraux de notre époque. Il affirme notamment que son choix du nom « Léon XIV » s’enracine dans une volonté de renouer avec l’héritage de Léon XIII, auteur en 1891 de l’encyclique Rerum Novarum, texte fondateur de la doctrine sociale de l’Église, rédigé dans le contexte de la première révolution industrielle.

Un pontificat sous le signe de la prudence technologique

Le nouveau pape établit sans détour un parallèle entre les bouleversements provoqués autrefois par la mécanisation industrielle et les mutations aujourd’hui impulsées par l’intelligence artificielle. Dans son allocution, il affirme que cette technologie, si elle n’est pas gouvernée par des principes éthiques stricts, risque d’affaiblir les repères fondamentaux de la société : « De nos jours, l’Église propose à tous le trésor de son enseignement social en réponse à une autre révolution industrielle et aux développements dans le domaine de l’intelligence artificielle, qui posent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail ».

À travers ces mots, Léon XIV positionne clairement l’Église comme gardienne d’un équilibre anthropologique face à une IA qu’il perçoit non comme neutre, mais comme une puissance façonnant potentiellement les rapports sociaux, les structures économiques et les hiérarchies de pouvoir. S’il ne rejette pas entièrement l’innovation, il appelle à la vigilance et met en garde contre une société où les décisions cruciales seraient déléguées à des machines ou à des algorithmes sans responsabilité humaine claire.

Une ligne de continuité avec son prédécesseur

La position de Léon XIV s’inscrit dans une parfaite continuité avec celle du pape François, qui avait lui aussi multiplié les alertes sur les usages non éthiques de l’intelligence artificielle. En juin 2024, lors du sommet du G7 à Borgo Egnazia, François avait consacré une grande partie de son intervention aux dérives potentielles de l’IA. Il y affirmait notamment : « Nous condamnerions l’humanité à un avenir sans espoir si nous lui enlevions la capacité de prendre des décisions sur elle-même et sur sa vie, en la condamnant à dépendre des choix des machines ».

Le pape François appelait déjà à une gouvernance internationale capable de freiner les excès d’automatisation, et plaidait pour une IA au service de l’humain, et non l’inverse. Son message pour la 57e Journée mondiale de la paix, fin 2023, insistait sur l’urgence d’interdire les armes létales autonomes et de maintenir des garde-fous éthiques mondiaux.

Avec Léon XIV, l’Église catholique poursuit donc son positionnement critique à l’égard de l’intelligence artificielle, non par rejet technophobe, mais par attachement à une vision humaniste du progrès. En s’attaquant dès son élection à ce sujet brûlant, le nouveau pape entend faire de l’éthique technologique l’un des piliers de son pontificat. Dans un monde dominé par les géants du numérique, ce contrepoids moral pourrait peser davantage qu’on ne le pense.

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