10 juin 2019

Temps de lecture : 4 min

Pourquoi la campagne pour Les apprentis d’Auteuil fait si bien son travail

Une campagne signée Marcel pour comprendre enfin qui sont Les Apprentis d'Auteuil, institution mal ou peu connue et surtout connotée catho bon chic bon genre... Un très bon travail publlcitaire d'utilité publique, dont l'objectif est d'appeler aux dons suite à un enrayement de 19% de ces derniers, en 2018.

Une campagne signée Marcel pour comprendre enfin qui sont Les Apprentis d’Auteuil, institution mal ou peu connue et surtout connotée catho bon chic bon genre… Un très bon travail publlicitaire d’utilité publique dont l’objectif est d’appeler aux dons suite à un enrayement de 19% de ces derniers, en 2018.

On la connaît de nom, la fondation Les Apprentis d’Auteuil, elle nous dit quelque chose… Les plus calés, catholiques, ou habitants du quartier savent qu’elle s’appelait il n’y a pas si longtemps, Les orphelins d’Auteuil… Mais vous comprendrez, que le terme « Auteuil », fait plus penser à l’irrésistible rap des Inconnus « Auteuil Neuilly Passy » qu’à une œuvre charitable fondée il y a 153 ans tout près de la station Jasmin par l’Abbé Roussel pour abriter les enfants orphelins de guerre…

Les jeunes adultes en souffrance n’intéressent pas le grand public

La fondation constituée à 41% de dons publics et de legs, et pour 59% financée par l’état, reste méconnue du grand public, et pour cause. On s’intéresse moins au sort de jeunes adultes exclus de la société, qu’à celui de très jeunes enfants. On leur pardonne moins, les étiquettes leur collent à la peau, leurs parents les excluent, ils ont souvent été maltraités… C’est un peu comme pour l’adoption: les volontaires préfèrent adopter des nourrissons plutôt que de jeunes enfants avec un passé. « De fait, ces jeunes n’inspirent pas immédiatement la sympathie. Souvent violents, agressifs, c’est seulement au terme de longues relations avec les professeurs, qu’une relation s’installe, et que peut-être nous parvenons à les remettre sur la voie de la réconciliation avec la société, leurs parents, et surtout avec eux-mêmes », explique Céline Viguier ancienne prof qui a enseigné pendant quatre ans à des élèves en perte de repères de 15 à18 ans. Et puis, peut-être aussi parce que son action a grandement évolué entre sa création et aujourd’hui. Difficile d’imaginer en effet que les apprentis d’Auteuil ce sont 27 000 jeunes entre 4 et 18 ans accueillis dans 240 établissements à travers le territoire français, ainsi que 6000 familles qui bénéficient des diverses aides.

Protéger l’enfance : 6560 jeunes confiés chaque année à la fondation

La première mission de cet organisme catholique est en effet de protéger l’enfance, « nous accompagnons 6560 jeunes qui nous ont été confiés par l’assistance sociale, après que le juge pour enfants en a décidé ainsi, soit parce qu’ils ne peuvent plus vivre chez eux car victimes de maltraitance, en grande précarité, ou parce que les parents sont gravement malades et incapables de subvenir à leurs besoins », explique Sophie Odeh, représentante de la fondation. Ces jeunes appelés aussi MNA (mineurs non accompagnés) sont accueillis dans 60 établissements et sont pour partie issus de l’immigration, leur nombre est de 1500 environ chaque année à rejoindre l’institution. « Tous victimes de traumatismes divers, ils bénéficient chez nous d’accompagnements idoines. Psychologues, éducateurs, enseignants médecins, bénévoles souvent en reconversion qui se dédient à ces jeunes», poursuit Sophie Odeh.

Lutter contre le décrochage scolaire

Autre mission de la Fondation: lutter contre le décrochage scolaire pour lequel les dispositifs classiques de l’éducation nationale ne sont pas adaptés. Il s’agit parfois d’accueillir ces jeunes pendant deux mois pour revoir les fondamentaux, les savoirs indispensables, leur redonner goût à l’apprentissage. Des groupes sont constitués par niveaux et non par âge. Puis ils repartent. « Un pari sur l’avenir, commente Céline Viguier, l’espoir que nous avons été utiles  à ces enfants difficiles».

Insertion professionnelle des 15-30 ans

Un troisième volet est dédié à l’insertion des 15-30 ans. « Nous enseignons l’horticulture, l’ébénisterie, et d’autres savoir-faire concrets. Ainsi, la fondation d’Auteuil forme des jeunes aux techniques de la vente pendant 12 semaines, en partenariat avec des centres commerciaux. Il y a la partie théorique enseignée par des eprofessionnels dans des salles de classe attenantes à ces centres commerciaux, suivis de la pratique », note Sophie Odeh. Sachant aussi qu’il existe une formation aux métiers vinicoles, nouvellement mise en place. Ainsi que des boutiques solidaires, des parcs, un restaurant d’application pour les jeunes qui sont en apprentissage, en clair, tout un éco-système mis en place pour redonner confiance à cette population en danger.

Accompagnement des familles

Enfin, quatrième et non des moindres mission de la fondation, l’accompagnement des familles. « Beaucoup de parents sont démunis face à leurs enfants. Nous avons donc créé les maisons des familles à proximité des quartiers prioritaires où nous proposons des ateliers aux parents, tandis que nos collaborateurs gardent leurs plus jeunes enfants», indique Sophie Odeh. Gérer les écrans, orienter les immigrants, permettre de faire des recherches, écouter, parrainer…

Le spot réalisé par Édouard LE SCOUARNEC (LA PAC)

Marcel réalise une campagne juste, forte, informative

Autant de malheurs, d’incompréhension, de violence, de méfiance, de destins à accompagner, transformer, que la campagne conçue par Marcel réussit à mettre en scène avec une grande justesse tant par son contenu explicite, -il n’y a pas que des jeunes de banlieue, ici, mais des fils et filles de famille qui endurent la maltraitance-, comme le montre le premier visuel « Je suis le cassos de service », que par l’émotion sans pathos qui fait prendre conscience de la difficulté de ces filles -« Je suis bonne à rien. Je suis seulement bonne »- et de ces garçons à exister dans notre pays, « Je suis le parasite de votre pays ». Une campagne pour une fondation dont le nom « Les apprentis » est aussi pertinent pour qualifier ses pensionnaires d’un temps, que ses collaborateurs à la vocation mise à rude épreuve.

Les photos réalisées par Aurélien Chauvaud

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