15 septembre 2010

Temps de lecture : 2 min

Pour que Mme Michu tienne tribune dans Wired (part2)

Deuxième évidence, qui comme la première mérite d’être rappelée : le simple volume (écrasant) de papiers, analyses et prédictions dédiées aux sous-disciplines et trends émergents du digital - qu’on pense par exemple à la tonne d’analyses consacrée aux moindres mouvements des Foursquare, Gowalla, Loopt et consorts, sans commune mesure avec la pénétration réelle de ces services auprès du grand public – contribue en lui même à distordre notre perception de la réalité («si on en parle autant, c’est que ca doit déjà être important», ou que ce sera nécessairement «the next big thing»). Par Vincent Balusseau...

Deuxième évidence, qui comme la première mérite d’être rappelée :

le simple volume (écrasant) de papiers, analyses et prédictions dédiées aux sous-disciplines et trends émergents du digital – qu’on pense par exemple à la tonne d’analyses consacrée aux moindres mouvements des Foursquare, Gowalla, Loopt et consorts, sans commune mesure avec la pénétration réelle de ces services auprès du grand public – contribue en lui même à distordre notre perception de la réalité («si on en parle autant, c’est que ca doit déjà être important», ou que ce sera nécessairement «the next big thing»).

Au-delà des évidences, l’écart récurrent entre le discours et la réalité invite à formuler, à défaut d’y répondre, la question qui fâche :
Le digital (et ses applications) est il «autant» un levier de croissance pour les annonceurs qu’il l’est pour les acteurs agences, media, consultants et autres experts ? En tout cas, si ces derniers versent parfois dans la prophétie auto-réalisatrice (du type, «cette année sera l’année du marketing mobile, entendu chaque année depuis 3 ou 4 ans»), ou dans la prophétie qui ne se réalise pas du tout, doivent ils être taxés:
– d’un brin d’ethnocentrisme (finalement une déclinaison du Parisianisme, ce qui n’est pas bien méchant) ? – d’une bonne touche d’optimisme,  nécessaire à tous ceux qui défrichent de nouvelles pratiques et de nouveaux territoires ? – ou d’une farouche volonté pédagogique teintée d’une petite dose d’opportunisme commercial ?

N’ayant  moi-même évité, dans mes activités antérieures,  aucun des trois écueils précédents, je me contenterai d’évoquer quelques thèmes assez significatifs de l’inflation constatée, ici et là, dans les discours:
– La TV sur internet : se multiplient les papiers et prédictions annonçant la montée en puissance des alternatives à la TV broadcast et au câble aux Etats-Unis (là encore, voir par exemple le dernier numéro de Wired US), nous laissant à penser que les Américains abandonnent en masse les grands networks et surtout le câble pour privilégier par exemple Netflix ou Hulu (le fameux «cord-cutting»).
Or il n’en est rien, tant le cord-cutting reste une pratique largement minoritaire. Et Bill Gorman de TV by the numbers de démystifier le discours ambiant et de rappeler dans Fast Company que  « The danger to Broadcast TV isn’t the internet, it’s cable »…position partagée par Bruce Leichtman, de Leichtman Research Group dans le New York Times.
– Le multi-tasking Internet/TV, voire la réduction de la consommation de  télévision au profit d’Internet: une étude Nielsen de Mars 2010, certainement mise à jour depuis, indiquait  ainsi que la pratique du multi-tasking était en hausse aux Etats-Unis (c’était bien sûr le titre du papier)…pour s’établir à trois heures et demi par mois en moyenne en décembre 2009…(autrement dit: pas grand chose).

Et on finira par deux exemples bien de chez nous:

On nous a rabattu les oreilles avec la consommation de TV délinéarisée: celle que pratiquent probablement les lecteurs d’INfluencia, choisissant à la carte les programmes qu’ils veulent voir, quand ils veulent les voir (Prime time is my time, etc etc).…L’Idate, dans son étude de Juin 2010 (Stratégie quadruple-screen des chaînes de TV), vient nous rappeler la dure réalité: celle ci s’élève à 7 minutes par jour en moyenne par individu de 15 ans et plus en France (rien, ou presque).

Idem pour la consommation de contenus sur mobile, «hot topic» s’il en est: quand silicon.fr annonce en fanfare, en titre là encore, que le nombre de consommateurs de contenus Internet sur mobile avait doublé, il faut aller à la fin de l’article pour constater que le « visionnage de programmes TV et vidéo n’est déclaré que par 1% des sondés».

  Par Vincent Balusseau, ancien Directeur général de Première Heure, et aujourd’hui doctorant en Sciences de gestion

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