27 novembre 2023

Temps de lecture : 3 min

Pour que l’intelligence ne « sèche » jamais.

« Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. Tandis que les autres croient savoir ce qu’ils ne savent pas », Socrate. Alors qu’on a toujours placé l’Humain comme l’être supérieur et le plus intelligent de la terre, comment se fait-il qu’il ne semble pas apprendre de ses erreurs ? Devenant chaque jour un peu plus « con », pardonnez-nous l’expression. Un article de Céline Chouéri et Laure Bonnaud-Ponticelli à retrouver dans la revue 44 d’INFluencia.

Dans la mêlée tumultueuse de notre époque, l’Ignorance (avec un grand I) émerge comme LA menace universelle qui risque d’asservir notre intelligence, et mettre aux oubliettes notre « mémoire collective ». 

Preuve en est, cette méconnaissance, voire cette manipulation de notre passé, jette des ombres sur des conflits comme celui au Moyen-Orient par exemple et exacerbe les tensions humaines. Comment est-il possible qu’en 2023, on entende à nouveau en France « mort aux juifs », ou encore aux États-Unis «Ben Laden avait raison d’attaquer les États-Unis » ou bien supporter des politiques, comme le nouveau président argentin Javier Milei qui envisage de supprimer (comme si de rien n’était) le ministère de l’éducation, de la culture ou encore celui du droit des femmes… Poussant certains (convertis) à finalement oublier leur propre histoire, en s’appropriant de nouveaux modèles d’influence.

Or, la mémoire collective, sa protection et sa transmission, est un accélérateur d’apprentissage dans notre société. Mais elle est aussi et surtout constitutive de repères essentiels pour construire l’individu, comme le collectif. De manière analogue, en négligeant (ou en interdisant) la transmission de l’histoire, on risque de répéter indéfiniment les erreurs passées, les mêmes schémas destructeurs. 

Dans un monde où il devient difficile d’avoir de la nuance, le « je me souviens », la mémoire collective et la transmission sont les remparts pour construire un avenir plus éclairé et assurer notre « survie » ; un avenir qui sera sans doute empreint davantage d’intelligence et de progrès. En effet, l’ouverture d’esprit et l’acceptation (compréhension) de la différence permettent la véritable adaptation environnementale et relationnelle.

Un exemple éloquent, dans le monde du vivant, réside dans le comportement du poulpe. Doté d’une intelligence exceptionnelle, il se heurte à une limite cruciale : son incapacité à transmettre à ses « descendants » son savoir acquis. Sans cette « mémoire » partagée, le poulpe recommence inlassablement de zéro, incapable de capitaliser sur ses erreurs et les succès de ses prédécesseurs. Mais aussi, par sa vie de nature solitaire (vs. l’homme censé vivre en société) qui l’empêche d’apprendre de ses congénères. Seul donc sur son territoire, il n’a que sa propre survie à assurer, en adoptant des stratégies comportementales, qu’il teste seul et sans conséquence sur autrui. Pour autant, même s’il est solitaire, il accepte de rentrer en contact et en communication, dans son propre environnement, avec un être différent de lui, comme il a été montré dans le documentaire « My Octopus Teacher », au titre évocateur… Mais cette communication n’a été possible que parce qu’il y a eu curiosité et respect réciproques ; une forme de création de souvenir « commun ». Comparativement au poulpe, nous avons en tant qu’êtres humains, la chance de bénéficier d’une grande diversité de savoirs et de pensées, que l’on se doit de préserver comme l’accès à la culture et le droit à l’information, pour les inscrire, enfin, dans la mémoire collective. 

Car une chose est certaine, notre devoir à toutes et tous est de s’informer pour mieux penser.

 

Pour le poulpe, l’inconnu n’est pas un danger.

Comme le disait Théodore Monod, « si le poulpe avait un cycle de vie plus long, il aurait surpassé l’homme ». En effet, la pieuvre (autre nom donné au poulpe par Victor Hugo lors d’un entretien ) a une durée de vie qui n’excède pas trois ans et les femelles, comme les mâles, meurent après la reproduction. Les jeunes éclos, après une phase de vie libre, se retrouvent sur un territoire qu’ils occupent seuls. Et qu’ils défendent vis-à-vis des autres congénères. Ils apprennent seuls à se nourrir et à se défendre des prédateurs. Une des stratégies de défense est le camouflage qui leur permet d’être invisibles dans l’environnement. Ils ont la capacité de changer de couleurs extrêmement rapidement en fonction des situations. Sans oublier, lorsqu’ils se sentent agressés, leur capacité à éjecter de l’encre qui leur sert à la fois d’écran pour disparaître et de répulsif contre les prédateurs (plus efficace que le pire des parfums chez Sephora). D’ailleurs, tous leurs comportements sont guidés visuellement, que cela soit dans l’observation des proies ou les motifs corporels qu’ils arborent. Seul l’appel de la reproduction les pousse à aller à la rencontre des leurs. Mais ils ne dédaignent pas d’entrer en contact avec l’homme, si celui-ci ne se révèle pas être un danger. Il apprend prudemment à faire confiance, en utilisant ses sens ; non seulement la vision mais aussi le toucher et le goût par l’intermédiaire de ses ventouses. 

Enfin, il faut l’intégrer, les comportements des poulpes ne sont pas biaisés par des aprioris. En effet, n’ayant pas de mémoire, ni de moyen de transmettre des schémas stéréotypés (positifs ou négatifs), ils ne peuvent donc pas développer une pensée ou répondre à des impératifs moraux… 

 

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