9 avril 2018

Temps de lecture : 3 min

Pinterest : the place to be

Les Américains et les Brésiliens ne sont plus les seuls à « shopper » sur Pinterest. Il est désormais possible d’y acheter des articles de mode, ou de déco en Europe et au Japon.

Les Américains et les Brésiliens ne sont plus les seuls à « shopper » sur Pinterest. Il est désormais possible d’y acheter des articles de mode, ou de déco en Europe et au Japon.

En France, « Shop the look » fonctionnalité de recommandations shopping du réseau social signe pour la mode une exclusivité avec le magazine Glamour et la collaboration du site Zalando. En décoration intérieure c’est Maison du Monde qui se lance dans le grand bain. Retour sur un conte de fées moderne qui commence avec une étrange histoire de papillons…Lentement mais sûrement -il y a maintenant sept ans que Ben Silbermann, Evan Sharp et Paul Sciarra créaient Pinterest- le réseau de toutes les passions, de tous les centres d’intérêt, disons-le clairement, de toutes les névroses qui nous habitent, est devenu the place to collect, to expose, to share.

La grande force de Pinterest, en somme car la plateforme fait appel à ce qu’il y a de plus enfantin en nous, utilisateurs, « la passion de la collection, de l’accumulation qui naît entre 7 et 12 ans », note Maurice Trojman psychanalyste, « et qui permet d’échanger, de monnayer, de grandir, de se socialiser ». En effet, qui n’a pas eu sa kyrielle de petits soldats, ses images Hello Kitty, son album de timbres, son tas de cartes Pokemon, à échanger dans les cours de récré… Qui ne s’est pas passionné pour les Dinky Toys, les Barbies… les pin’s. Pinterest est un lieu où les collectionneurs adultes au cœur d’enfant se retrouvent donc aujourd’hui au nombre de 175 millions d’utilisateurs actifs mensuels grâce à un amoureux de papillons, Ben Silbermann qui cherchait une manière de ranger ses images d’insectes…. et à un architecte, Evan Sharp qui l’a aidé a construire un bien bel album géant…

Pinterest c’est l’inspiration, l’esthétique, le partage

Si l’histoire de la naissance de Pinterest (légèrement romancée) est belle et improbable. La suite l’est tout autant. Contrairement à certains de ses concurrents, Pinterest passe quatre années à recruter des utilisateurs, à lever des fonds (dernière levée de fonds en date auprès d’investisseurs privés, l’an dernier avec 150 millions de dollars), à faire travailler des centaines de salariés et à gagner zéro revenus… C’est en 2012 que l’audience de Pinterest décolle plus rapidement que celles de Facebook et de Twitter à leurs débuts pour atteindre en 2016 les 100 millions d’utilisateurs mensuels actifs. « Un engouement, explique Jacques-Edouard Duffour président de M&C Saatchi.ONE. agence de communication digitale, lié à la philosophie et à l’engagement de la plateforme. L’élégance, la qualité, l’inspiration sont les mots clés de Pinterest. L’utilisateur est chez lui dans cet univers ordonné ».

Reste qu’il faut songer à la monétisation de cette start-up sans modèle économique viable. Seul un outil de mesure rendra possible le commerce sur le réseau aux mille centres d’intérêts. Il y a bien quelques marques qui « squattent chez Pinterest », dès 2013 pour tester l’efficacité de celle-ci, comme Gap, Patagonia ou Dell, mais rien de contractuel. « Les marques ont du mal à comprendre que ce sont elles qui doivent se plier à la plateforme et non l’inverse », analyse Sophie Turpaud spécialiste en veille marketing des réseaux sociaux, « il y a des règles à respecter, visuelles et techniques, et puis surtout, sur Pinterest on ne glose pas, on offre à voir ».

85% de femmes CSP+, consommatrices potentielles

Alors drôle d’endroit pour une rencontre ? Pas tant que cela depuis que celle qui aime à se définir comme étant « un moteur de recherche d’inspiration » possède son outil de mesure Pinterest Web Analytics, et que les marques voient, graphiques à l’appui, leurs pins partagés, le trafic augmenter, le nombre d’interactions croître entre les membres et leurs produits… ENFIN. Car comme le souligne Jacques-Edouard Duffour, « Après avoir compris que Pinterest drainait une population à 85% féminine, CSP+, en continuelle recherche d’idées mode, déco, voyages, cuisine, des utilisatrices qui se marient, ont des bébés, décorent leur maison, achètent une voiture et sont donc des clientes potentielles, les marques ont fini par se lancer ». Même si c’est loin d’être le graal. Une centaine de marques sont aujourd’hui recensées sur Pinterest hors sol américain. Les plus importantes, Glamour avec Zalando, Maison du Monde et cinq influenceuses : Comme un camion, The Brunette, Alex Closet, l’Atelier d’Al et Mode in the city qui toutes ont conçu un tableau Pinterest.

Ne reste plus pour le dixième réseau social mondial désormais valorisé à plus de 12 milliards de dollars qu’à poursuivre sur ce trend et un jour, bientôt, introduire de la belle publicité non intrusive pour ne pas offusquer ces intentionnistes, clients qui s’ignorent et qui voyagent la tête dans leurs collections d’images épinglées…Point trop d’impatience, Pinterest va piano, va sano et va lontano.

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