29 juin 2011

Temps de lecture : 5 min

Petit argumentaire sarko-optimisme ou pourquoi Nicolas Sarkozy pourrait être réélu

Rien n’y fait. Ni une côte de popularité historiquement basse. Ni des sondages invariablement défavorables. Nicolas Sarkozy y croit. Ou s’il doute, il donne tous les signes d’une inébranlable confiance dans sa réélection…

Qui sera le candidat du PS? Faut-il s’attendre à des surprises du côté de l’UMP? Et qui sera le troisième homme (ou la troisième femme) de la campagne? Chaque semaine, retrouvez les moments forts de la campagne des présidentielles.

Un tel «sarko-optimisme» pourrait laisser songeur. Il est, au contraire, largement partagé par les Français qui croient -très majoritairement- que le président sortant l’emportera en 2012. Cette conviction ne tient pas seulement à l’assurance dont fait preuve N. Sarkozy, ni même aux incertitudes qui planent sur l’identité de son futur adversaire socialiste.
La croyance en la réélection de Nicolas Sarkozy se nourrit d’arguments martelés depuis quelque temps par le président et les leaders de la majorité. Certains, comme l’absence de fiabilité des sondages ou la bonne gestion présidentielle de la crise de 2008, sont désormais dans tous les esprits. D’autres arguments, sur le bilan ou l’absence de candidat alternatif à droite, sont en revanche plus contestés.

Sur les enquêtes d’opinion

• «Les sondages se trompent systématiquement»

C’est l’argument massue des partisans de Nicolas Sarkozy: les candidats donnés gagnants plusieurs mois avant le scrutin ont perdu l’élection. Giscard, Balladur, Jospin, Royal… Tous battus contre l’avis des sondeurs et des médias! Que le passé ne soit pas condamné à se répéter d’une élection à l’autre ne trouble pas les esprits. La régularité observée est devenue scientifique et l’argument unanimement partagé. Plus prudent, Claude Géant estime, sans grand risque, que les courbes remonteront et commenceront à refléter la réalité peu de temps avant le vote.

• «Une présidentielles n’est pas un concours de popularité»

A tous ceux qui, comme les journalistes, soulignent que la réélection d’un président aussi impopulaire constituerait un cas d’école, Claude Guéant monte là encore au créneau pour expliquer au JDD que «2012 n’est pas un concours de popularité» et que les Français choisiront le candidat le plus crédible. Formulé tel quel, l’argument est effectivement difficilement réfutable. Et puis, là encore, nous sommes à plusieurs mois de l’élection. François Mitterrand et Jacques Chirac, bien qu’ayant connu eux aussi, à un moment ou à un autre, les abysses de l’impopularité, ont été réélus.

Sur le bilan

• «La crise a été bien gérée»

Nicolas Sarkozy en est lui-même convaincu, la crédibilité acquise pendant la crise est un atout pour sa réélection. Lorsqu’il affirme en parlant de la campagne à venir qu’il «la sent bien», il explique que les Français regardent la façon dont leurs dirigeants se comportent dans la difficulté. Or le président ne cesse de répéter que la France s’est plutôt bien sortie de «l’une des crises les plus graves que le monde ait connu», ce que tous ses proches (notamment, Henry Guaino) attribuent à la combativité présidentielle dans les périodes mouvementées. Un argument également utilisé pour les périodes de campagne et qui pourrait bien s’avérer à nouveau utile si survenait une nouvelle crise.

• «Le bilan est globalement bon» (et de toute façon, personne n’en a rien à faire)

La défense du bilan de Nicolas Sarkozy s’inscrit dans ce contexte de crise qui n’a pas empêché la France de mener à bien des réformes considérées comme impossibles: le sauvetage du système des retraites, le service minimum dans les transports, la modernisation des universités ou encore le Grenelle de l’environnement. Ce discours largement relayé par l’UMP, et notamment par Jean-François Copé, a le mérite, comme le souligne la journaliste Raphaëlle Bacqué, d’être mis à crédit par le noyau dur de l’électorat traditionnel de Nicolas Sarkozy. En coulisse, le discours des partisans du président est plus simple: une élection ne se gagne jamais sur un bilan. Sans quoi Lionel Jospin aurait été vainqueur en 2002 et Jacques Chirac n’aurait jamais été réélu. CQFD.

Sur Nicolas Sarkozy

• «C’est une bête de campagne»

Nicolas Sarkozy n’est officiellement pas entré en campagne. Même si celle-ci promet d’être courte, c’est pendant cette période de conquête que le candidat mettra à profit un talent que, pour le coup, personne ne lui conteste. Ni les media, ni les experts politiques comme Paul Bacot, de Sciences politiques Lyon, qui voit en «Sarkozy une bête de campagne qui peut trouver en lui les ressources, politiques ou extrapolitiques, pour remonter la pente». L’argument peut difficilement être repris officiellement mais il est de nature à réconforter les militants UMP.

• «Il a changé»

Fini le temps du président bling-bling et omniprésent! «Apaisé», «plus serein», «moins dispersé et éruptif», «remisant sa vie privée au placard» (dixit le témoignage de ses proches recueilli par Libération), il a pris ses distances et acquis de la hauteur. En un mot, il est enfin en voie de présidentialisation. Son nouveau positionnement: l’avenir et international. Le seul adversaire qui aurait éventuellement pu lui disputer ce créneau, DSK, est hors jeu. Certes, il faudra bien à nouveau traiter de questions plus triviales et entrer en campagne. Comment se passera cette nouvelle transition? Le problème n’est pas à l’ordre du jour.

• «Il est le seul candidat crédible dans son camp»

A l’UMP et à droite en général, le problème de la division n’existe tout simplement pas. Aussi bas dans les sondages soit-il -et en dépit des mauvais résultats des régionales et des cantonales-, Nicolas Sarkozy est le chef incontesté et le candidat unique. Le candidat alternatif le plus dangereux, François Fillon, n’a-t-il pas déclaré en mars dernier: «toute autre candidature serait une candidature de division qui ouvrirait un boulevard à la gauche (…) Non seulement il est le seul, mais il est le meilleur candidat possible. C’est lui qui rassemble le plus largement possible la majorité. Et il pourra faire campagne sur la crédibilité». Difficile d’être plus clair.

Sur la concurrence

• «La primaire socialiste est une machine à perdre»

Pour les sarkozystes, la primaire laissera des plaies que le PS sera dans l’incapacité de panser suffisamment vite. Vu de la droite, c’est une guerre éprouvante qui est en marche, un «match des ego» qui se transformera inévitablement en pugilat. Ainsi que le note un bloggeur, «la gauche, en général, souffre d’un mal étrange qui fait qu’elle a un souci avec le «culte du chef». C’est-à-dire que, soit elle ne veut pas de chef, comme chez les Verts, soit tout le monde veut être le chef, et ça divise, comme au PS». Un autre atout de taille pour Nicolas Sarkozy.

• «Les centristes sont un faux problème»

Jean-Louis Borloo? Jean-François Copé sait manier la carotte et le bâton. D’un côté il exhorte le président du Parti radical à ne pas prendre la responsabilité historique de provoquer un «21 avril à l’envers». De l’autre, il rappelle que l’ancien ministre d’Etat a assumé la politique des gouvernements Fillon. Quant à Hervé Morin et François Bayrou, les sarkozystes ont beau jeu de souligner qu’ils ne décollent pas et qu’ils sont dans l’incapacité de s’entendre. Même constat pour Dominique de Villepin dont le discours est jugé inaudible et la candidature incapable de réunir les fameuses cinq cent signatures. Des arguments qui n’ont qu’un mérite: celui d’être pertinents… pour l’instant.

• «Marine Le Pen est un leurre»

Pour Claude Guéant, Marine Le Pen est «un leurre» que Nicolas Sarkozy sera en mesure de contrer comme il a contré son père en 2007. Pour y parvenir, le futur candidat pourra compter sur ses lieutenants, dont Claude Guéant lui-même, Brice Hortefeux et son conseiller Patrick Buisson. Claude Guéant parie sur la lucidité des électeurs tentés par l’extrême droite qui s’apercevront de l’aberration des propositions frontistes et des catastrophes économiques qu’elles provoqueraient. Un argument largement repris depuis.

Franck Gintrand / lefilrougedelopinion.com

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