31 mai 2023

Temps de lecture : 2 min

“Nous montrons aux entreprises que nous pouvons générer beaucoup de profits sans croissance », Christopher Guérin, (Nexans)

Directeur général du groupe Nexans depuis juillet 2018, Christopher Guérin a transformé radicalement cette société spécialiste de l’électrification et par extension, grande utilisatrice de cuivre, créée en 1872. Lors de l’événement ChangeNow à Paris, il présentait  lors d’une table-ronde sur la décroissance son modèle à la fois à contre-courant et précurseur, entre sobriété et circularité… Une philosophie précieuse qu’il a expliquée également dans son ouvrage « Pour aller dans le bon sens« . Le plus compliqué? Expliquer aux analystes financiers que Nexans peut générer des profits sans réaliser de croissance en volume…

« pendant la pandémie, notre empreinte carbone a chuté de 20%, de manière subie. Chez Nexans, nous nous sommes demandé comment faire plus vertueux et aujourd’hui, nous sommes à -30%, par rapport à 2019 »

En quatre ans, nous avons réussi à multiplier par quatre les profits, sans croissance. Nous avons une croissance en valeur, mais pas en volume et cela gêne beaucoup d’analystes financiers,” expliquait Christopher Guérin sur la scène de ChangeNow

Pour redresser cette entreprise en difficulté à la fin des années 2010, celui-ci a pris des mesures radicales. Il a notamment décidé de se séparer de 13 000 clients sur 17 000, pour se concentrer sur les 4 000 les plus rentables, mais aussi les mieux-disant écologiques. Toutes les ventes à plus de 800km de distance des centres de production ont également été stoppées, afin de « basculer les usines en circuits courts« .

Une empreinte carbone réduite de 30% par rapport à 2019

« Nous nous sommes servis du Covid comme d’une opportunité pour aller plus loin encore » résume-t-il, en expliquant : « pendant la pandémie, notre empreinte carbone a chuté de 20%, de manière subie. On s’est demandé comment on pouvait en faire quelque chose de vertueux et aujourd’hui, nous sommes à -30%, par rapport à 2019”. 

Cette évolution est passée par un changement de vision et d’objectifs pour chaque entité du groupe. « Nous avons des objectifs de profitabilité et des objectifs environnementaux. On explique aux analystes qu’on va les atteindre, mais sans croissance volumique, ce qui dérange beaucoup à l’heure actuelle », regrette Christopher Guérin.

Concrètement, chaque centre de production reçoit chaque année à la fois un objectif de profitabilité et un quota d’émissions carbone, qui diminue de 10% chaque année, au minimum. « Dans ce cas, pas de miracle, vous êtes obligé de repenser votre modèle. Finalement chaque usine choisit les clients et les produits qui correspondent et qui permettent d’atteindre ce double objectif« . 

Vers un modèle circulaire

Le CEO de Nexans souligne aussi, que, contrairement à d’autres acteurs industriels, son groupe n’a pas externalisé le sujet en revendant ses activités les plus polluantes à d’autres acteurs : « nous avons remplacé, réduit notre production et changé notre outil de production. »

nous avons la chance – ce qui n’est pas le cas de toutes les entreprises – de travailler avec une matière recyclable à l’infini : le cuivre.

La mutation de Nexans ne passe pas uniquement par de nouveaux objectifs et une réorganisation de l’entreprise : les clients sont aussi mobilisés et incités à changer leurs pratiques : « nous avons la chance – ce qui n’est pas le cas de toutes les entreprises – de travailler avec une matière recyclable à l’infini : le cuivre. On fait passer à nos clients le message qu’il va y avoir une pénurie et qu’on ne servira à l’avenir que ceux qui sont dans une logique d’économie circulaire, en nous renvoyant tout simplement leurs déchets ».

Plus largement, Christopher Guérin entend convaincre d’autres dirigeants d’adopter ses principes de sobriété et de circularité : il vient de créer avec HEC une chaire intitulée “Orchestrating sustainable business transformation“ et vient de publier sa recette dans un livre intitulé « Pour aller dans le bon sens ». “Nous montrons aux entreprises que nous pouvons générer beaucoup de profits sans croissance » martèle-t-il.

En résumé

E3, pour Économie, Environnement et Engagement

Le monde change. Le monde est désormais en permacrise. Aucun modèle de management ne propose de solution pour faire face aux nouveaux défis du xxie siècle.
Aucun ? Pas tout à fait. En voici un : l’E3 de Christopher Guérin, directeur général du groupe Nexans depuis juillet 2018. Ce nouveau modèle pour un monde en permacrise, éloge de la rentabilité par la sobriété, permet de concilier des injonctions paradoxales – croissance / environnement /social – pour assurer les profits sans croissance.
E3, pour Économie, Environnement et Engagement, est le modèle qui parvient enfin à faire converger l’ensemble de ces notions toujours cloisonnées. Il a permis à Nexans de placer la question climatique au cœur de sa stratégie pour favoriser la course à la création de valeur et refaire de ce groupe un fleuron de l’industrie française rayonnant à travers le monde. En quatre ans, Nexans a quadruplé sa capitalisation boursière et multiplié par deux sa rentabilité, sans s’appuyer sur la croissance volumique ni plan social, tout en réduisant son empreinte carbone de – 28%.

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