13 janvier 2010

Temps de lecture : 2 min

Miss extime

Kelly Bochenko est celle par laquelle le scandale arrive... encore. Mais Madame de Fontenay a beau manger son chapeau, les Miss ne seront plus jamais vues comme avant. Les déballages récurrents autour de Miss Paris et des Miss France son assez révélateurs d'un bouleversement des notions d'intime et de nudité dans nos civilisations à l'ère du digital. Par Thomas Jamet...

Kelly Bochenko est celle par laquelle le scandale arrive… encore. Mais Madame de Fontenay a beau manger son chapeau, les Miss ne seront plus jamais vues comme avant. Les déballages récurrents autour de Miss Paris et des Miss France son assez révélateurs d’un bouleversement des notions d’intime et de nudité dans nos civilisations à l’ère du digital.

Tous les ans, c’est devenu une tradition : pas une élection de Miss France sans qu’un magazine ou un site internet à scandale ne dévoile des sessions photos « hot » des candidates ou de la lauréate… Ces scandales à répétition sont un pied-de-nez à la pudibonderie de Madame de Fontenay et paradoxalement un formidable coup de pub pour le programme. Mais au-delà de la polémique, c’est une véritable tendance qui est en jeu : à l’ère d’Internet, le scandale ne sera jamais loin… car le rapport à la nudité s’est transformé. Celui-ci a en effet évolué dans nos sociétés en ce sens qu’il n’est plus maîtrisable : les écrans qui nous entourent pouvant produire une pornographie quotidienne qui se retrouve un jour sur la toile pour l’éternité.

Un des phénomènes les plus marquants de ces derniers mois est l’apparition du « sexting », caractérisant ces adolescents qui s’échangent des photos d’eux dans le plus simple appareil sans penser aux conséquences. Cette tendance mondiale illustre bien le phénomène digital : liberté, immédiateté, émotion, communication… et en même temps danger de l’immaîtrise. Mais ne jetons pas l’opprobre sur des nouvelles technologies malsaines qui n’apporteraient que débauche et perversion. Certes il y a beaucoup d’imprudence, des dangers réels et des préjudices avérés, mais avec le digital, c’est tout le concept de nudité qui semble connaître une nouvelle acception.

Un phénomène qui rappelle un néologisme formulé par Jacques Lacan : « l’extime ». Même si ce terme signifiait autre chose sous la plume du psychanalyste, ce mot caractérise parfaitement ce qui est en jeu : l’extériorisation toujours plus intense de l’intimité, notamment via des réseaux sociaux comme Facebook. La mise en scène de soi devient naturelle, normale et logique, y compris dans certains cas dans son plus simple appareil. Pas étonnant dès lors que bon nombre de stars construisent leur notoriété ou leur promotion sur des sextapes ou des sessions photos chaudes, de Paris Hilton à Lenny Kravitz. Le phénomène de la récurrence de la nudité des stars et de sa fascination nous rappelle qu’au XVIIIe siècle, assister au bain du roi et observer sa nudité était un privilège…

La nudité redeviendrait-elle un marqueur social positif ? Le digital induirait-il de se mettre à nu ? Rappelons que le terme « digital » signifie « toucher » autant que « numérique », et qu’il est évident que le monde est en train de changer sous l’impulsion d’une révolution qui touche à présent à notre extimité…

  Thomas Jamet est directeur général adjoint de Reload, structure de planning stratégique, d’études et d’expertise de Vivaki (Publicis).
thomas.jamet@reload-vivaki.com

Vidéo: « Sexting » could land kids in trouble with the law

 

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