30 juin 2009

Temps de lecture : 2 min

Michael Jackson ou la théophanie digitale

Google a d'abord cru à une attaque de grande ampleur. « Nous sommes désolés... Votre requête ressemble étrangement à des requêtes automatisées provenant d'un virus informatique ou d'une application de type spyware. Nous devons protéger avant tout nos utilisateurs et ne pouvons la traiter pour l'instant ».

Google a d’abord cru à une attaque de grande ampleur. « Nous sommes désolés… Votre requête ressemble étrangement à des requêtes automatisées provenant d’un virus informatique ou d’une application de type spyware. Nous devons protéger avant tout nos utilisateurs et ne pouvons la traiter pour l’instant ». Le système n’a pas cru à la nouvelle. Entre 14h40 et 15h15 (heure du pacifique), Google s’est protégé. Mais Michael Jackson n’était pourtant déjà plus… et a presque failli emporter la toile dans sa tombe.
Les chiffres sont assez impressionnants pour que Google classe la requête « volcanique » (la classification la plus « chaude »). Aux Etats-Unis la page d’accueil de Yahoo ! News a enregistré un nombre record de visiteurs le 26 juin (16,4 millions), surpassant ainsi le record précédent (15,1 millions) atteint la journée de l’élection présidentielle en novembre 2008. Quant à Twitter, le site a vu doubler le nombre d’updates, jusqu’ à 5000 messages à la minute faisant référence au King Of Pop. Ce 26 juin fut donc un jour à marquer d’une pierre blanche pour les media. Un changement de paradigme en live, enfonçant CNN et la diffusion traditionnelle de l’information.
Le 27 juin Métro France titrait « Michael Jackson serait mort » alors que le monde le savait déjà via les réseaux sociaux. Le décès de Michael Jackson représente un triple marqueur de notre époque : marqueur médiatique, calant un nouveau record qui devra être dépassé, marqueur générationnel évidemment, pour les enfants des 70’s et des 80’s, mais aussi un véritable marqueur civilisationnel.
Nous avons en effet vécu un moment d’accélération. La civilisation du « live » créée par la diffusion en instantané de l’information via les nouvelles technologies a atteint un cap. Jamais le monde n’avait encore connula même chose au même moment de façon aussi intense. Une anticipation de la mondialisation de l’esprit. Un moment qui rappelle les travaux du jésuite et mystique Teilhard de Chardin sur la noosphere. La noosphere peut être décrite comme « le lieu de l’agrégation de l’ensemble des pensées, des consciences et des idées produites par l’humanité à chaque instant ».
Pensée par toutes les civilisations, ce mythe d’une intelligence collective située quelque part au-dessus de notre planète, comme une « extelligence » en formation, un partage cérébral, a quelque part pris forme sous nos yeux ce 26 juin 2009. Le rassemblement au même moment, la mobilisation de l’émotion et de l’intelligence disponible (qui sera encore plus visible lors des funérailles 2.0 qui ne manqueront pas d’être organisées) le prouveront : l’information, mais au-delà l’émotion, ont été mutualisées, partagées, diffusées comme si un seul et même organisme vivait cette émotion.
Le site Billie Tweets propose même un hommage extrayant des tweets et reconstituant les paroles de la chanson mythique Billie Jean en faisant apparaître les paroles de «Billie Jean» sous forme de micro-messages. La première émotion d’un organisme en formation…
Le digital annonce l’émergence d’un nouveau monde. On le savait déjà. Mais Michael Jackson aurait-il annoncé la théophanie digitale ?

 Variation pop autour d’un thème…. Chaque semaine, Thomas Jamet déniche dans la culture contemporaine tout ce qui résonne avec l’époque. Thomas Jamet est directeur général adjoint de Reload, structure de planning stratégique, d’études et d’expertise de Vivaki (Publicis).

 

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