30 mars 2020

Temps de lecture : 4 min

Médias, politiques : confiance malingre chez les Français

Si confiance + français face aux institutions gouvernantes n’ont jamais fait bon ménage, la crise actuelle qui s’étend à l’échelle mondiale ne fait que renforcer le divorce. Pour mesurer la défiance française prise dans l’étau d’un paysage médiatique infesté de fake news et de prises de paroles politiques toutes aussi amatrices, l’agence Elan Edelman dévoile son compte rendu d’enquête. Un trust Barometer mondial peu réjouissant.

Si confiance + français face aux institutions gouvernantes n’ont jamais fait bon ménage, la crise actuelle qui s’étend à l’échelle mondiale ne fait que renforcer le divorce. Pour mesurer la défiance française prise dans l’étau d’un paysage médiatique infesté de fake news et de prises de paroles politiques toutes aussi amatrices, l’agence Elan Edelman dévoile son compte rendu d’enquête. Un trust Barometer mondial peu réjouissant.

Dans son rapport spécial Trust and the Coronavirus du Trust Barometer Edelman 2020, l’agence révèle une corrélation flagrante du rapport de confiance entre gouvernement et citoyens avec l’évolution de la crise du Covid-19. En multipliant les prises de décisions concrètes et soucieuses du bien-être de chacun, le gouvernement semble marquer des points. En terres médiatiques cependant, c’est le chaos. Perdus dans une masse d’information circulant librement sans réelle preuve de véracité, les citoyens doutent, et pas qu’en France. Pour sonder le paysage mondial, l’étude s’est attardé sur 10 pays touchés : Brésil, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Afrique du Sud, Angleterre, Corée du Sud et Etats-Unis. Au global, 70% des citoyens suivent les infos circulant sur internet en rapport avec le Covid-19 au moins une fois par jour (vs 56% des citoyens français)

Comme pris au piège entre des discours d’État bancals et un relai médiatiques sclérosé par le mensonge, la méfiance est au goût du jour chez les Français. Résultat des courses, 76 % d’entre eux  se disent inquiets face aux fake news qu’ils pourraient eux-mêmes relayer sans le savoir. 37% peinent à trouver des informations qu’ils qualifieraient de justes et fiables concernant le Coronavirus. Un cours de fact-checking devrait-il s’imposer pour tous ? En attendant, ils sont 83% à penser que l’on devrait donner plus amplement la parole aux scientifiques et moins aux politiciens. Pourquoi ? Tout simplement parce que qui dit politique dit stratégique. Nombreux sont ceux a orienter leur discours  en leur faveur. Une manipulation qui ne fait aucun doute pour 61% des Français.

Les médias tradis ont le vent en poupe

Pour l’ensemble des pays, ce sont les médias traditionnels vers lesquels il est préférable de se tourner. A tort ou à raison, 52% des français, vs 64% au global, choisissent les gros titres en temps de crise. Les sources provenant directement du gouvernement raflent tout de même la deuxième place pour 45% des sondés français, suivis par les réseaux sociaux avec un petit 21%, méfiant mais flemmard, vs 44 % de moyenne pour tous les marchés.

Bref, catastrophe. Et pour le digital et ses plateformes sociales, s’il est globalement boudé, il reste une affaire générationnelle. Là où les 55 ans et + ne sont que 10% à aller sonder les réseaux sociaux pour obtenir des informations sur le Covid-19, ils sont plus de 40% chez les 18-34 ans ! Idem pour les médias traditionnels, ils sont 60% chez les 55 ans et +, vs 40% chez les jeunes.

Discours public discours poubelle ?

Au-delà des médias, on observe également un fort scepticisme à l’égard du discours public en France, quelques jours avant les annonces de mesures de confinement. Cet état de la confiance dans les médias en France est assez explicite. Les Français récompensent l’effort accompli par les médias nationaux qui ont choisi de porter une information factuelle et renseignée, et qui ont su donner la parole à des voix crédibles. De très loin, les experts scientifiques, médecins et organisations nationales de santé sont considérées comme des figures majeures de la confiance face à la crise. Alors que 81% des sondés font confiance à un médecin, il ne sont que 35% à faire confiance à un journaliste, et 37% aux membres du gouvernement.

Business mood

Et les entreprises dans tout ça, qu’en est-il de la confiance qui leur est accordée ? Comme d’habitude face à l’inefficacité des institutions structurantes de la société, le privé est attendu au garde-à-vous. En France, la réponse est sans appel : 73 % des répondants estiment que les entreprises ont la responsabilité de protéger leurs employés et de faire en sorte que ces derniers ne diffusent pas le virus. Pour 57%, ils ont confiance en cette gestion entrepreneuriale.

Ils attendent ainsi de la part de leur employeur :

Premièrement, qu’ils les informent. Pour les salariés, l’employeur est la source d’accompagnement privilégiée dans cette crise, par rapport aux gouvernements, aux entreprises de santé et aux médias. Particulièrement en proposant des communications claires sur : comment les employés peuvent éviter le virus (56 %), les actions concrètes de l’entreprise contre le virus (51 %), l’état des lieux réguliers de l’avancée du virus dans l’entreprise (49 %), etc. Deuxièmement, qu’ils agissent. 57% des salariés français estiment que leur employeur doit agir de façon responsable et efficace face à la crise du coronavirus (vs 60 % en moyenne). Troisièmement, qu’ils les protègent. 73% attendent des entreprises qu’elles protègent plus que jamais leurs employés concrètement, notamment en adaptant leurs politiques RH.
Quatrièmement, qu’ils démontrent leur utilité sociale. 79% attendent qu’ils combattent le virus en mettant en place des mesures permettant de réduire sa propagation. Mais qu’ils s’impliquent également dans la supply chain mise en place contre le virus. Enfin, 45% d’entre eux espèrent qu’ils coopèrent avec le gouvernement. Comme l’indique l’étude, il y a un véritable effet multiplicateur de la coalition public/privé. Et c’est là où pourrait bien se trouver la solution.
« Comme dans toute crise, et plus encore celle que nous vivons actuellement par sa dimension extraordinaire, celle-ci apparaît comme un moment de vérité. Les citoyens attendent des dirigeants qu’ils soient politique ou économique, qu’ils apportent des réponses claires et opérationnelles sur les éléments fondamentaux de la vie en société. Les décisions prises aujourd’hui forgent la confiance future. Les résultats de cette étude spéciale du Trust Barometer Edelman doivent nous guider. Avec une priorité donnée à la mobilisation conjointe des efforts, à la coopération », analyse et conclut Marion Darrieutort, Présidente d’Elan Edelman.

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