29 août 2023

Temps de lecture : 3 min

Maxime Doreau (SnapFeat) : « Les amendes vont tomber contre les fausses promos sur le net »

Les distributeurs qui continuent de proposer de fausses promotions dans leurs magasins ou sur leurs sites marchands prennent des risques inconsidérés, selon Maxime Doreau, le CEO de SnapFeat, une agence du groupe Labelium qui propose des applications simples à destination des annonceurs ayant une efficacité rapide sur leurs performances et la stabilité de leurs business.

INfluencia : Les soldes, qui ont débuté le 28 juin et qui vont durer quatre semaines, sont souvent l’occasion pour les marques de faire des promotions exceptionnelles mais souvent trompeuses.

Maxime Doreau : En effet. L’UFC-Que Choisir a récemment analysé 6586 annonces portant un prix barré et elle a découvert qu’à peine 3,4% des offres étaient de réelles promotions. L’association a été plus loin en attaquant 8 sites de commerce en ligne pour pratiques commerciales trompeuses. ASOS, La Redoute, E. Leclerc, CDiscount, Veepee, Rue du Commerce, Zalando et Amazon sont ciblés par l’UFC-Que Choisir qui a aussi choisi d’alerter la Commission européenne contre les dérives des distributeurs.

 

IN : Bruxelles a pourtant déjà cherché à lutter contre ces pratiques…

M. D. : Oui, c’est vrai. La directive Omnibus, qui est entrée en vigueur le 28 mai 2022 et qui vise à améliorer la protection des consommateurs européens sur le net tout en luttant contre les pratiques commerciales déloyales et trompeuses, précise que les réductions de prix doivent indiquer le prix antérieur pratiqué par le professionnel au cours des 30 derniers jours précédant la remise. Cela empêche ainsi les distributeurs de gonfler leurs prix un ou deux jours avant les soldes pour afficher ce même prix barré le jour du lancement de sa promotion. Ce texte cherche à encourager la transparence des promotions dans les magasins physiques mais aussi sur internet.

 

IN : Encore faut-il s’entendre sur la définition des mots « transparence » et « promotion »…

M. D. : Effectivement. Aujourd’hui, les régulateurs nationaux ont la charge de définir ces deux notions et de lutter contre les abus. En France, c’est la DGCCRF qui est responsable de ces questions.

 

IN : Ces nouvelles règles vont-elles vraiment permettre de lutter contre tous les abus?

M. D. : La directive Omnibus va contraindre tous les distributeurs à travailler d’une nouvelle manière. Elle va avoir le même impact que la RGPD a eu dans le passé. Ce règlement est en vigueur depuis un peu plus d’un an et les premières amendes ont été imposées en Espagne dès la fin de l’année 2022. L’enquête et les poursuites pénales lancées par l’UFC-Que Choisir représentent une étape supplémentaire dans ce processus et je pense que les premières lourdes amendes en France vont être imposées très prochainement.

 

IN : Que doivent faire les distributeurs pour s’assurer d’être en règle avec cette directive ?

M. D. : Cette mission n’est pas simple à remplir. Un e-commerçant propose en moyenne 10.000 produits sur sa plateforme mais pour certains, ce chiffre est bien plus élevé. Leurs prix changent sans arrêt. La nouvelle directive leur impose d’enregistrer tout l’historique de leurs prix pour s’assurer que leurs promotions sont bien inférieures aux tarifs proposés les 30 jours précédant. Beaucoup ne sont pas encore capables de faire cela. Des solutions commencent toutefois à apparaître comme notre outil Compliant Price. Nous supervisons aujourd’hui plus de 900 merchant-centers et stockons plus de 25 millions de prix. Parmi nos clients, à peine 20% ont fait des promotions qui ne respectent pas la directive.

 

IN : Pensez-vous que tous les distributeurs vont se mettre en conformité avec la loi ?

M. D. : Beaucoup d’e-commerçants cherchent encore à contourner la loi. Ils n’utilisent plus de prix barrés mais des termes comme « prix de référence », « prix de comparaison » ou « prix moyen ». Ces « astuces »  devraient toutefois tomber sous le coup de la loi. Les contrevenants doivent prendre conscience des risques qu’ils prennent. Le risque d’amende pour les entreprises qui ne respectent pas la directive européenne peut atteindre 4% de leur chiffre d’affaires moyen annuel ou, à défaut d’information disponible sur leurs revenus, 2 millions d’euros maximum. Être poursuivi pénalement par une association de protection des consommateurs est ce qui peut arriver de pire pour un distributeur, comme E. Leclerc, qui vante sans cesse ses prix bas. Cela peut avoir un impact réel sur son image de marque. Tout le monde va devoir se mettre en conformité. Ils n’ont pas le choix.

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