11 juillet 2022

Temps de lecture : 3 min

Maria Winans (Kyndryl) : « Nous voulons être aux avant-postes de l’inclusion et de la diversité »

Maria Winans est le directrice du marketing (CMO) de Kyndryl, la société de services dédiée à l’infogérance dont IBM s’est séparée en novembre dernier. Cette mère de famille, qui est née au Chili et qui a émigré aux Etats-Unis lorsque son père espagnol a obtenu un poste d’enseignant à la célèbre Duke University, nous raconte les challenges et les opportunités de quitter une énorme multinationale pour apprendre à voler de ses propres ailes. Fière d’être une femme et hispanique, elle nous explique aussi sa volonté de développer la diversité dans un secteur tech encore très masculin et « blanc »…

INfluencia : Cela fait quoi après presque 30 ans chez IBM de quitter le giron de sa maison-mère et de se retrouver au poste de CMO d’une société cotée en Bourse ?

Maria Winans : Lorsque Martin Schroeter m’a proposé de le rejoindre, la société n’avait même pas encore de nom et elle n’employait que deux personnes. Je suis donc la troisième salariée de l’entreprise. J’ai décidé de me lancer dans ce périple car j’avais bien conscience que cela représentait la chance d’une vie. Nous pouvions faire quelque chose que personne n’avait fait avant nous. C’était tellement excitant.

IN : Des spin-off, il y en a déjà eu beaucoup dans l’histoire…

M. W. : Oui mais nous venions d’un groupe d’une telle taille… La première chose que nous avons dû faire a été de trouver un nom pour l’entreprise. Nous avons choisi Kyndryl car ce mot est la contraction de deux termes qui résument parfaitement notre stratégie, notre expertise et notre objectif. « Kyn », qui vient de « kin » en anglais et qui signifie « famille » ou « proche », représente les liens forts que nous nouons avec nos clients et nos collaborateurs. « -dryl » est la seconde syllabe de « tendril » en anglais. Les « vrilles »en botanique sont ces pièces foliaires qui permettent à certainesplantes grimpantes comme le lierre et la vigne vierge de s’accrocher.

IN : Quels objectifs vous êtes-vous fixés lors de la naissance de Kyndryl ?

M. W. : Notre stratégie est d’avoir la même agilité et attention aux services qu’une start-up. Tout doit tourner autour de notre expertise et de notre attention aux besoins de nos clients.

IN : N’est-il pas illusoire de vouloir être une start-up quand on emploie 90.000 collaborateurs ? Vous avez déjà plus de 4000 clients dans le monde dont 75 des 100 sociétés les plus importantes du classement du magazine Fortune

M. W. : Cela exige une véritable transformation culturelle de l’entreprise. Lors de la création de Kyndril, l’équipe dirigeante s’est réunie pendant deux journées complètes et une de ces journées était exclusivement consacrée à la culture d’entreprise que nous souhaitions mettre en place. Personne n’avait jamais fait cela auparavant. Nous souhaitons être totalement dévoués au succès de nos clients et à ceux de nos collaborateurs. Nous appelons cela la « Kyndril Way ». Chaque membre de la direction possède un petit livre rouge, intitulé le « Leadership Handbook », qui détaille les principes à suivre pour poursuivre notre processus de transformation. C’est un véritable voyage dans lequel nous nous sommes lancés. C’est à la fois une opportunité et un challenge.

IN : Quels avantages tirez-vous de ne plus appartenir à IBM ?

M. W. : IBM est un groupe très important qui propose à la fois des hardwares, des softwares et des services. Être indépendant nous a permis d’éliminer beaucoup de complexité dans notre fonctionnement. Nous sommes nettement plus agiles et nous avons simplifié les méthodes que nous devons suivre pour faire du business. Nous avions près de 300 systèmes différents pour soutenir nos activités marketing chez IBM. Je n’avais pas besoin de tous ces outils pour bien travailler. Nous avons donc beaucoup simplifié nos moyens techs. Appartenir à IBM limitait également les services et les produits que nous pouvions proposer à nos clients. Nous devions notamment utiliser exclusivement le Cloud de notre ancienne maison-mère. Durant les semaines qui ont suivi la naissance de Kyndryl, nous avons signé des partenariats avec AWS, Google et Microsoft afin d’élargir notre offre.

IN : Les femmes sont encore peu présentes à des postes à responsabilité dans le secteur de la tech. Comment faites-vous pour changer cet état de fait ?

M. W. : Nous voulons être aux avant-postes de l’inclusion et de la diversité. Nous ne souhaitons pas uniquement promouvoir les femmes mais aussi les hispaniques, les personnes de couleur et celles venant d’horizons différents. Nous voulons ainsi poursuivre le chemin suivi par IBM dans ce domaine tout en allant encore plus loin. Nous analysons les manques qui peuvent exister dans certains départements et nous encourageons le recrutement de personnes qui répondent à ces besoins. Nous les formons et leur trouvons des mentors pour les accompagner dans leur progression professionnelle. En Inde où nous employons beaucoup de personnes, nous recrutons notamment de plus en plus de femmes et je dirige moi-même au sein du groupe l’entité qui encourage la minorité hispanique. Être une femme originaire du Chili permet d’attirer plus facilement des candidats qui partagent les mêmes origines que les miennes.

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