1 mai 2016

Temps de lecture : 5 min

Le lundi, ce vilain petit canard ?

Le lundi n'a jamais demandé à être le premier jour de la semaine. Et même si c'est injuste, il en prend pour son grade et on lui en veut tellement qu'il est devenu notre punching ball social. Et s'il était temps de réhabiliter le jour de la Lune ?

Le lundi n’a jamais demandé à être le premier jour de la semaine. Et même si c’est injuste, il en prend pour son grade et on lui en veut tellement qu’il est devenu notre punching ball social. Et s’il était temps de réhabiliter le jour de la Lune ?

Pointé du doigt, chahuté à la machine à café et moqué sur les réseaux sociaux, le lundi remporte inlassablement le titre du plus mauvais « employé » de la semaine. Pour Laurence Vanhée, Chief Happiness Officer pour Happyformance, le constat est implacable : « Le lundi est souvent considéré comme le jour du « dur retour au travail », cette occupation pénible dont il faut s’acquitter pour pouvoir vivre. Et c’est triste de le considérer ainsi ». Même l’indémodable Bernard Pivot y allait de sa réflexion su Twitter, il y a quelques jours, comme pour souligner le poids de cette journée maudite : « Les hommes et les femmes nés un lundi sont-ils plus courageux que ceux nés les vendredi, samedi ou dimanche ? ».

Pourtant, à y regarder de plus près, le premier jour de la semaine n’a rien d’un vilain petit canard, bien au contraire : « Si le dimanche est le jour de Dieu et mardi celui de Mars, le lundi est le jour de la Lune, synonyme de paix, de culture et de célébration de la Terre. La Lune a également un côté féminin et on devrait en profiter pour célébrer les femmes tous les lundis, et pas seulement le 8 mars ! », témoigne Georges Lewi, mythologue.

Traumatisme dominical ?

Impossible de parler du lundi sans évoquer le jour du Seigneur, et avec lui le souvenir de certaines soirées douloureuses : devoirs terminés à  » l’arrache  » ponctués d’un ras-le-bol des parents : « C’est la dernière fois que tu me fais le coup ! »; le difficile retour dans sa chambre d’étudiant(e); ce PPT à terminer coûte que coûte; les mails professionnels siglés d’un « URGENT » dans l’objet; la perspective de circuler collé/serré dans les transports… Comment entamer sereinement un nouveau cycle quand le dimanche soir est déjà  une source d’angoisse ? Ne parle-t-on pas du « blues du dimanche » ?

Car en effet, quand on devient actif, rien n’est fait pour améliorer la tendance. En cause ? Le rythme effréné de nos vies et plus précisément celui de notre activité professionnelle : « Le problème vient du fait que beaucoup d’entre nous ont une charge de travail qui dépasse largement les 40 heures par semaine. Pour pouvoir survivre dans la jungle des réunions qui s’enchaînent, le lundi commence souvent le dimanche après-midi. On ne prend donc pas le temps de faire une vraie pause, de se reconnecter à sa vie familiale ou sociale… et au fil des weekends, le lundi est perçu comme une charge psycho-sociale en tant que telle », souligne Laurence Vanhée.

Le lundi est aussi le jour où l’on aime  » s’inventer  » une vie et sortir du cadre, comme le démontre une étude menée par l’institut One Poll pour Lastminute en mai 2015. Elle relevait, un phénomène un peu curieux : les mythos du week-end. Plus d’un Français sur dix ment ou enjolive la réalité à propos de son activité le samedi et le dimanche (5ème position, loin derrière les Allemands, champions en la matière, 29%). Si les réseaux sociaux nous ont donné cette faculté à travestir notre quotidien très facilement, les raisons du mensonge interpellent et donnent un peu plus de poids à une forme de pression sociale du lundi : « Je veux avoir des choses à raconter au travail le lundi matin » (16%) et « Mes week-ends sont nuls comparés à ceux de mes amis /collègues donc je dois inventer » (25%) sont les principales raisons de ces bobards. Pour mieux accepter le lundi, il serait peut-être temps d’assumer le mode glandage et le farniente ?

Après la pluie, le lundi ?

De son côté aussi, Cadremploi, dans une enquête intitulée « Mon travail et moi », constatait, il y a un an un certain malaise des Français vis-à-vis du travail : 56,5% des cadres avouaient ne pas exercer la profession désirée dans leur jeunesse et 4 sur 10 n’occupent pas le poste auquel ils s’étaient destinés. Pire, 45% se sentent mal dans leur entreprise. Optimiser son lundi et le considérer sous un nouveau jour peut-il constituer l’une des première étapes pour accéder au Graal professionnel, le « bonheur au travail » ? « A mon sens, le bonheur au travail n’a pas un début et une fin. Il ne connaît pas la semaine et le week-end. Etre heureux au travail, c’est trouver du sens dans ses activités professionnelles, apprendre, partager, être en connexion avec des personnes qui perçoivent la valeur ajoutée que nous apportons et qui la reconnaissent. Etre heureux au travail, c’est être fier/e de ce que l’on fait, avoir des envies et des projets et l’énergie pour les réaliser », tempère Laurence Vanhée.

Pour enfoncer le clou, sachez qu’il ne sera jamais trop tard pour réussir sa vie professionnelle et ainsi changer son lundi, comme le révèle l’infographie « Too Late to Learn » réalisée par Anna Vital. Grandma Moses a commencé la peinture à 78 ans pour connaître le succès deux ans plus tard. Joseph Conrad qui ne pipait pas un mot d’anglais jusqu’à ses 20 ans, ce qui ne la pas empêché à 39 ans, de devenir un écrivain célèbre dans la langue de Shakespeare… « Il y a un entrepreneur qui sommeille en chacun de nous et qui ne demande qu’à s’exprimer. Avec l’ubérisation de notre société, l’effacement d’une forme de hiérarchisation grâce au web et le rejet du management à l’ancienne, il est peut-être temps de faire du lundi un jour un peu spécial. Plutôt que de se plaindre auprès de vos collègues ou vos proches, on devrait faire du lundi le jour de tous les rêves, demander l’impossible. Pourquoi ne pas prendre 30 minutes chaque lundi matin pour demander… la lune », s’amuse Georges Lewi.

Alors, le lundi au soleil, c’est une chose que l’on aura jamais, comme le chantait Claude François ? On a tendance à penser le contraire. Laurence Vanhée en fait la démonstration en livrant ses cinq commandements : « Premièrement, profiter à fond du week-end et ne pas avoir de regret à voir déjà le dimanche soir pointer le bout de son nez. Deuxièmement, identifier l’élément du lundi matin qui va vous apporter de l’énergie : retrouver vos collègues, une réunion qui s’annonce productive, une nouvelle idée à partager, un programme à réaliser en équipe, un client à aider… Troisièmement, partir en ayant, dès le matin, déjà trouvé une première source de gratitude : un bon café, le sourire des enfants, une route plus fluide que prévu… Quatrièmement, intégrer le fait que le lundi reviendra tous les 7 matins et que par conséquent, il est vain de le vilipender de la sorte. Enfin, si le lundi devient insupportable, réfléchir avec sincérité et courage aux options qui s’ouvrent à soi pour changer de lundi ». Belle journée à tous !

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