13 mars 2017

Temps de lecture : 3 min

Un livre pour admirer les photos censurées sur Instagram

Instagram censure des photos en particulier celles relatives au corps féminin. Qu’à cela ne tienne, Arvida Byström et Molly Soda démontent ce père la pudeur, en publiant tous ces clichés dans un ouvrage intitulé « Pics or it didn’t happen ». Se faisant aussi les porte-paroles d’artistes qui utilisent ce RS comme un moyen d’expression libre. Et pas si sulfureux que ça !

Instagram censure des photos en particulier celles relatives au corps féminin. Qu’à cela ne tienne Arvida Byström et Molly Soda démontent ce père la pudeur, en publiant tous ces clichés dans un ouvrage intitulé « Pics or it didn’t happen ». Se faisant aussi les porte-paroles d’artistes qui utilisent ce RS comme un moyen d’expression libre. Et pas si sulfureux que ça !

Cachez ces photos que je ne saurai voir ! On a beau être un réseau social donc par définition ouvert, créatif, attractif et populaire, c’est difficile d’être parfait. Surtout quand on édicte des règles qui prétendent protéger ses utilisateurs mais qui, en fait, les policent avec hypocrisie. Car si derrière elles, se cachent sûrement de louables et nécessaires intentions comme cela a été le cas avec la récente initiative qui réexplique les conditions d’utilisation d’Instagram à un enfant de huit ans, elles sont aussi prétextes à l’expression d’un puritanisme larvé… surjoué. Au point parfois d’être inutilement liberticide notamment quand il s’agit de la thématique de la femme et de son corps, selon Arvida Byström, mannequin et photographe aux 152 000 followers et Molly Soda, artiste digitale aux 63 200 fans dont certaines des productions ont été censurées par Instagram.

En effet pour ce réseau social « les contenus violents, nus, partiellement nus, discriminatoires, illégaux, haineux, pornographiques ou sexuellement suggestifs sont à bannir ». Qui pourrait lui en vouloir ? Encore faut-il sortir le bon argument et qu’il s’applique à la bonne image. Ce qui est loin d’être le cas comme ont pu le constater les deux artistes qui ont lancé un appel à témoignages auprès d’utilisateurs afin de récupérer leurs visuels bannis et d’en faire une analyse. Faisant ainsi écho aux sources de tension et aux débats menés par beaucoup de créatifs qui utilisent cette plate-forme médiatique sociale comme un moyen d’expression libre.

L’image donne tout son poid à un statut

Constatant que beaucoup de photos allaient des selfies de nu à des parties du corps féminin en passant par les relations sexuelles ou la menstruation, elles ont aussi pu établir que la plupart étaient systématiquement retoquées en raison de la simple évocation de poils pubiens et de tétons sans qu’elles soient particulièrement sexualisées. Puisqu’il y est davantage question de maternité, de personnes en train de bronzer, aux toilettes, en séance de yoga… ou même d’une femme avec son téléphone rivé à l’oreille par son voile… Une série de photos signées par une vingtaine d’instagramers réputés comme Petra Collins, Rupi Kaur (bien connue pour ses photos de femmes ayant leurs règles d’abord supprimées puis réhabilitées), Amalia Ulman, Lina Scheynius, Hraley Weir, et qui, selon les deux artistes, sont injustement en déshérence.

Arvida Byström et Molly Soda ont donc décidé de leur donner une deuxième vie en les réunissant dans un ouvrage intitulé « Pics or It Didn’t Happen, Images Banned from Instagram » publié aux éditions Prestel. Une formule chère aux digital natives selon laquelle l’image est essentielle pour donner toute sa force à un statut. Un livre préfacé par Chris Kraus, écrivain et critique d’art, bien concret qui fait la leçon à un réseau du monde digital -donc prétendument moderne- mais aux règles très bizarrement restrictives dès lors que le corps féminin y est évoqué. Cette rigueur est-elle la même lorsqu’il s’agit de violences guerrières ou d’actes de terrorisme ? Toujours est-il que ce puritanisme à l’anglo-saxonne exacerbé se retrouve chez Twitter et autres Facebook qui censurent  » bêtement  » les photos de femmes témoignant courageusement de leur poitrine estropiée par le cancer du sein, de la petite vietnamienne nue brûlée au napalm ou le tableau « Le cri » d’Edvard Munch… Reste à savoir si cette censure autoritaire et ciblée se manifesterait avec autant d’application si les réseaux sociaux étaient sortis tout droit de la tête de Français ? C’est tout l’objet de ce livre aux 270 illustrations en couleur qui, en explorant les frontières des directives médiatiques sociales et de mœurs sociales, révèle une image fascinante des vues complexes de la société du 21ème siècle sur l’image du corps humain et de la censure.

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