Les opérateurs de paris en ligne sont accusés de « matraquage publicitaire » pendant l’Euro 2024
Avec le démarrage de l’Euro 2024 il y a deux semaines, une période charnière pour les opérateurs de jeux s’est ouverte. Selon une étude Harris interactive, plus de la moitié des Français vont suivre la compétition et parmi ceux-ci, plus d’un tiers a l’intention de parier. Le milliard d’euros de mises pourrait être atteint. À titre de comparaison, la Coupe du monde 2022 avait enregistré 900 millions d’euros de mises.
Pour s’assurer une bonne hausse de leur chiffre d’affaires, les opérateurs de jeux ont annoncé en décembre dernier une intensification de leur stratégie marketing pour 2024 avec des investissements colossaux de 670 millions d’euros. Leur ambition ? Conquérir de nouveaux joueurs et capter ceux de la concurrence. Pour ce faire, 46% des investissements seront dirigés vers le numérique, notamment les réseaux sociaux qui se révèlent être un terrain de choix pour les partenariats avec les influenceurs, bénéficiant d’une audience très jeune.
Parallèlement, l’espace public est saturé de publicités. Métros, bus, affichages lumineux interactifs : les publicités pour les paris sportifs ont envahi notre environnement quotidien depuis plusieurs semaines. À titre d’exemple, Winamax a lancé une campagne d’affichage à l’échelle nationale, avec 30 visuels spécifiques à chaque région pour illustrer la répartition des 4,6 milliards d’euros de gains distribués par l’opérateur en 2023. Les symboles populaires nationaux et régionaux, tels que la coiffe bigoudène, le joueur de rugby toulousain, la Joconde et Louis XVI, sont mis en avant pour exploiter le sentiment d’appartenance régionale.
L’ANJ rappelle que moins de 1 joueur sur 5 ont eu un bilan positif en 2021. L’Autorité nationale des Jeux va même plus loin en affirmant que seulement 0.04% de l’ensemble des parieurs sportifs ont gagné une somme supérieure à 10 000€ et que la moitié des joueurs en ligne perdent plus de 40€ par an. Une mise en garde pour mieux contrer la stratégie des opérateurs de mettre en avant des gains importants dans leur communication et en utilisant des codes issus de la pop culture pour mieux cibler un public « facile et réactif » : les jeunes, qui sont pourtant 6 fois plus susceptibles de développer une addiction.
Une multiplication des contenus dédiés aux paris sportifs sur les réseaux sociaux
Les réseaux sociaux sont également le canal privilégié des opérateurs de jeux pour promouvoir les paris sportifs. Alors que 72 % des parieurs ont moins de 34 ans, les influenceurs, avec leurs jeunes communautés, sont notamment mis à contribution.
Depuis quelques semaines, Addictions France, dans le cadre d’un projet soutenu par le Fonds de Lutte contre les Addictions, a observé une augmentation des contenus liés aux paris sportifs sur les réseaux sociaux. Publicités interstitielles, mèmes, contenus humoristiques, story d’influenceurs de la téléréalité et publicités associant paris sportifs et réussite sociale : tous les codes sont exploités pour maximiser la portée de ces publicités.
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