15 janvier 2024

Temps de lecture : 3 min

Les mots à connaître en 2024 : La chute du 4ème mur

Tout au long du mois de janvier, Florence Hermelin (Unlock Potentials) se penche, pour INfluencia, sur les mots qui marqueront 2024. On commence la semaine en parlant de « la chute du 4ème mur » Attention spoiler.

Mot N°4 : LA CHUTE DU 4ème MUR

Une des conséquences indirectes de la révolution digitale, amplifiée par la crise sanitaire, est la grande porosité qui existe désormais entre nos sphères personnelle et professionnelle, tout comme entre le réel et le virtuel.

Ce mélange des genres a donné naissance au tout- hybride, gommant peu à peu les espaces liminaires et franchissant des limites jusque-là inviolées.

Cette situation inédite brise les standards de nos récits quotidiens, à l’instar du 4ème mur (sorte de limite imaginaire entre la scène et la salle qui sépare l’acteur du spectateur pour mieux l’inviter à plonger dans la fiction), qui ne cesse d’être franchie dernièrement dans diverses propositions créatives. Comme nos artistes, par leur sensibilité, sont souvent à l’avant-poste de nos évolutions, il est intéressant de questionner la récurrence de l’intégration de l’audience dans la narration.

 « briser le 4ème mur », en interpellant directement le public ou en prenant acte de sa présence, n’est pas un procédé nouveau

Mais c’est bien sa fréquence dans les créations récentes qui interpellent.

Au théâtre d’abord, avec Lapin de Samuel Benchetrit ou Un léger doute de Stéphane de Groot où les comédiens s’aperçoivent qu’ils ne sont pas seuls un jour de relâche ou après une pièce et s’obligent à rejouer pour répondre à une situation qu’ils ne maîtrisent plus.

Au cinéma avec Yannick de Quentin Dupieux, où c’est le spectateur déçu et désormais tout puissant – comme sur les réseaux sociaux – qui ose interpeller les acteurs et critiquer ouvertement leur jeu.

Dans les documentaires, comme ceux qui suivent des députés ou des personnalités publiques dans les différents opus de Succession de France 2, où ces derniers, en pleine action, n’hésitent pas à s’adresser à l’audience face caméra à la manière d’House of Cards.

À la télévision encore, où l’humoriste Paul de Saint Sernin de Quelle Époque ! intervient depuis les gradins parmi les spectateurs présents ou encore la nouvelle émission Bertrand n’a pas sommeil de Bertrand Chameroy qui invite le public, ses voisins et ses invités, à collectivement participer, même avec une caméra directement connectée aux téléspectateurs.

Dans les jeux vidéo enfin, où les PNJ (Personnages Non Joueurs) deviennent les nouveaux héros de Tiktok grâce à des influenceuses qui les miment.

 

 

 

S’il s’agit évidemment de surprendre une audience toujours plus exigeante, parfois blasée, cela parle également des enjeux d’une société bouleversée par des changements trop rapides que nos gouvernants, comme les marques, doivent impérativement prendre en compte.

Pour le meilleur comme le pire, le digital nous a ouvert la possibilité de l’interaction, du like au commentaire, offrant ainsi aux individus un nouveau moyen de pression réputationnel, qu’il faut désormais apprendre à mieux inclure dans sa diversité et pas simplement le modérer, pour éviter toute polarisation.

Cela témoigne aussi d’un profond besoin de transparence, à l’ère des fake news, pour éliminer progressivement les intermédiaires et coconstruire une vérité digne d’être crue. Si elle peut déjà s’apprécier technologiquement dans les écrans qui disparaissent (voir la dernière Tv présentée par Samsung au CES 2024 ou les shadow devices qui projettent les écrans directement sur notre peau), elle commence à en inspirer d’autres, comme le New York Times qui invite désormais ses lecteurs dans les coulisses de sa rédaction avec des articles sous forme de notes partagées ou de pdf annotés par les journalistes.

Ces exemples nous invitent surtout à appréhender toute la subtilité que pose cette nouvelle narration sur la manière d’inclure son audience.

À date, elle acte une prise de conscience de ces nouveaux besoins mais elle demeure encore trop unilatérale, l’émetteur principal scénarisant l’interaction, pensant gérer une frustration, voire même prend en otage son assistance avec une proposition qui, si elle surprend, ne correspond pas forcément aux attentes.

Il ne s’agit donc pas de devenir acteur malgré nous mais bien de pouvoir désormais agir collectivement, profitant enfin de la chute de ce mur entre nous et le monde.

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