26 janvier 2023

Temps de lecture : 3 min

Les marques de vêtements doivent-elles tout miser sur les emballages plastiques compostables ?

La fausse bonne idée pour lutter contre la pollution plastique ? Sans forcément l’affirmer, certaines voix de l’industrie émettent déjà des doutes.

À l’heure où toutes les entreprises cherchent à limiter leur pollution plastique, le biodégradable fait office de solution… peut-être à tort. En décembre dernier, le mouvement Amstellodamois Fashion for Good, qui vise à insuffler plus d’éthique dans les industries de la mode, dévoilait un nouveau projet de sacs en polyéthylène compostables. Les détaillants partenaires étaient alors invités à tester pendant six mois des alternatives aux emballages en plastique, notamment pour le transport des produits vers les magasins, leur stockage dans les entrepôts ou encore les commandes en ligne. L’opportunité pour tous ces bons élèves de tester dans le dur leur durabilité ainsi que la manière dont ils doivent être recyclés une fois devenus des déchets.

C&A et Levi Strauss ont d’ailleurs été les premières marques à franchir le pas. Elles testent actuellement les solutions compostables de TIPA et Greenhope, qui affirment que leurs produits se compostent via les processus domestiques ou certaines installations municipales. Les deux entreprises ont fait vérifier la compostabilité de leurs emballages par un système de certification tiers. Elles proposent des emballages composés à 25 % de matériaux biosourcés, à savoir des éléments issus de la matière organique renouvelable – biomasse –, d’origine végétale ou animale.

Avancer main dans la main

Dans un communiqué publié cette semaine, Fashion for Good précise que pour s’assurer de l’efficacité du processus, le compostage doit toujours être testé deux fois : « dans les environnements domestiques et dans les environnements industriels. La compostabilité domestique peut se faire dans un bac de compostage de jardin tout bête et à température ambiante, tandis que la compostabilité industrielle nécessite des températures plus élevées – 50-60°C – et des conditions spécifiques dans une installation à grande échelle ». Ce projet clôture une série d’efforts déployés par le collectif pour définitivement mettre à mal l’usage des polybags en plastique. Le premier acte de cette « vendetta » s’était déroulé en 2019 quand le collectif avais promis promettant d’examiner plusieurs alternatives, dont les options recyclables, des produits compostables et des modèles réutilisables.

L’année dernière, Fashion for Good a publié un livre blanc sur la mise en pratique à grande échelle des modèles réutilisables testés par Zalando et Otto. Pour le directeur du développement durable de Levi Strauss, il s’agit d’une « opportunité passionnante » qui « non seulement rapproche Levi’s de son objectif d’éliminer le plastique à usage unique des emballages destinés aux consommateurs d’ici 2030, mais illustre également la collaboration industrielle nécessaire pour résoudre ce genre de problèmes structurels ». Quant à C&A, la chaine de vêtements néerlandaise vise à remplacer au moins la moitié de ses emballages en plastiques à usage unique dans le cadre des achats en ligne et dans la chaîne d’approvisionnement par des alternatives plus durables d’ici 2028.

Pour quelle valeur ajoutée ?

Selon Fashion for Good, « nous avons constaté que les polymères biosourcés ont une empreinte carbone plus faible que les polymères issus de combustibles fossiles. Les polymères biosourcés sont générés à partir de matières premières biologiques, telles que les cultures alimentaires, les déchets organiques et la pâte de bois. Les mélanges de plastiques compostables utilisés pour ces alternatives sont généralement dérivés d’un mélange de matériaux biosourcés et de matières premières pétrolières ». Cependant, beaucoup se demandent si les éléments de matières premières pétrolières utilisés ont réellement une empreinte carbone plus faible et surtout ce qu’il advient de ce type de matériaux lorsqu’ils ne sont pas traités dans une installation municipale.

Le fournisseur d’emballages Sourceful publiait le 11 janvier dernier une étude stipulant que le marché mondial des emballages compostables sera probablement trois fois plus important d’ici 2026. Cela signifie que les infrastructures et les systèmes de collecte devront être renforcés en conséquence. En attendant, les initiatives – privés – se multiplient depuis des années déjà, comme par exemple à Nantes où l’entreprise locale Ouivalo permet aux particuliers de se débarrasser à prix libre de leurs biodéchets dans des points de collecte dispersés dans la ville. Comme le résume sa fondatrice Camille Marhadour-Savary, le but de tous ces projets est « que la démarche soit facile, intégrée dans ses trajets quotidiens », explique l’entrepreneuse de 26 ans.

Un écolo averti en vaut deux

Comme pour appuyer là où ça fait mal, Sourceful a souligné l’importance d’une bonne gestion des déchets, car les matières compostables qui finissent en décharge ont toujours un impact significatif sur le climat. Une autre étude publiée par ses soins sur les émissions liées au cycle de vie de 20 matériaux d’emballage courants a révélé que lorsqu’on laisse ses sacs se dégrader dans la nature, ils génèrent 228 grammes de CO2e chacun, contre 118 pour un sac en plastique vierge. Si l’on considère les émissions émises tout au long du cycle de vie d’un produit, on arrive à la conclusion que le sac compostable génère 2,5 fois plus de CO2e que le sac en plastique vierge s’ils finissent tous deux en décharge. Raison de plus pour BIEN contrôler leur fin de vie.

 

 

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