27 novembre 2023

Temps de lecture : 3 min

Les grandes équipes, laboratoire de l’intelligence collective

L’intelligence des grandes équipes sportives est une intelligence sans égale, nous rappelle Pascal Crifo, président de Publicis Sport, à l’instar des fourmis qui combinent en permanence les capacités de chaque membre pour surmonter l’adversité. Un article à retrouver dans la revue 44 d’INfluencia.

Les clichés sur l’intelligence ont la vie dure. Au premier rang d’entre eux, l’intelligence des sportifs qui serait dans certains imaginaires inversement proportionnelle à leurs qualités physiques. Il y a pourtant un constat, qui lui est assez peu exprimé, c’est l’intelligence supérieure dont sont pourvus les sportifs, dès lors qu’ils appartiennent à un collectif. 

L’intelligence d’une équipe est une intelligence hybride, qui combine l’esprit, le corps, le mouvement, la gestion des émotions et l’observation de l’environnement, le tout à haute intensité. Les équipes se coordonnent, communiquent en une fraction de seconde et si chaque collectif se compose de leaders et de suiveurs, tous doivent savoir lire le jeu en permanence. Les sportifs deviennent les égaux des fourmis dès lors qu’ils poussent, courent et jouent ensemble. 

 

L’intelligence collective dans le sport est le fruit d’une alchimie rare, d’un travail permanent de compréhension de l’autre, autant que de gestion de ses propres forces

 

Il suffit de se retrouver au cœur d’une mêlée et de ressentir l’effet d’une première ligne adverse qui se « plie » pour comprendre que l’intelligence collective dans le sport est le fruit d’une alchimie rare, d’un travail permanent de compréhension de l’autre, autant que de la gestion de ses propres forces. C’est aussi valable pour une contre-attaque en football, « l’extra-passe » en basket ou la coordination défensive au handball. Une grande équipe déstabilise toujours son opposante par l’intelligence collective avant de le faire par ses individualités. Le Barça de 2012 disposait certes de Lionel Messi, mais surtout d’une intelligence collective sans équivalence. Idem pour les Bleus de Zidane et MBappé, les footballeuses championnes du monde américaines de Megan Rapinoe ou encore les Bulls de Michael Jordan.

L’intelligence se retrouve dans tous les sports collectifs, on peut répéter inlassablement ses gammes, comme dans les playbooks de NFL, la différence se fera toujours dans l’animation, le dépassement de fonction et la résilience en temps réel. La légende du sport est faite de ces moments uniques où quelques joueuses ou joueurs changent la destinée d’une rencontre par une synchronisation commune. Ces comebacks sont la vitrine de l’intelligence collective en action.

On aime les reprises de volée du football, mais le hors-jeu mériterait autant d’hommages, tant l’impact d’un pas en avant au bon moment après avoir analysé la situation de ses coéquipières ou coéquipiers peut changer le destin d’un match. Le cadrage-débordement sera toujours plus spectaculaire qu’une rush-défense bien coordonnée au rugby mais il ne se situe pas au même degré d’intelligence. Que dire des highlights du basket qui montrent des dunks facilement réalisés par des pivots de 2m20 alors que le jeu est fait de séquences collectives exceptionnelles, où les mouvements de pieds, les blocks, les décalages résultent d’une coordination parfaite. Cette intelligence est invisible pour les profanes, peu valorisée par les experts.

Pire encore, les media préfèrent aussi nous gaver de statistiques sur quelques individualités, et célèbrent le ballon d’or comme étant l’absolu du footballeur alors qu’il ne concerne en général que les attaquants (en tout cas ces dernières années) et qu’en réalité, il ne remplacera jamais une coupe du monde. Demandez à Jean-Pierre Papin, Karim Benzema ou Cristiano Ronaldo ! Soyons enfin certains que tant que San Antonio ne défendra pas en équipe, notre icône Victor Wembanyama ne gagnera jamais aucun titre. 

 

Les grandes équipes élèvent l’intelligence de chaque joueur et les grands coachs en sont les architectes.

 

Pour accomplir ses objectifs, une équipe doit toujours être une entité cohérente, même avec des talents hors normes. La brutale intelligence de l’Afrique du Sud, qui vient de gagner sa deuxième coupe du monde de rugby d’affilée, nous le rappelle. C’est avant tout à un collectif qui, comme les fourmis, sait mieux que les autres s’adapter à l’adversité, faire déjouer tous ses adversaires, au point de gagner ses matchs décisifs d’un petit point, sans jamais trembler.

Les grandes équipes élèvent l’intelligence de chaque joueur et les grands coachs en sont les architectes. Ils seront toujours les sacrifiés des mauvais résultats, mais comme les grands généraux, ils sont les dépositaires de l’intelligence collective, ceux qui élèvent le jeu à un niveau d’excellence rare.

La société a beaucoup à apprendre des grands coachs et des intelligences de leurs équipes, l’entreprise aussi. A l’heure où les patrons et les salariés débattent fébrilement du présentiel et du distanciel, la leçon que nous enseigne l’intelligence des sports collectifs est sans équivoque : c’est en sachant s’engager ensemble à chaque instant qu’on peut surmonter l’adversité, l’intelligence des fourmis.

 

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