13 juin 2022

Temps de lecture : 3 min

Ipsos et les Français prédisent trois évolutions possibles de notre société : Implosion, profonde transformation ou explosion

« Tout va mal dans le monde qui m’entoure mais moi, perso, je vais plutôt bien… ». Voilà comment on pourrait résumer l’étude qu’Ipsos a effectuée auprès de 4500 Français pour connaître leur opinion sur leur quotidien.

« La schizophrénie est une pathologie psychiatrique chronique complexe qui se traduit schématiquement par une perception perturbée de la réalité, des manifestations productives, comme des idées délirantes ou des hallucinations, et des manifestations passives, comme un isolement social et relationnel. » La définition de cette maladie psychiatrique très grave formulée par l’Institut national de la santé et de la recherche médical (Inserm) nous vient immédiatement à l’esprit à la lecture de l’étude « Les 4500 » révélée, hier, par Ipsos. Depuis 2006, le troisième groupe mondial d’études questionne tous les deux ans les Français sur ce qu’ils pensent, ressentent et font sur tous les grands sujets : optimisme, grandes attentes, perception de la nation, écologie, causes mobilisantes, consommation, rapport aux entreprises et aux marques. La pandémie a empêché la publication de ce sondage en 2020 mais après quatre ans de pause, la toute nouvelle édition de cette enquête très complète vient de paraître. Et le moins que l’on puisse dire est que nous sommes, nous autres Français, « perdus ensemble ». Ces deux mots sont le titre même de cette étude effectuée auprès de 4500 personnes âgées de 16 à 75 ans. Pour Thibaut Nguyen, le Directeur Trends & Prospectived’Ipsos en France, nous essayons tous « d’aller le mieux possible dans un monde qui va mal et que nous ne comprenons plus vraiment ». Faire comme si tout allait bien en plein cœur d’un cyclone. S’enfouir la tête sous le sable en se disant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Une autruche sommeillerait-elle en nous ?

Seul contre tous

Les chiffres en disent plus qu’un long discours. 72% des Français n’ont pas confiance en l’avenir du monde et plus de la moitié (51%) pensent qu’il est déjà trop tard pour enrayer le changement climatique. Dans notre pays, la situation globale est globalement mauvaise pour 63% d’entre nous et le futur n’inspire pas confiance à 60% de nos concitoyens. Et pour cause… La hausse des inégalités (pour 87% des sondés) et les conflits grandissants entre les jeunes et les personnes âgées (66%) divisent notre société. Nous sommes d’ailleurs 87% à penser que les Français ne parviennent plus à se parler ni à se comprendre. Nous sommes presque aussi nombreux (70%) à estimer que nous ne pouvons plus faire confiance à nos prochains. Ce dernier chiffre a bondi de 15 points en quatre ans. « Le Covid a beaucoup amplifié des phénomènes qui commençaient à apparaître en 2018 », juge Thibaut Nguyen. Trois-quarts de nos concitoyens ne se sentent pas pris en compte dans le débat politique et social. Mais assez étrangement notre pessimisme vis-à-vis du monde qui nous entoure ne nous empêche d’être plutôt… heureux dans notre quotidien. Schizophrénie quand tu nous tiens…

Le nombril, ce nouveau centre du monde

76% des personnes questionnées par Ipsos reconnaissent ainsi être satisfaits de leur vie. 70% des sondés avouent même se sentir bien émotionnellement parlant. Bizarre, vous avez dit bizarre ? « L’analyse de l’opinion des Français s’est révélée aussi ardue que féconde dans cette édition, reconnaît Thibaut Nguyen. Nous pensons en réalité que la satisfaction des sondés est un trompe-l’œil. Les gens se disent que leur « petite histoire » se passe toujours mieux que la Grande Histoire où tout va mal. » Ce défaitisme sur le monde qui nous entoure nous encourage à nous regarder le nombril et à ne pas prendre garde à notre prochain. « Notre positivisme concernant notre avenir personnel et notre défaitisme sur le futur du monde implique un désengagement du collectif et une survalorisation de notre sphère privée », analyse le Directeur Trends & Prospectived’Ipsos France.

Une porte ouverte aux dictateurs?

Bien décidés à reprendre notre vie en main en attendant la fin du monde, nous sommes nombreux à vouloir faire des changements radicaux pour améliorer notre quotidien. Plus d’un tiers des Français (36%) souhaitent ainsi trouver un autre emploi dans les douze prochains mois. Voilà une nouvelle qui pourrait provoquer des poussées d’urticaire chez les responsables des ressources humaines dans les entreprises… Nous sommes presque aussi nombreux (34%) à vouloir changer tout ou beaucoup de choses dans notre vie. Cette volonté de faire table rase du passé a des impacts sur nos comportements de citoyen. 64% des sondés se disent, par exemple, favorables à une sortie des courants politiques modérés. Près de la moitié des 18-30 ans (47%) envisagent même d’avoir un chef de l’Etat qui ne se soucie pas des élections ni du gouvernement. Cet avis est encore plus accepté (58%) chez les jeunes issus de milieu CSP +. Gloups… Pour conclure, l’étude d’Ipsos prédit trois évolutions possibles de notre société. Son implosion, sa profonde transformation ou son… explosion. Choisir entre la peste, le Covid ou le choléra, cela vous dit ?

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