9 novembre 2023

Temps de lecture : 3 min

Les Français et l’info

Une étude publiée par NPA Conseil et Harris Interactive montre que nous sommes massivement favorables à l’éducation aux médias et à la labellisation des sources fiables. Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres…

C’est une étude qui devrait rassurer tous les journalistes et les passionnés d’information. Les Français semblent enfin comprendre l’importance des médias « sérieux » et des sources fiables lorsqu’ils cherchent à comprendre le monde qui les entoure.

NPA Conseil et Harris Interactive ont interrogé, du 13 au 18 octobre dernier, 4184 répondants âgés de plus de 15 ans pour connaître l’importance qu’ils donnaient à l’information et aux médias en général. La première excellente nouvelle de ce sondage est que nous semblons toujours nous préoccuper du monde dans lequel nous vivons. 71% des sondés se disent en effet « très » ou « assez » intéressés par l’actualité nationale et internationale. Ce chiffre cache toutefois un gap générationnel important. Les plus de 35 ans sont notamment plus accrocs à l’info (77%) que les moins de 35 ans (55%). Ce décalage se retrouve quand on analyse les médias qu’ils utilisent pour s’informer.

Qui croit-on?

Si la télévision (52%), la radio (11%), la presse (9%) et les sites qu’ils éditent (14%) restent les sources les plus utilisées par 86% des Français pour découvrir les news du moment, les réseaux sociaux sont cités par 11% des personnes questionnées comme source prioritaire d’information. Ce chiffre atteint même 27% chez les moins de 35 ans et par 20% chez ceux qui se disent assez ou pas du tout intéressés par l’actualité.

La presse et la radio sont les médias dans lesquels nous avons toujours le plus confiance (73%), devant la télévision (69%). A l’inverse, près de 3 Français sur 4 ne croient pas aux informations diffusées sur les réseaux sociaux (ce chiffre atteint à peine 55% chez les moins de 35 ans). Fort logiquement, la confiance progresse chez les utilisateurs les plus fidèles de chaque média. Elle culmine à 89% pour la radio chez les auditeurs qui y recourent de manière privilégiée alors qu’elle ne dépasse pas 63% chez les internautes qui passent leurs journées sur les réseaux sociaux.

Manipulés…

L’autre bonne nouvelle de cette étude concerne notre niveau de maturité concernant les « fake news ». Nous sommes de plus en plus nombreux à douter des contenus qui sont « déversés » sur nous à longueur de journée. Le recul de confiance vis-à-vis de la presse écrite et de la radio (-15%) est inférieur à celui de la télévision et des sites d’information (-20%) et nettement plus faible que celui des réseaux sociaux (-40%). Et pour cause. « La perte de confiance concernant les réseaux sociaux est liée à la difficulté de savoir qui nous parle, juge Philippe Bailly le président et fondateur de NPA Conseil. Cela ne risque pas s’arranger lorsqu’on voit Elon Musk limiter le signalement des articles des médias traditionnels sur X. Aujourd’hui, rien ne ressemble plus à un vrai site d’informations qu’un faux site d’informations. Dans le passé, le papier était une référence. Nous savions tous qu’un tract n’avait pas la même valeur qu’un journal et qu’un quotidien acheté dans un kiosque n’était pas comparable à un gratuit distribué à l’entrée du métro. Ces distinguos n’existent plus sur le net. Hier avec des amis, nous nous sommes demandés quand avait débuté ce torrent de fake news sur le net. Nous nous sommes tous entendus pour dire que le déclenchement de ce phénomène datait de l’arrivée du Covid. L’Ukraine et la crise au Moyen-Orient ont encore renforcé ce mouvement qui s’accélère sans cesse. » Même si nous sommes de plus en plus nombreux à comprendre que nous sommes manipulés, cette prise de conscience ne nous encourage pas, pour autant, à mieux nous informer.

… mais léthargiques

De plus en plus de médias proposent aujourd’hui des rubriques de « fact checking » qui nous permettent de distinguer le vrai du faux mais à peine 42% de nos compatriotes vérifient au moins occasionnellement le propriétaire du média qu’ils consultent, 33% le nom du signataire et 25% s’il est bien journaliste. Moins d’un Français sur cinq à l’habitude de recouper les informations qu’il lit ou écoute en s’appuyant sur une seconde source et moins de 10% des sondés ont régulièrement le réflexe de rechercher un trucage éventuel des contenus qui leur sont proposés. Cette tendance devrait rapidement s’inverser si on souhaite éviter que l’intelligence artificielle nous fasse croire à tout et surtout à n’importe quoi. Une solution toute simple permettrait d’éviter bien des déconvenues.

Une solution: la labelisation

« Il est nécessaire de mieux éduquer les plus jeunes sur les sujets liés aux médias et à l’information mais cela prend du temps, reconnaît Philippe Bailly. Une mesure qui pourrait être mise en place rapidement serait de labéliser l’information et les médias qui la diffusent. ». Les consommateurs semblent disposés à accepter un tel programme. « Quand on explique aux personnes que nous avons interrogées le principe de labélisation de l’information, on constate leur adhésion massive, se réjouit le président de NPA Conseil. A l’avenir, je ne pense pas que les Français vont se remettre à lire des journaux en papier mais il est possible par contre que les sites des médias traditionnels et des pure-players sérieux comme INfluencia servent davantage de référence pour s’informer. » Vivement…

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