11 décembre 2023

Temps de lecture : 3 min

Les femmes sont sous-représentées dans les industries vertes

Elles sont les principales victimes du changement climatique mais elles sont de moins en moins bien représentées dans les entreprises censées lutter pour la protection de l’environnement. Un rapport de LinkedIn montre que l’écart femmes-hommes dans la « green economy » continue de se creuser. Dans ce domaine, la France montre l’exemple à ne pas suivre…

Le fossé continue de se creuser inexorablement. Les politiques RSE lancées par un nombre croissant d’entreprises ne permettent pas de réduire les inégalités femmes-hommes au travail. Bien au contraire. Une étude de LinkedIn, qui a analysé les données du milliard de personnes qui utilisent sa plateforme, révèle qu’à peine 10% des femmes possèdent des compétences dites « vertes », contre 1 homme sur 6, alors que le taux d’embauche des employés possédant ces qualifications est supérieur de 29 % à la moyenne. Les salariées représentent à peine plus du tiers (34 %) des effectifs des entreprises liées aux énergies renouvelables alors qu’elles composent 44 % du personnel des autres industries.

L’Allemagne à la traîne

Ce rapport se base sur les catégories de compétences établies par l’Organisation Internationale du travail (OIT) qui définit les emplois verts comme « des emplois décents dans tout secteur économique (par exemple, l’agriculture, l’industrie, les services, l’administration) contribuant à la préservation, la restauration et l’amélioration de la qualité de l’environnement ». Douze catégories respectent cette définition selon l’agence des Nations Unies (prévention de la pollution, prévention des déchets, gestion de l’énergie, production d’énergie renouvelable, assainissement de l’environnement, gestion des écosystèmes, éducation au développement durable, recherche sur le développement durable, audit environnemental, politique environnementale, achats durables et financement de l’environnement). Loin de se combler, le gouffre de compétences entre les femmes et les hommes s’approfondit année après année. Il aurait ainsi progressé de 25 % en 7 ans. Le pays qui enregistre la hausse la plus importante est la… France. En 2016, 11,2 % des hommes et 8,3 % des femmes avaient des « cordes vertes » à leur arc. Cette année, 17,3 % des employés et 11,7 % des salariées affirmaient avoir de telles compétences. Ce fossé de 5,6 points a explosé de 93 % en 7 ans ! Notre pays fait toutefois presque figure de bon élève comparé à l’Allemagne et son différentiel de 9,5 %, un triste record mondial. Toutes les nations ne méritent pas de tels bonnets d’âne.

La Finlande montre la voie à suivre

La Finlande est le seul pays où les femmes représentent la majorité (51 %) des personnes travaillant pour des industries « vertes ». Cette donnée doit toutefois être nuancée par le fait que 57 % des Finnois enregistrés sur LinkedIn sont des finnoises… Après la Nouvelle-Zélande, la France est, avec Singapour, la nation où les femmes sont les plus nombreuses dans les secteurs liés, de près ou de loin, à la protection de l’environnement.

Ce récent rapport cache, malgré tout, une lueur d’espoir : depuis 2021, le nombre de femmes rejoignant les secteurs verts a augmenté de 12,3 %, contre 9 % pour les hommes. Pour combler l’écart existant, cette participation devrait toutefois être multipliée par 2,5. On en est encore loin… Ce fossé est d’autant plus inquiétant que toutes les études montrent que les femmes sont plus vulnérables que les hommes face aux effets dévastateurs du changement climatique.

Les femmes pèsent le plus lourd tribut

« La crise climatique n’est pas « neutre » du point de vue du genre, résume une étude des Nations Unies. Ce sont les femmes et les filles qui subissent le plus les conséquences du changement climatique, qui amplifie les inégalités existantes entre les sexes et fait peser des menaces particulières sur leurs moyens de subsistance, leur santé et leur sécurité. Partout dans le monde, les femmes dépendent davantage des ressources naturelles, mais y ont moins accès. Dans de nombreuses régions, elles assument une responsabilité disproportionnée dans l’approvisionnement en nourriture, en eau et en combustible. Pendant les périodes de sécheresse et de précipitations irrégulières, les femmes, en tant qu’ouvrières agricoles et principales fournisseuses, travaillent plus dur pour garantir des revenus et des ressources à leur famille. Cette situation accroît la pression sur les filles, qui doivent souvent quitter l’école pour aider leur mère à gérer cette charge accrue. »

Double peine

Lorsque des catastrophes naturelles frappent, les femmes ont moins de chances de survivre et risquent davantage d’être blessées en raison des inégalités entre les sexes qui ont créé des disparités en matière d’information, de mobilité, de prise de décision et d’accès aux ressources et à la formation. Après un cyclone, des inondations ou une sécheresse, elles ont moins accès aux secours et à l’assistance, ce qui « menace encore plus leurs moyens de subsistance, leur bien-être et leur rétablissement, et crée un cercle vicieux de vulnérabilité aux futures catastrophes », d’après l’ONU. Le quotidien de plus 100 millions de personnes est perturbé chaque année par les changements climatiques menacent rien qu’en Asie et la majorité de ces victimes sont des femmes, si l’on en croit une étude du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Même si « les femmes sont plus vulnérables que les hommes aux effets dévastateurs du changement climatique », regrette le rapport de LinkedIn, « elles n’ont pas la possibilité de faire partie de la solution climatique ». Il serait grand temps de corriger cette faute.

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