24 novembre 2022

Temps de lecture : 4 min

Le trou de la couche d’ozone mérite toute votre attention, malgré les bonnes nouvelles…

Depuis quelques années, les bonnes nouvelles se suivent et se ressemblent quant à la résorption du trou dans la couche d’ozone qui se forme chaque année au-dessus de l’antarctique. Selon la directrice générale de l’Union internationale pour la conservation de la nature, nous aurons réussi à éviter « deux millions de nouveaux cas de cancer de la peau » d’ici 2030. Mais la bataille est-elle d’ores et déjà remportée ?

« Et si on reparlait du trou dans la couche d’ozone… », titrait un journaliste de l’Obs le 10 novembre dernier. Il est vrai qu’au panthéon des sources d’inquiétudes atmosphériques, les dangers encourus par notre barrière protectrice naturelle ne semblaient plus faire couler beaucoup d’encre. L’opinion publiquec a su profiter de quelques bonnes nouvelles à son sujet, trop peu sûrement, distillés par les médias depuis dix ans pour se rassurer et le désastre annoncé semblait déjà appartenir à l’histoire ancienne. Mais avons-nous vendu la peau de l’ours polaire avant d’avoir laissé le réchauffement climatique le tuer ? Était-ce vraiment sage de notre part de reléguer ce combat écologique dans un coin de notre tête comme tout un tas de sujets « primordiaux » il y a encore vingt ans mais qui ont perdu toute pertinence aujourd’hui ? – « Dominique de Villepin succédera-t-il à Jacques Chirac ? », « Leonardo di Caprio finira-t-il par remporter un Oscar ? », « Est-ce trop tard pour que la Fifa redore son blason ?… –. Acceptons la main tendue par l’Obs pour nous faire une idée.

 

« Dis Jamy… »

La couche d’ozone est une zone atmosphérique, située entre 10 et 50 km d’altitude, formée par un gaz qui, lorsqu’il se trouve au niveau du sol est un polluant toxique, mais qui nous protège depuis la stratosphère en absorbant une partie des rayons d’ultraviolets à haute énergie provenant du Soleil. A la fin du XXe siècle, les scientifiques ont découvert que les émissions humaines de certains produits chimiques nocifs commençaient à affecter le nombre de molécules d’ozone dans l’atmosphère. Il a résulté de ce processus le fameux « trou » de la couche d’ozone dont nous avons tous entendu parler, qui se forme chaque année au-dessus de l’Antarctique, sous l’effet de processus météorologiques et chimiques complexes.

En 1987, sept ans seulement après cette découverte inquiétante, le Protocole de Montréal était signé pour tenter de réduire la quantité de produits chimiques nocifs dans l’atmosphère. Présents auparavant dans les réfrigérateurs, les climatiseurs, les laques pour cheveux et les produits de nettoyage industriel, ils ont commencé à être éliminés progressivement pour choyer notre couche d’ozone. Approuvé par les 197 parties, ce traité a été l’un des premiers à être universellement ratifié dans l’histoire de l’ONU. Aujourd’hui, de nouvelles recherches menées par la NOAA – la National Oceanic and Atmospheric Administration – aux États-Unis ont révélé que les concentrations de produits chimiques nocifs qui endommagent la couche d’ozone ont diminué d’un peu plus de 50 % dans le niveau moyen de la stratosphère par rapport aux années 1980. Les fameuses bonnes nouvelles dont on vous parlait en début d’article. La NOAA prévoit que la couche d’ozone de l’Antarctique pourrait finir par se reconstituer « aux alentours de 2070 ».

 

 

La stat qui enlève la pression

Quelques données pour nous rendre compte des bénéfices à l’échelle mondiale d’une telle nouvelle. A l’occasion du 35ème anniversaire de la signature du Protocole de Montréal, Inger Indersen, la directrice générale de l’Union internationale pour la conservation de la nature n’hésitait pas à affirmer que « d’ici 2030, deux millions de cas nouveaux de cancer de la peau auront été évités. D’ici 2060, il en sera de même pour près de 500 milliards d’euros de dommages à l’agriculture, à la pêche et à d’autres ressources. D’ici à la fin du siècle, une étude a même estimé que la fameuse hausse de la température mondiale de 2,5°C aura été empêché grâce à l’élimination progressive des substances qui appauvrissent la couche d’ozone et à la protection des puits de carbone ». Sabrez le champagne bio bon sang !

Elle poursuit : « Plus de 99 % des substances appauvrissant la couche d’ozone ont été progressivement éliminées. Il s’agit maintenant de préserver les acquis et d’œuvrer à l’élimination progressive des gaz restants. Mais c’est sur le climat que le travail est le plus important. L’amendement de Kigali devrait permettre d’éviter jusqu’à 0,5°C de réchauffement de la planète grâce à l’élimination progressive des hydrofluorocarbones. Compte tenu du retard pris par le monde en matière de décarbonisation des économies, cette contribution serait énorme. Cette réduction progressive permettra également d’étendre le refroidissement dans les villes frappées par des vagues de chaleur et dans les pays en développement qui ont besoin de plus de chaînes du froid, sans réchauffer davantage la planète ». Derrière chaque « victoire », c’est un nouveau combat qui nous attend. La Coupe du Monde au Qatar en est à la fois l’allégorie et la parfaite illustration.

 

 

Un arsenal à la hauteur du défi

Jusqu’à ce qu’il se referme, le trou est monitoré par le CAMS – le Copernicus Atmosphere Monitoring Service. Il se forme généralement dans l’hémisphère sud à l’orée du printemps, entre août et octobre. Il atteint sa taille maximale entre la mi-septembre et octobre, puis les niveaux d’ozone reviennent à la normale à la fin du mois de décembre. « Le trou d’ozone de l’Antarctique 2022 a commencé à se développer à la fin du mois d’août en suivant jusqu’à présent les mêmes tendances que la dernière décennie en termes de superficie, de colonne totale minimale, de déficit de masse et de température minimale », précise Vincent-Henri Peuch, directeur du CAMS.

« D’après nos données de début septembre, la taille du trou d’ozone se situe dans la moyenne. Toutefois, nous allons surveiller de très près les prochaines semaines, car les trous de 2020 et 2021 n’ont commencé à devenir exceptionnels que plus tard ». Que l’on ne se trompe pas : les scientifiques sont tous unanimes pour affirmer qu’il s’agit d’une « étape importante » sur la voie de la résorption du fameux trou. Toutefois, il ne faut pas penser que le plus gros du travail a été fait et que la situation s’arrangera toute seule à partir de maintenant car les niveaux atmosphériques de ces substances chimiques nocives doivent continuer à baisser au même rythme. Alors plus question de faire l’autruche ou de baisser les bras, c’est collectivement que l’on trouvera – pour de bon – la solution. Pas d’« eco-resiliation » dans nos rangs.

 

 

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