13 novembre 2023

Temps de lecture : 3 min

Le marché des applications de rencontres est-il en train d’exploser en plein vol ?

En 2023, l’amour avec un grand A ne semble plus se jouer sur les applications de rencontres. Les relations organiques ont retrouvé leurs lettres de noblesse aux yeux des plus jeunes… de quoi briser le coeur d’un marché à qui l’on promettait la lune il y a encore quelques années.

« Qu’en est-il de l’amour à l’heure des réseaux sociaux et du grand marché des sentiments qui se développe au gré des algorithmes ? Autour de nous, que d’errances amoureuses, de désespoir et de dégoût », écrivait la romancière et professeure de philosophie Eliette Abécassis dans son essai intitulé De l’âme sœur à Tinder, publié l’année dernière chez Larousse. Un constat douloureux que semblent partager les jeunes générations, bien décidées à ne pas reproduire les mêmes erreurs – et les mêmes schémas amoureux biaisés – que leurs ainés. Bien sûr, le « marché de la rencontre » reste particulièrement rentable, puisqu’il représentait 2 milliards de dollars – !!! – en 2022, mais force est de constater qu’un certain désamour est en train de s’installer.

Ça ne match plus

Selon une enquête publiée cette semaine par le média américain Axios, 79 % des étudiants américains auraient même abandonné purement et simplement les applications de rencontre depuis septembre, contre 61% sur les trois derniers mois. Plus de la moitié des personnes interrogées – à savoir 978 étudiants répartis sur tout le territoire – affirment toutefois avoir eu un rendez-vous amoureux depuis l’été… mais uniquement grâce à leur « charme » IRLIn Real Life –. Plus question de confier leurs sentiments à un algorithme. Parmi celles et ceux qui utilisent des applications de rencontres, Tinder arrive toujours en tête avec 12 % de part de marché tandis que Hinge et Bumble se partageant la deuxième place avec 8 %.

L’enquête précise que plus de la moitié des relations entamées dans le cadre universitaire ont débuté par une rencontre dans la « vrai vie ». Celle des bouquets des fleurs, des mains qui s’effleurent et des regards qui s’échangent. Rassurez-vous, la majorité des étudiants considèrent la personnalité, les valeurs ou encore le sens de l’humour comme les facteurs X capables de les faire craquer. Seulement 15 % d’entre eux citent l’apparence en premier, de quoi compliquer la tâche pour des applications qui en ont fait leur fonds de commerce.

Selon Axios, les applications de rencontres considèrent toujours les étudiants comme LE groupe démographique à (re)conquérir et n’ont pas hésité à déployer ces derniers mois des campagnes publicitaires spécifiquement pour y parvenir. La flopée de soirées universitaires sponsorisées par Tinder outre-Atlantique et les partenariats noués avec les fraternités en témoignent. Pas de quoi inverser la vapeur pour autant.

 

 

Un matché qui ne séduit plus

Pour le moment, ce désamour auprès des plus jeunes secoue de plein fouet l’industrie tout entière : Whitney Wolfe Herd, PDG et fondatrice de Bumble, a même annoncé ce lundi qu’elle se retirait de son poste. Nul n’est surpris, l’action Bumble a chuté jusqu’à 9% à Wall Street cette semaine lors des échanges avant-bourse à 12,21$, son niveau le plus bas jamais enregistré, avant d’effacer une partie de ses pertes et de s’échanger à 12,63$. Depuis le début de l’année, l’action affiche déjà une dégringolade d’environ 35%. De quoi pousser la plateforme à délivrer des perspectives de revenus pires que prévu pour le trimestre en cours – entre 272 et 278 millions de dollars, alors que les analystes tablaient sur 285,9 millions de dollars, selon les données de LSEG –.

Une trajectoire inquiétante – pour les investisseurs – que Tinder, toujours accrochée à son statut de leader du marché, semble également emprunter puisque son action a chuté de 15 % la semaine dernière. En un an, la valorisation boursière de l’application phare de Match Group – qui regroupe également Hinge et Meetic –, a même chuté de près de 40% pour s’établir à 11,7 milliards de dollars au 30 juin dernier. Au cours du premier semestre 2023, le nombre de ses utilisateurs payants a baissé de 3% et plafonne aujourd’hui à 15,9 millions dans le monde.

 

 

L’IA saura-t-elle recoller les morceaux ?

Wolfe Herd qui a également cofondé Match Group, avait lancé Bumble pour créer un espace où les femmes auraient davantage le contrôle afin de réduire les messages indésirables dont elles sont victimes et les utilisateurs toxiques qui sévissent sur ces plateformes – un match entre deux personnes hétérosexuelles sur Bumble nécessite forcément un premier message de l’utilisateur féminin pour se transformer en conversation –.

Lidiane Jones, ancienne PDG de Slack, lui succède avec un plan bien précis en tête, celui d’intégrer « l’IA et l’IA générative » – so 2023 – dans l’algorithme de la plateforme afin d’aider les utilisateurs « à trouver la bonne personne, les bons amis et la bonne communauté » dans le cadre de « relations équitables, saines et positives ». La résurgence des relations organiques finira-t-elle par briser le coeur et le portefeuille des investisseurs ou la tech réussira-t-elle à rabibocher les utilisateurs avec leurs – exs – plateformes préférées ?

 

 

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