23 octobre 2023

Temps de lecture : 5 min

Déjà 60 millions de vues par mois : Le Crayon lève 1 million d’euros pour amplifier la visibilité de sa marque média

Le « premier média de débat en ligne » à destination des jeunes, fondé en 2020, prend le large. Après avoir vu l’un de ses co-fondateurs couronné par le magazine Forbes dans sa liste des trente personnalités qui feront le monde de demain, le groupe média annonce une levée de fond de 1 million d’euros et l’acquisition du site d’information Les Pépites de France.

La chaine Youtube Le Crayon a été fondée par 4 étudiants, Wallerand Moullé-Berteaux – le fameux 30 under 30 –, Sixtine Moullé-Berteaux – sa sœur –, Antonin Marin et Jules Stimpfling, en 2020

Que les politiques et les médias traditionnels l’acceptent ou non, le monde des Youtubeurs est devenu le nôtre. À l’heures où certains d’entre eux incarnent les nouveaux visages de l’info, tels que la chaîne HugoDécrypte qui multiplie les coups d’éclat au grand dam de quelques journalistes, d’autres – mais souvent les mêmes – cherchent à prendre le relai des sociétés de communication dans la quête – lucrative – du brand content. Une corde raide entre activités commerciales et journalistiques qui les conduit forcément à jouer aux équilibristes pour ne pas voir leur crédibilité disparaitre sous le coup d’une publicité native un peu trop dissimulée.

Se servir de l’information pour se développer jusqu’à former un groupe média… c’est bien … le faire en gardant en tête les intérêts de son audience… c’est mieux. À ce petit jeu, peu de créateurs de contenus dédiés à l’actualité réussissent autant que Le Crayon. La chaine Youtube a été fondée par 4 étudiants, Wallerand Moullé-Berteaux – le fameux 30 under 30 –, Sixtine Moullé-Berteaux – sa sœur –, Antonin Marin et Jules Stimpfling, en 2020 et n’a plus regardé dans le rétro depuis.

 

On a pu également voir passer sur leur plateau des personnalités aussi diverses que le patient O des youtubeurs, Rémi Gaillard, la première ministre Elisabeth Borne ou encore l’humoriste Gad Elmaleh.

La valeur de l’info

Leur idée commune était de créer un média de débats en ligne qui s’attacherait à produire des émissions « plurielles et transpartisanes ». Comprenez des vidéos qui visent large en abordant presque exclusivement de grands sujets sociétaux et n’hésitant pas à donner la parole à tout le monde… y compris à l’extrême droite. Afin de vous montrer de quoi on parle, Trop Nombreux sur Terre ?, Faut-il interdire les Cryptomonnaies ? et Qui mérite d’être riche ? sont les titres de trois vidéos publiées ce mois-ci. La quatrième n’est autre qu’une interview de Michel Zecler qui venait parler du sujet – toujours explosif dans l’espace médiatique – des violences policières.

On a pu également voir passer sur leur plateau des personnalités aussi diverses que le patient O des youtubeurs, Rémi Gaillard, la première ministre Elisabeth Borne ou encore l’humoriste Gad Elmaleh.  Afin de s’insérer parfaitement dans les codes des plateformes sur lesquels elles sont diffusées, les productions sont toujours très incarnées par un journaliste de la maison – avec toujours une introduction face cam pour poser la thématique abordée, par exemple –. Une formule à succès qui a permis à la joyeuse équipe de se faire une place de choix en cumulant aujourd’hui plus d’1.3 million d’abonnés sur ses différents réseaux sociaux. Sans oublier les 60 millions de vues qu’ils génèrent par mois auprès de 7 millions de spectateurs uniques.

 

Le Crayon s’est agrandi en lançant ces dernières années Le Surligneur, une boite de communication et de relations presse pour les entrepreneurs, et Le Pinceau, une agence d’influence et d’intelligence économique

Le Crayon est donc parfaitement rentable depuis ses débuts, d’autant plus fort que l’ensemble des projets du média – c’est important de le préciser, vous allez voir – ont été produits en auto-financement. En plus de son activité de média, Le Crayon s’est agrandi en lançant ces dernières années Le Surligneur, une boite de communication et de relations presse pour les entrepreneurs, et Le Pinceau, une agence d’influence et d’intelligence économique à destination des grandes entreprises. « Nous travaillons avec des entrepreneurs comme Major AGV, Alexandre Bellity, Charlotte Alaux ou Harold Parisot, et avec des organisations comme MakeSense, MeilleurTaux, BNP Paribas ou Google », expliquait récemment Wallerand Moullé-Berteaux dans un entretien accordé au site Planète Grandes Écoles. « En se positionnant à la fois en tant que médias et prestataires de services pour les marques, ces acteurs entrants font de la concurrence tant aux médias bien installés qu’aux agences de com traditionnelles », indique le site Arrêt sur Images dans un article daté du 11 février dernier.

une levée de fonds d’1 million d’euros afin d’accroître son développement et de renforcer son exposition. Une opération menée conjointement à l’acquisition du média de référence en France pour les sujets liés au patrimoine, au tourisme et au lifestyle, Pépites de France

Et maintenant ?

Preuve que l’aventure entrepreneuriale se déroule à merveille, le groupe annonçait ce mardi l’accomplissement d’une levée de fonds d’1 million d’euros afin d’accroître son développement et de renforcer son exposition. Une opération menée conjointement à l’acquisition du média de référence en France pour les sujets liés au patrimoine, au tourisme et au lifestyle, Les Pépites de France – 1.7 million d’abonnés sur les réseaux sociaux et plus de 350 000 utilisateurs sur l’application, tout de même –… qui est loin d’être anodine : « En se positionnant à la fois en tant que médias et prestataires de services pour les marques, ces acteurs entrants font de la concurrence tant aux médias bien installés qu’aux agences de com’ traditionnelles », indique le site Arrêt sur Images dans un article daté du 11 février dernier.

Wallerand Moullé-Berteaux déclarait il y a quelques mois au micro du podcast Jeunes Branches – dont les propos ont été relayés par Arrêt sur Images – vouloir bâtir un véritable « groupe média ». Avant de poursuivre : « Les prochains leaders du marché, ce ne seront pas les boîtes avec les meilleurs produits mais les boîtes avec de très bons positionnements, et un média surpuissant. Qu’est-ce qui empêche le Crayon de devenir un hub de l’innovation ? ». Il a surenchéri cette semaine en se déclarant fier « après seulement 3 ans de faire de ce groupe, un des leaders au sein de la nouvelle industrie des médias digitaux. Cette levée de fonds va nous permettre d’accélérer le développement du Crayon Groupe via le terrain digital qui est le nôtre et en s’appuyant sur notre communauté de jeunes sensibles aux thématiques que nous proposons».

 

Comment les médias traditionnels s’adaptent à leurs – jeunes – concurrents ?

Preuve que les médias traditionnels se mettent – doucement – à la page de ces nouvelles formes d’écriture médiatique : le fameux Wallerand Moullé-Berteaux faisait sa rentrée en août chez RMC en tant que chroniqueur de l’émission Les Grandes Gueules alors même que « très peu d’influenceurs passent des réseaux sociaux à la télévision ». « Avoir rejoint RMC, explique-t-il, est une façon de faire entendre la voix des jeunes sur un terrain plus réservé à l’ancienne génération. On oppose souvent la télévision au web alors que ces deux mondes sont en train de se rejoindre. Une émission comme Les Grandes Gueules c’est 1,2 million d’auditeurs tous les matins. Aujourd’hui, peu d’influenceurs atteignent ces chiffres en France ».

De l’autre côté, Hugo Travers, porte-drapeau de la chaine HugoDecrypte, emploie aujourd’hui une équipe de 19 personnes. Il rapportait dans le podcast de Generation do It Yourself  du 6 février dernier 2022 avoir déjà été approché par Médiapart. L’idée du deal – qui n’a pas encore été signé, et ne le sera peut-être jamais – consistait pour la rédaction d’investigation à partager au youtubeur « quelques éléments d’une enquête avant qu’elle ne sorte » pour qu’il puisse en faire des formats. Une prise de contact qui sonne comme un véritable sésame de reconnaissance de la part du métier. Tant que McFly et Carlito ne sont pas nommés à la tête du JT de France 2, les rédactions devraient pouvoir dormir sur leurs deux oreilles…

 

 

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