16 janvier 2022

Temps de lecture : 2 min

La vie recluse des Hikikomori. Une dépression masculine de longue durée.

Ce mal de « vivre » est identifié au Japon dans les années 90. Alors, anecdotique, cette dépression qui cloue les jeunes dans leur chambre entre 6 mois et 5 ans, voire plus (certains peuvent rester 10 ans reclus), interroge les psychiatres consultés par des familles inquiètes, coupables et honteuses… Aujourd’hui, elle gagne du terrain. Il y aurait, selon une étude menée au pays du soleil levant, pas moins d’un million de garçons atteints. Ce mal devant lequel, les familles, l’entourage proche ne savent comment agir touche déjà d’autres pays comme la Corée du Sud, l’Italie et la France. Explications.

 Il y a 20 ans le nombre d’hikikomori était anecdotique au Japon. Aujourd’hui, le phénomène de « l’adolescence sans fin » gagne du terrain, et inquiète les psychiatres, tout comme les familles qui « doivent faire avec » un jeune qui peut rester entre deux et dix ans, enfermé dans une chambre… Une cabane de jardin… En Europe, ce mal aussi invisible que spectaculaire commence à voir le jour. A l’origine, une absence de sens, d’utilité, qui finit par couper ces adolescents ou jeunes adultes, -principalement des jeunes hommes-, de leur groupe social, de la scolarité, du monde du travail, des rencontres amoureuses. Un mal qui s’installe souvent une fois les études finies, comme une impossibilité à vivre sa vie.

Ne pas souhaiter travailler, avoir des amis, une vie à soi…

« Sortir de ce cercle vicieux semble impossible », témoigne cette mère d’un jeune parisien victime de cette sorte de dépression sans bruit, « nous avons d’abord cru qu’il culpabilisait d’avoir raté ses examens, pensé qu’il était en dépression, conseillé, parlé, interrogé, il a tout refusé en bloc », rétorquant qu’« il avait conscience d’être différent de ses camarades, de ne pas vouloir fonder de famille, et qu’il ne souhaitait pas travailler, ni affronter la société ». Cela fait deux ans que ce jeune de 30 ans vit donc en vase clos, dans un studio. Incapable de travailler, de trouver un moteur, un sens au monde qui l’entoure, ce jeune hommes n’a pas pour autant de discours suicidaire, et peut le cas échéant, être de très bonne compagnie, mais pour les parents, les frères et soeurs, ce «syndrôme » d’un nouveau genre apparaît comme inexplicable, et sans solution. Pour les parents, c’est cette sorte de

« présence sans vie » qui finit par être mortifère et culpabilisante, le problème étant que dans la mesure où il n’y a pas de douleur existancielle, d’angoisses apparentes , «ces jeunes s’estiment simplement être différents et ne veulent pas consulter de psychiatres », explique Maurice Trojman, psychologue clinicien. « Dans un cas de dépression, de résolution d’un trauma, ou d’un état provoqué par des drogues, les psychiatres et les proches peuvent intervenir, ici, le déni du « patient fait partie intégrante du symptôme ».

 

Saitö Tamaki qui, dans son livre « Les hikikomori, une adolescence sans fin » a été le premier à mettre le doigt sur cette « psychose sociale » estime que les jeunes seront chaque fois plus nombreux si les familles et les pouvoirs publics n’agissent pas. Car la seule issue est bien de l’ordre de la prise en charge psychologique, voire psychiatrique des ces garçons et de leur famille… Mission (quasi) impossible, ces jeunes adultes s’accommodent de cette non-vie, peuvent être curieux des autres, souriants, lorsqu’ils sont obligés de l’être à l’occasion d’un dîner familial ou d’une soirée… Alors pour aider ces « Tanguy » bien moins gais que celui proposé par Etienne Chatiliez… Il ne faut pas lâcher et consulter. « Aux États-Unis, où l’on quitte très tôt le nid familial, pour créer son entreprise, et devenir indépendant, cette dépression, aboutit à une vie au dehors, à une vie de SDF, qui n’est pas identifiée, tant ce mal est nouveau . « Au Japon, en Italie, en Espagne ou même en France, où la culture de l’entraide familiale est toujours, selon, le psychologue, Maurice Trojman, de rigueur, la covid, a permis de confirmer une tendance qui donne sans doute la mesure du mal-être social que certains peuvent éprouver ».  Encore faut-il « entendre » ces invisibles…

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