16 avril 2023

Temps de lecture : 3 min

« Le certificat de l’influence responsable a été une création très efficace », Julie Jacob (Jacob Avocats)

Plus jeune avocate de France après l’obtention de son CAPA en 1993, Julie Jacob, qui est aussi titulaire d’un DESS de droit des affaires et fiscalité, se destinait à une carrière d’avocat fiscaliste. Sa passion pour l’univers des technologies et de la création l’a finalement persuadée de fonder un cabinet d’avocats spécialisé dans le numérique. Son nom ? Jacob Avocats… tout simplement. Celle qui fréquente le gratin du journalisme répond aux questions d’INfluencia.

INfluencia : les influenceurs semblent être dans le viseur du gouvernement qui souhaite mieux réguler ce secteur. Que pensez-vous de cette initiative ?

Julie Jacob : le gouvernement, sous l’impulsion du ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire, a en effet initié une concertation publique qui s’est conclue le 31 janvier dernier. Plus de 14.000 contributeurs y ont participé. Je ne peux que saluer ce projet de créer un cadre légal.

IN : la profession semble aussi vouloir nettoyer ses écuries d’Augias…

J. J. : la création au mois de janvier de l’Union des métiers de l’influence et des créateurs de contenu (UMICC) montre que la profession tente de s’organiser et de créer une véritable fédération qui regroupe tous les acteurs de l’influence. C’est une très bonne chose. J’espère que cette structure va mettre en place un code de bonne conduite et d’éthique pour ses adhérents. La décision de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) de créer l’an dernier le Certificat de l’Influence Responsable est aussi un geste très efficace.

IN : Ne faudrait-il pas plutôt une loi stricte pour éviter les abus ?

J. J. : je ne le pense pas. Je ne crois pas que le secteur a besoin d’une loi dédiée à l’influence car les textes existants créent déjà un cadre légal strict. Les mesures de « soft power » comme la création d’une fédération professionnelle ou la mise en place de certificat sont plus adaptées.

IN : comment expliquez-vous cette volonté des acteurs de l’influence de se rassembler ?

J. J. : cette prise de conscience de la profession est, sans aucun doute liée, aux articles de presse qui ont été publiés lorsque Booba a déposé devant le parquet de Grasse dans les Alpes-Maritimes une plainte contre X pour « pratique commerciales trompeuses » qui visait sans la nommer, Magali Berdah et sa société Shauna Events. Les deux autres plaintes déposées par le Collectif d’Aide aux Victimes d’Influenceurs (AVI) pour escroquerie en bande organisée contre X et contre l’influenceur Marc Blata et son épouse Nadé qui sont accusés d’arnaques basées sur des cryptomonnaies et du trading n’ont rien arrangé à l’affaire. Je ne suis toutefois pas alarmiste comme la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) qui reproche à une trentaine d’influenceurs et d’agences d’avoir « trompé les consommateurs sur les propriétés des produits vendus » ou d’avoir « promu des produits ou services risqués » dans le domaine des paris sportifs. Ce secteur est composé, dans son immense majorité, de personnes très sérieuses et voir ces acteurs s’organiser et se réunir est une chose très positive.

IN : les influenceurs vont-ils continuer de voir leur importance croître au fil des ans ?

J. J. : je le crois. A l’avenir, le téléshopping sera animé par des influenceurs qui vendront des produits et des services à leurs communautés. Cela se fait déjà beaucoup en Chine. Un cadre doit être mis en place pour éviter les abus dans ce domaine mais cela commence déjà à apparaître à l’étranger. Aux Etats-Unis, un influenceur a été condamné pour avoir vendu des thés prétendus bons pour la santé. Une chinoise a, elle aussi, reçu une sanction pénale pour avoir proposé sur les réseaux un bonbon aux plantes qui était supposé absorber les graisses. Des plaintes de ce genre vont être déposées et jugées en France. C’est une certitude. Le cadre juridique qui encadre la grande consommation est très clair.

IN : que peut faire le législateur français contre les influenceurs qui vivent à l’étranger ?

J. J. : il est nécessaire de mettre en place des accords de coopération afin de s’assurer que les décisions de justice qui sont prises en France soient appliquées dans les pays de résidence des influenceurs condamnés. Au sein de l’Union européenne, cela devrait pouvoir se faire sans trop de problème. Je ne suis pas vraiment inquiète à ce sujet.

IN : quid de Dubaï où sont basés de nombreux influenceurs ?

J. J. : c’est la grande question. La pression des marques et des agences de marketing d’influence pourrait faire bouger les lignes. Tout le monde apprend en marchant. Aujourd’hui, on ne peut que se féliciter de la prise de conscience collectif de ce milieu qu’il devait évoluer. Attendons de voir comment tout cela va se traduire dans la réalité.

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