« Nous devons préparer notre monnaie pour le futur », a déclaré la présidente de la BCE, Christine Lagarde, dans un communiqué, à l’issue de deux années d’évaluation du projet.
Cette phase « préparatoire » aura elle aussi une durée initiale de deux ans et « ouvrira la voie à une décision future » sur l’éventuelle émission d’un euro numérique.
Le lancement de la phase préparatoire ne constitue donc pas un feu vert à la création d’un euro numérique. Cette décision ne sera envisagée par le Conseil des gouverneurs de la BCE qu’une fois le processus législatif de l’Union européenne achevé.
Les autorités européennes – Parlement, Commission, Conseil, Eurogroupe – doivent en effet encore donner à l’euro numérique un statut officiel.
« Nous envisageons l’euro numérique comme une forme numérique d’espèces qui pourrait être utilisée pour tous les paiements numériques, gratuitement, et qui garantirait le plus haut niveau de confidentialité » à une monnaie devant servir au quotidien pour près de 350 millions d’Européens, a souligné Mme Lagarde.
La BCE, qui constate la diminution continuelle des règlements en espèces dans une économie de plus en plus numérique, doit se « préparer à émettre un euro numérique parallèlement aux espèces », a indiqué Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE.
L’euro numérique suscite avant tout des inquiétudes alimentées par des campagnes de désinformation.
Des internautes affirment sur les réseaux sociaux qu’il viserait à supprimer l’argent liquide pour permettre une surveillance généralisée des citoyens, à travers le contrôle de leurs achats et transactions financières.
L’euro numérique n’a pas vocation à se substituer aux espèces, a toujours insisté la BCE, qui prépare en parallèle une nouvelle série de billets de banques.
La future monnaie virtuelle est aussi prévue pour servir de plateforme permettant aux intermédiaires financiers européens d’offrir des services de paiements disponibles dans toute la zone euro.
L’euro numérique se veut une alternative sur un marché européen des paiements par carte dominé par deux acteurs, Visa et Mastercard, dont les cartes ne sont pas elles-mêmes acceptées partout.
Sa distribution serait assurée par les banques et fintechs agréées.
La BCE s’engage au moment où une centaine de banques centrales dans le monde, notamment de Chine, du Royaume-Uni et des Etats-Unis, travaillent aussi à l’émission de leur propre monnaie digitale.
L’institution basée à Francfort craint que la multiplication des monnaies virtuelles, privées ou nationales, puisse saper l’influence de la monnaie unique européenne.
« Un euro numérique renforcerait l’efficacité des paiements européens et contribuerait à l’autonomie stratégique de l’Europe », a relevé M. Panetta.