30 août 2021

Temps de lecture : 3 min

« Nous ne croyons pas au tout électrique et misons également sur l’hydrogène », Juergen Guldner, BMW

Juergen Guldner est le responsable chez BMW de la technologie hydrogène et des piles à combustible. A la différence de ses rivaux allemands, VW et Daimler, qui veulent devenir 100% électrique, le constructeur munichois ne souhaite pas miser sur une seule technologie pour rendre ses véhicules moins polluants. Un pari risqué ?
Juergen Guldner
Influencia : Quelle est la stratégie énergétique de BMW ? 

Juergen Guldner : Nous nous sommes engagés à respecter les accords de Paris concernant la lutte contre le réchauffement climatique. Nous faisons pour cela beaucoup d’efforts afin de décarboner toute notre chaîne d’approvisionnement et de production. Ce processus concerne aussi bien nos fournisseurs que notre logistique et nos modèles.

IN : A la différence de vos rivaux allemands, VW et Daimler, vous refusez d’adopter une stratégie 100% électrique. Quelles sont les raisons qui vous poussent à vous différencier de vos concurrents ? 

J.G. : Sur le long-terme, nous sommes convaincus que la voie à suivre est celle de l’électrification. Mais notre objectif est avant tout de répondre aux demandes de nos clients et nous sommes persuadés que les marchés ne vont pas tous évoluer à la même vitesse. Nous allons devoir en conséquence proposer une vaste gamme de propulsions pour satisfaire tous les conducteurs. Nous nous sommes préparés pour cela. Nos nouvelles plateformes nous permettent d’assembler différents groupes propulseurs sur nos véhicules sur la même ligne de production. Cela nous permet d’être très flexible.

IN : Vous avez pris un certain retard en matière d’électrification de votre portefeuille de modèle. La toute nouvelle iX est votre première voiture 100% électrique…

J.G. : Nous avons lancé en 2013 notre premier modèle entièrement électrique avec la i3 et notre première voiture de sport, la i8. En 2023, nous allons proposer 25 modèles électrifiés. Nous pourrons ainsi répondre à toutes les attentes de nos clients. 

IN : Vous êtes également le seul constructeur en Allemagne à croire en l’avenir de l’hydrogène. Quelle est votre stratégie dans ce domaine ? 

J.G. : Nous sommes persuadés que l’hydrogène jouera un rôle à l’avenir dans l’industrie automobile. Le réservoir d’hydrogène peut être rempli en deux ou trois minutes. Par conséquent, la propulsion à l’hydrogène est particulièrement adaptée aux conducteurs qui effectuent des longues distances ainsi qu’aux clients qui doivent disposer de leur véhicule à tout moment ou qui n’ont pas un accès pratique à une installation de recharge électrique. Notre tout premier X5 à hydrogène a déjà débuté ses tests routiers et nous allons produire une petite série de voiture dès la fin de 2022 pour faire des essais sur une plus grande échelle. Il est toutefois difficile de prédire quel sera le nombre de voitures à pile à combustible qui seront vendues dans les années avenir. Tout dépendra des capacités de production d’hydrogène et du réseau de stations-services où les conducteurs pourront remplir leurs réservoirs.

IN : Ces deux obstacles pourraient être difficiles à franchir. De nombreux experts critiquent notamment le bilan carboné de l’hydrogène qui exige beaucoup d’énergie pour être produit?

J.G. : Nous n’avons pas un impact direct sur cette question car nous ne produisons pas d’hydrogène. De nombreuses initiatives ont toutefois été lancées à travers le monde pour produire de l’hydrogène vert. Le rapport de McKinsey, intitulé « Hydrogen Insights », répertorie tous les programmes qui sont mis en place dans ce sens et ils sont nombreux. L’union européenne est notamment très active dans ce domaine. Je pense que d’ici dix ans, il sera possible de se procurer de l’hydrogène renouvelable pour des prix tout à fait compétitifs. Tout cela va arriver bien plus vite que certains le disent…

IN : Le nombre de stations-service qui propose de l’hydrogène est aujourd’hui très bas et beaucoup juge que ce problème ne devrait pas être résolu avant de très nombreuses années. Cela ne risque-t-il pas de freiner le succès des véhicules à hydrogène ?

J.G. : Dans ce domaine également, de nombreux pays commencent à mettre en place des programmes qui prévoient l’installation de pompes à hydrogène dans les stations-service. Tout le monde est d’accord pour dire que l’hydrogène va jouer un rôle important dans le transport des marchandises et des personnes. Les poids-lourds et les autocars ont besoin de batteries bien trop lourdes et encombrantes et les piles à combustibles semblent être la solution idéale mais ces véhicules devront être capables de remplir leurs réservoirs sur les routes. Les propriétaires de station-service prévoient donc d’installer des pompes pour répondre à leurs besoins et ces équipements pourront aussi être utilisés pour les voitures des particuliers.

IN : Vos concurrents ne semblent pas partager la même analyse…

J.G. : Je ne peux pas parler pour eux mais nous sommes persuadés chez BMW qu’il n’existera pas une solution unique à l’avenir même si l’électrification est certainement appelée à se développer très rapidement dans les années à venir.

 

 

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