4 mai 2021

Temps de lecture : 3 min

Les humains artificiels sont déjà (presque) parmi nous

Le futurologue américain Ian Beacraft s’est penché sur un sujet technologique émergent, mais de plus en plus concret : les “synthetic media”, que l’on pourrait traduire en français par “contenus de synthèse”.

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Depuis un moment déjà, des algorithmes sont capables de modifier les visages, les corps et les décors. Cette capacité de manipuler les choses avec des algorithmes rentre dans la catégorie des ‘synthetic media’, c’est-à- dire n’importe quel contenu qui a été modifié ou qui a été totalement généré par un algorithme,” explique Ian Beacraft, en visioconférence dans un décor de sciences-fiction lors de SXSW 2021.

Ce futurologue, passé par Leo Burnett, Havas, Epsilon et Publicis Hawkeye, a créé l’agence Signal and Cipher fin 2020 : il accompagne les marques sur les thématiques de blockchain, NFT, cryptomonnaies et mondes virtuels. Il ajoute : “Hollywood modifie les visages des acteurs et les décors dans lesquels ils évoluent depuis des décennies.” Et de citer deux exemples emblématiques : le remplacement de l’acteur Paul Walker par un double numérique dans Fast and Furious après sa mort ou l’apparition d’une princesse Leia jeune dans la scène finale du film “Star Wars:Rogue One”.

Dans le langage courant, ces contenus “de synthèse” sont connus sous le nom de “deep fakes”. Ceux-ci consistent notamment à remplacer un visage dans une vidéo ou à modifier les propos d’une personnalité de façon quasi-indétectable. Le risque que ces “deep fakes” soient la source de nouvelles vagues de désinformation et représentent un danger pour les démocraties du monde entier a déjà été pointé du doigt.

Mais Ian Beacraft y voit surtout un intérêt indéniable pour tous les producteurs de contenus. “Ces technologies vont permettre à tous d’accéder à des capacités de production jusqu’alors réservées à des gens qui disposaient d’importants moyens financiers et étaient experts de ces outils. La convergence de différentes technologies va changer la façon dont nous allons produire les contenus et les consommer”, explique-t-il.

Trois types de deepfakes sont d’ores et déjà facilement accessibles :

– le clonage de la voix (“voice cloning”),

– le changement de visage (“face swapping”),

– le “puppetry”.

Le clonage de la voix consiste à prendre l’empreinte vocale d’un individu, afin de générer automatiquement de nouveaux contenus avec sa voix : c’est ce que propose par exemple la startup Lovo. Le “face swapping”, popularisé par l’application grand public Reface (anciennement Doublicat), permet de substituer le visage d’une personne par un autre dans une vidéo. Il est possible de combiner les deux pour faire dire à des individus des paroles qu’ils n’ont jamais prononcées. Le “puppetry”, enfin, consiste à modifier entièrement le corps et les mouvements d’un individu.

Ces trois techniques s’appuient sur les avancées de l’intelligence artificielle et en particulier les réseaux profonds de neurones, le “deep learning” et les progrès de la vision par ordinateur. “À mesure que ces technologies progressent, il devient de plus en plus facile de

créer des représentations très convaincantes des individus. Elles ne sont pas seulement utilisées pour créer des deepfakes, mais aussi pour créer de toute pièce des êtres numériques”, avance le futurologue. De tels avatars en 3D, de plus en plus réalistes, peuvent servir dans les jeux vidéos ou pour incarner des assistants virtuels, notamment.

Unreal Engine, le moteur de jeu vidéo du studio Epic Games (l’éditeur de Fortnite) propose ainsi un “MetaHuman Creator” tandis que Samsung a présenté en 2020 le concept “Neon” qui propose des “humains artificiels” appelés à devenir nos amis, nos collègues ou nos assistants. C’est en effet la prochaine étape : être réaliste non seulement dans la représentation des avatars, mais aussi dans la façon dont ils interagissent avec nous.

Sans aller aussi loin, ces “humains artificiels” sont déjà parmi nous : “les influenceurs virtuels existent depuis plusieurs années, la plus connue d’entre eux étant Lil Miquela, mais il y en a des dizaines. Certains forment des groupes de Kpop, comme K/DA, d’autres incarnent des marques, comme Geico ou KFC, et cette tendance explose, avec des dizaines de nouveaux influenceurs virtuels qui apparaissent chaque mois.” Ian Beacraft en est convaincu : “bientôt, vous interagirez avec un avatar dans la pharmacie du quartier, vous regarderez des vidéos en ligne mettant en scène des humains artificiels et vous payerez même pour aller voir le spectacle d’un avatar !

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