26 avril 2021

Temps de lecture : 5 min

Hélène Chorin, Brand manager Dove: « Avoir une mission sociale n’est pas un risque : c’est un must » !

76% des jeunes filles ont déjà retouché une photo d’elles-mêmes avant l’âge de 13 ans. Partant de ce constat, DOVE encourage la beauté sans filtre avec sa nouvelle campagne qui s’inscrit dans le projet Dove pour l’Estime de Soi et condamne ainsi l’attitude des réseaux sociaux peu soucieux de problématiques de la jeunesse. Interview exclusive d’Hélène Chorin brand manager de la marque Dove.

INfluencia : une campagne suffit-elle à réduire l’utilisation des filtres par les jeunes filles (notamment)?

Hélène Chorin : nous sommes une marque mondiale et avons un fort pouvoir de communication, en ce sens nous avons un rôle à jouer. Notre but est de sensibiliser à l’impact des réseaux sociaux sur l’estime des jeunes filles pour faire évoluer les consciences. Bien sûr c’est un travail de longue haleine mais en tant que marque engagée sur l’estime de soi des jeunes depuis 2004 c’est notre rôle aujourd’hui de mettre en lumière ce phénomène et de donner les outils pour agir. Cette campagne vise en effet d’une part à sensibiliser le grand public (les parents mais aussi les adultes de manière générale) à l’impact et la pression des réseaux sociaux sur l’estime de jeunes et notamment des jeunes filles. Mais surtout, nous voulons donner aux parents et aux tuteurs des outils gratuits et validés sur le plan académique qu’ils peuvent utiliser pour aider les jeunes à naviguer dans leurs expériences en ligne. Par exemple, notre nouveau guide confiance en soi aide les adultes à comprendre les défis auxquels les jeunes sont confrontés en ligne, encourage les conversations et fournit des conseils sur la façon de rendre les réseaux sociaux en un espace positif où les jeunes utilisateurs peuvent s’épanouir.

IN : avez-vous une stratégie plus concrète en dehors de cette campagne pour accompagner ces jeunes filles justement dans leur libre arbitre?

Hélène Chorin :  chez Dove et depuis dès 15 ans, nous nous efforçons de rendre une expérience positive de la beauté universellement accessible à chaque femme. Les normes de la beauté et les stéréotypes néfastes affectent l’estime de soi et la confiance des femmes et des filles dans le monde : nous avons donc pris position. Du lancement de notre projet pour l’estime de soi (le plus gros programme au monde destiné à ce sujet) à la création de la première banque d’image certifiée sans retouche numérique ou encore via notre engagement de n’utiliser aucun mannequin dans nos publicités et ne jamais les retoucher, nous agissons. En effet depuis 2004, nous avons lancé le projet Dove pour l’estime de soi – le plus grand programme d’éducation à l’estime de soi au monde, ayant déjà sensibilisé 69 millions de jeunes dans le monde. D’ici 2030, nous aurons aidé ¼ milliard de jeunes grâce à nos programmes éducatifs. En France, nous l’avons lancé en 2006 et nous avons à ce jour déjà sensibilisé plus de 1,5 million de jeunes à travers plusieurs outils (dont l’impact sur l’estime de soi a été prouvé par des comités scientifiques) : • des ateliers dans les collèges (« au-delà des apparences » disponible via notre partenaire Educ event) • des dessins animés ci-dessous, nos guides et conseils disponibles sur Dove : Nous avons une équipe dédiée qui travaille avec des experts tels que des psychologues pour développer des outils toujours plus impactants.

IN. :  avez-vous des chiffres sur les dommages psychologiques qu’engendrent l’utilisation de « l’irréel » en miroir?

H.Ch : nous avons mené des études dans nos nombreux pays dont la France et donc les résultats convergent et prouvent que les réseaux sociaux et notamment la pratique des selfies ont un réel impact sur l’estime des filles, en voici ci-dessous un extrait : Les filles qui déforment leurs photos sont plus susceptibles d’avoir une faible estime de leur corps (48%) que celles qui ne déforment pas du tout leurs photos (28%). Les filles se comparent aux autres, ce qui a un impact négatif : 29% des filles se sentent moins belles après avoir vu des photos de leurs amis sur les réseaux sociaux.  Une fille sur cinq a raté l’école en raison des commentaires négatifs qu’elle a reçu sur les réseaux sociaux.

IN. : la snapshat dismorphya commence à faire des ravages auprès de jeunes filles qui veulent faire de la chirurgie pour ressembler à leur « personnage » amélioré ou animé d’elles mêmes? est-ce un sujet dont vous pourriez vous emparer en termes de RSE? Même si ce n’est pas votre sujet… premier.

H.Ch. : Dove a une forte mission sociale dont l’un des piliers est l’estime des jeunes. A travers nos outils pédagogiques nous les sensibilisons pour qu’ils aient une image plus positive d’eux même. Nous voulons considérer le sujet de l’estime de soi dans sa globalité pour toucher le plus de jeunes dans le monde sur des sujets vastes (tels que les moqueries, critiques, comparaisons aux autres etc…). Toutefois, nous avons conscience de l’impact des filtres et avons de ce fait choisi d’axer cette nouvelle campagne sur le sujet de société effectivement important et alarmant, et nous avons re travaillé notre guide en ligne afin de donner plus de conseils aux parents sur l’utilisation des réseaux sociaux par leurs enfants.

IN. : ne pensez-vous pas que cette déformation du regard sur soi mérite que plusieurs marques grand public s’en emparent ensemble afin d’empêcher les réseaux de continuer à abimer l’image qu’ont les jeunes d’elles ou d’eux?

H.Ch. : nous reconnaissons que l’industrie de la beauté, dont nous faisons partie, a contribué aux problèmes mêmes que nous essayons de résoudre. C’est la raison pour laquelle nous croyons si passionnément qu’il faut diriger les travaux nécessaires pour inverser ces dommages et, par nos actions, nous nous efforçons de faire avancer les autres également. Nous croyons au rapprochement des gens et c’est pourquoi nous avons toujours écouté, amplifié et répondu aux appels de nos communautés du monde entier. C’est pourquoi les partenariats sont le moteur de notre action. Dans cette nouvelle ère, et avec ce message, nous voulons exploiter le pouvoir de l’action collective pour produire un impact réel et durable. Non pas pour profiter à une seule marque ou entreprise, mais pour libérer le potentiel de changement positif dans le monde qui nous entoure. Ce n’est qu’en agissant ensemble que nous pouvons faire une vraie différence.

IN. : vous êtes la première marque à avoir prôné le vrai, le naturel, le soi, etc. Et cela personne ne peut vous l’enlever. Du coup faire du lobbying à plusieurs est-ce quelque chose qui vous a déjà effleuré ?

H.Ch. : oui, nous sommes plus forts à plusieurs et voulons faire changer l’ensemble des publicitaires : en 2018, Dove s’est associée à Getty image, Girlgaze, à des femmes et des personnes non binaires du monde entier pour créer le projet #ShowUs (#Montrez Nous), une collection de plus de 12000 images qui offrent une vision plus inclusive de la beauté à tous les médias et annonceurs. Le but : briser les stéréotypes de beauté et de représentation de la femme dans les publicités à travers le monde. Les résultats sont très positifs car à jour, nous avons créé plus de 13 000 images, déjà 36 000 téléchargements et 4 460 entreprises qui utilisent nos photos pour leur support de communication. Un autre exemple aux Etats Unis : en 2019, nous avons franchi une étape majeure dans la lutte contre le racisme systémique en lançant The CROWN Coalition en partenariat avec la National Urban League, Colour of Change et le Western Center on Law and Poverty. La coalition vise à faire progresser les efforts pour mettre fin à la discrimination capillaire et créer une expérience de beauté plus équitable et inclusive pour les femmes et les filles noires. Avec nos partenaires, nous nous engageons à créer un monde plus attentionné et plus compatissant. Défendre quelque chose n’est pas un risque : c’est un must. Grâce à nos partenariats au fil des années, nous avons vu l’impact que l’action collective peut avoir. Il est maintenant plus important que jamais de s’unir pour permettre une véritable transformation.

IN. : avez-vous, enfin, l’impression que les pouvoirs publics ont conscience des dangers de ces pratiques forcément destructrices aux âges ou l’on est le plus sensible et fragile, l’adolescence

H.Ch. : les pouvoirs publics ont conscience du temps d’écran qui s’allonge, et ce d’autant plus pendant la crise sanitaire. Les derniers faits de sociétés malheureusement très tristes ont je pense malheureusement mis en avant l’impact et le danger des réseaux sociaux, sous une forme plus directe (les conflits). Les dégâts sur l’estime de soi sont moins faciles à identifier, car sont progressifs, et nous espérons que notre étude et notre campagne pourront sensibiliser les pouvoir publics à ce sujet.

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