12 octobre 2023

Temps de lecture : 4 min

La HealthTech fait des miracles dans le dépistage des cancers grâce aux IA

Dans le cadre d’un partenariat avec le Pentagone, Google dévoilait la semaine dernière un prototype de microscope utilisant l’intelligence artificielle pour mieux déceler les cellules cancéreuses. Il accompagne ensuite les radiologues dans leur diagnostic grâce à des retours visuels en réalité augmentée. Ça parait compliqué, ça ne l’est pas. Une technologie qui, dès lors qu’elle aurait franchi l’atlantique, pourrait soulager bien des services de cancérologies en France et à travers l’Europe.

Selon les estimations alarmantes de l’OMS publiées en 2016, les déficits d’agents de santé en Europe pourraient atteindre les 18,2 millions en 2030. L’année dernière encore, Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe, s’en faisait l’écho en réaffirmant que « les pénuries de personnel » sont de véritables « fléaux » qui frappent de plein fouet « nos systèmes de santé ». Comme pour nous rappeler que les trois années de pandémie n’avaient rien arrangé, il appelait les gouvernements européens à mettre en place des « stratégies efficaces, innovantes et intelligentes » pour désamorcer cette « bombe à retardement » capable de provoquer « un effondrement des systèmes de santé ». Mais justement : quelle stratégie adopter ? Revaloriser les conditions de travail des soignants, comme l’a fait récemment le gouvernement pour les infirmier.e.s. ? Élaborer une politique de santé cohérente avec la globalisation des enjeux sanitaires ? Il n’y a pas de mauvais choix.

Une autre voie, complémentaire, consiste à investir dans les technologies de la healthtech qui accompagnent déjà quotidiennement les personnels de santé. Un secteur en plein boom – 2,3 milliards d’euros levés en France en 2021 – et soutenu par le gouvernement via son plan d’investissement Innovation santé 2030 de plus de 7,5Mds€. Agnès Soucat, directrice de la Division Santé et Protection Sociale de l’AFD – l’Agence Française de Développement ne s’y trompe pas :« répondre à ce grand défi exige une main d’œuvre de la santé qualifiée et flexible, formée différemment à un travail plus collaboratif avec les nouvelles technologies pour optimiser ses compétences ». À ce petit jeu, l’Intelligence Artificielle, -aux mains des start-ups, et des ogres américains-, n’est jamais bien loin.

 

 

L’IA, ce tube de la rentrée

Dans le champ de la cancérologie, parc qu’il faut bien commencer quelque part, les États-Unis et le Pentagone viennent de nous donner un premier élément de réponse. Une présentation qui tombe à pic à quelques jours du début d’Octobre Rose, la campagne annuelle de sensibilisation au dépistage du cancer du sein et de récolte de fonds pour la recherche Pour le compte du ministère américain de la défense, Google dévoilait le 20 septembre dernier un microscope « révolutionnaire » dédié au dépistage des cancers. En utilisant l’intelligence artificielle, cet ARM, pour Augmented Reality Microscope, affiche déjà des temps records dans la détection des cellules cancéreuses et des agents pathogènes. Des chercheurs ont déjà pu le tester pour détecter des cancers du sein, du col de l’utérus ou encore de la prostate et selon les données préliminaires, la précision du diagnostic était en moyenne de 94 %. L’algorithme indique également à quel stade se situe la maladie et génère des éléments visuels en réalité augmentée pour mieux accompagner les médecins dans leur diagnostic.

 

 

Toujours au stade de développement, l’ARM sera adaptable aux microscopes existants dans les hôpitaux et les cliniques pour faciliter son intégration dans les structures de santé. Un seul radiologue étant nécessaire pour effectuer un diagnostic, contre deux, armés d’un microscope classique, cette technologie pourrait réduire de moitié la charge de travail des praticiens. Tout un symbole quand on connait l’état actuel des programmes de dépistage et des services de cancérologie. Le manque de personnel entraine l’impossibilité d’assurer un service normal, « avec des salles d’opération fermées, des programmes de dépistage raccourcis et des diagnostics reportés », précise Alcimed, un cabinet de conseil en « innovation et Développement de Nouveaux Marchés ».

Le centre de cancérologie Antoine Lacassagne de Nice, pourtant réputé dans toute l’Europe, avait par exemple dû fermer l’une de ses unités en début d’année « faute de pouvoir trouver les soignants nécessaires ». Google n’aurait donc pas de mal à trouver preneur… à condition de pouvoir débourser les 100 000 euros demandés par le géant américain. Un prix important qui pourrait décourager les prestataires de santé locaux et qui met en lumière l’un des principaux dangers que doivent éviter les start-ups de la heathtech : promouvoir une médecine à deux vitesses.

 

 

Une application qui suit et en appelle d’autres

Toujours est-il que l’environnement est propice à l’introduction progressive de l’IA dans les politiques de santé des pays industrialisés. Les jeunes pousses du secteur n’ont jamais collecté autant de données sur les patients potentiels qu’aujourd’hui et grâce au cloud, la technologie est plus accessible que jamais. En ce qui concerne le tissu entrepreneurial français, France Biotech, présentait le 17 février dernier son Panorama France HealthTech 2022. Une étude de l’association des entrepreneurs de l’innovation en santé qui venait confirmer la bonne santé du secteur : la HealThtech française compte aujourd’hui 2600 entreprises dont 800 biotech – les innovations destinées à la biologie –, 1440 medtech – celles dédiées à l’environnement de soin – et 400 sociétés de numérique en santé et Intelligence Artificielle. La filière rassemble également 50 000 emplois directs et indirects sur le territoire et développe plus de 4 000 innovations dédiées à épauler les personnels de santé.

François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, avait commenté les bons résultats affichés dans ce rapport en déclarant : « Nous pouvons nous féliciter du chemin parcouru par la HealthTech française ces dernières années ! Encourager et soutenir l’innovation en santé, c’est faire résolument le choix d’améliorer notre réponse aux besoins de santé de nos concitoyens sur tout le territoire. Telle est l’ambition que nous avons pour les Français ». Avant de conclure : « Notre engagement, qui porte déjà ses fruits dans le champ de la santé, restera donc total dans les années à venir, c’est tout le sens du plan France 2030 ». Le fameux programme d’investissement que nous évoquions en début d’article et qui aspire à faire de la France « l’une des premières nations innovantes en santé en Europe », selon les mots du Ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Comme pour les entreprises de la PropTech, un sujet que nous avons traité récemment, les jeunes pousses de la HealthTech avancent main dans la main avec les pouvoirs publics.

Chez nos lointains voisins, l’Université de Stanford dévoilait en 2017 une technique de diagnostic du cancer de la peau à base d’IA et de Deep Learning, qui, après avoir été mis en concurrence avec 21 dermatologues, présentait un taux de réussite similaire à ses confrères humanoïdes. Réalisée en Suède sur 80.000 femmes divisées en deux groupes, une étude publiée cet été dans le Lancet Oncologie avait testé les performances de l’IA à travers la réalisation d’une mammographie. Un premier groupe de patientes avait été examiné par deux radiologues, et le second par un seul praticien mais épaulé d’une IA. Je vous laisse imaginer quel groupe à enregistré « légèrement plus de cancers ». Malgré une période actuelle un peu plus contrastée après deux années records, les acteurs de la healthtech peuvent se montrer confiants… et les personnels de santé aussi.

 

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