Près de dix ans après son dernier audit, la Cour constate des avancées notables, comme l’entreprise unique, la montée en puissance de France.tv studio ou la marque commune « ICI » avec Radio France.
Mais les rigidités sociales et la classification figée des 160 métiers freinent les transformations.
« Une renégociation globale de l’accord collectif de 2013 est aujourd’hui inéluctable », souligne le rapport. Dans le même temps, la masse salariale reste élevée : elle représente encore 35 % des charges malgré une baisse de 8 % des effectifs CDI depuis 2017.
L’échec de Salto en 2022 (58 M€ perdus) reste un point noir, mais la consolidation autour de france.tv et franceinfo.fr offre une base solide. Le numérique tire même son épingle du jeu : france.tv a doublé ses usages depuis 2019, notamment auprès des moins de 35 ans.
Mais cette croissance suppose des investissements lourds, alors que la suppression de la redevance en 2022 a laissé place à une dotation budgétaire de l’État dont la pérennité interroge. Le coût des grands événements sportifs contribue notamment aux charges importantes. À titre d’exemple, le coût de couverture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 s’est élevé à 148 M€ (droits inclus), dont 39 M€ restaient à la charge de France Télévisions après compensation des recettes.
Concernant les audiences, le groupe a en réalité réussi à consolider sa place sur le linéaire : sa part a en effet augmenté d’1,5 point depuis 2017 pour s’établir à 29,8 %, portée par la progression de France 2 passée de 13 à 15,8 %.
Mais la Cour confirme en filigrane que la situation financière de l’entreprise est critique. Elle insiste sur le fait que l’entreprise se trouve dans une situation non soutenable sans réformes structurelles majeures.
Pour la Cour, seule une trajectoire financière réaliste et stabilisée, passant par l’adoption sans délai d’un contrat d’objectifs et de moyens, permettra de maintenir la mission de service public. Ce, dans un paysage bouleversé par les plateformes mondiales.
Au-delà du cas France Télévisions, le rapport met en lumière les dilemmes d’un secteur contraint de réinventer son modèle, à l’heure où les consommateurs plébiscitent des offres numériques « moins intrusives et plus intégrées » (62 % selon Deloitte).