25 octobre 2015

Temps de lecture : 6 min

La France peut-elle redevenir optimiste ?

Faut-il voir le verre à moitié plein ou à moitié vide ? La France et les Français auraient-ils tendance à toujours opter pour la deuxième solution ? Eléments de réponse.

Faut-il voir le verre à moitié plein ou à moitié vide ? La France et les Français auraient-ils tendance à toujours opter pour la deuxième solution ? Eléments de réponse.

Pendant que le « French bashing » est désormais bien implanté dans l’état d’esprit des Français, la France a plus la côte que jamais à l’étranger. Au point d’être la première destination touristique Mondiale. Il y aurait donc de quoi être fier d’être Français, mais pourquoi ne le revendiquons pas ? Pourquoi passons-nous notre temps à chercher les problèmes, ou des boucs-émissaires à nos problèmes plutôt qu’à les solutionner en collectivité ? Pourquoi nous, Français, sommes constamment en opposition avec le système dans lequel nous vivons, et que nous avons construit ?

Un manque de confiance en nous

A écouter les Français, la France va mal, l’économie est au point mort, le chaos est à l’horizon, la vie est de plus en plus compliquée. Seulement, si tout n’est pas parfait, il y a quand même un fort décalage entre notre vision de la France, et la vision de la France par rapport à l’international. Un décalage profond, qui nous appelle à nous poser les bonnes questions. La France et les Français, une véritable histoire de « Je t’aime, moi non plus ». Début 2015, le mot France évoquait quelque chose de négatif pour 41% des sondés de l’atelier CSA. Le sondage dévoile que les Français veulent de la créativité (pour 94%), et de l’innovation (pour 91%). Mais dans le même temps, si 87% voient le changement comme une notion positive, ils sont 27% à rêver de la France d’avant … Bref, bien loin de l’innovation. Ce paradoxe symbolise bien la relation entre les Français et leur pays.

Seulement voilà, nous Français, semblons oublier la puissance de notre pays. Une puissance d’attractivité tout d’abord: La France faisait partit des 20 marques-pays les plus puissantes du Monde selon le dernier Country Brand Index de Futurbrand. Dans des chiffres plus concrets, la France reste le pays le plus visité au Monde. Et ce n’est pas un hasard, la France est un des plus beaux pays du Monde, Paris est la 7eme ville la plus influente au Monde, et récemment, un puissant hebdomadaire Britannique a élu le Var comme « le plus bel endroit à visiter en Europe ». N’oublions pas non plus les massifs Français qui font se déplacer des skieurs du Monde entier durant l’hiver.

Une puissance économique: La France reste la 5eme puissance économique Mondiale, avec un des systèmes de santé les plus efficaces au Monde (le plus efficace au Monde selon l’OMS en 2000), et des infrastructures de transport remarquables. La France compte également de nombreuses entreprises rayonnant dans le monde entier: Alstom, Airbus, Air Liquide, GDF Suez, Sanofi, Chanel, Cartier, LVMH, Saint-Laurent, Areva, Total et de nombreuses autres. Toutes ces entreprises sont des leaders internationaux sur leur marché, et elles sont Françaises. A cela on rajoute une économie culturelle puissante ! Car rares sont les pays où le dynamisme cinématographique, gastronomique, et littéraire est aussi développé.

Alors pourquoi n’arrivons-nous pas à mettre ces qualités en valeur ? Un symbole marquant peut expliquer cela. En 2012, la mission Marque France est lancée lors de la nomination d’Arnaud MONTEBOURG au Ministère de l’Economie et du Redressement Productif. Initiative intéressante, qui pouvait mener à un certain élan collectif autour de nos forces. Mais cette Marque France a été laissée à l’abandon ! Personne ne s’en est préoccupé (à part la commission présidée par Philippe LENTSCHENER qui a abattu un travail considérable). Un abandon comme si les dirigeants, eux-mêmes, n’ont pas cru à son utilité, et à pouvoir fédérateur auprès de la population.

Alors où est le positif ?

Mais dans un sens comment peut-on retrouver un élan collectif, alors que nous vivons dans un terreau de négativité au quotidien ? Car cette morosité n’a de cesse d’être alimentée par ceux que nous écoutons au quotidien, et qui nous influencent forcément, à savoir les médias et les politiques. Les médias tout d’abord. La satire, qui a le mérite de tourner l’actualité en dérision, n’est clairement pas à la mode. L’actualité morose, elle, n’a pas pris de vacances : on aime débattre des heures, en se tapant verbalement, et physiquement dessus pour savoir ce qui est le mieux entre un taxi et un VTC. On aime réaliser des sujets de 7 minutes sur le chômage de masse, et le fait qu’il diminue à l’étranger. En revanche, on voit rarement, pour ne pas dire jamais, ces Français qui emploient, comme Criteo, par exemple, ces dirigeants qui ont confiance en l’avenir et qui aident l’économie de leur pays. Ou encore Mohed Altrad, ce Français d’origine syrienne qui a été élu Entrepreneur de l’Année, qui est demandé partout dans le monde, mais qu’on voit peu chez nous.

On le sait, l’économie n’est qu’une histoire de confiance. Et le positif qui donnerait confiance n’est pas légion dans les médias. Vous n’êtes pas convaincu de cela ? Tapez sur Google « le positif en France » et vous verrez que, vraiment, on manque de discours et de contenu optimiste : sept des dix liens de la première page sont consacrés aux coureurs testés positifs sur le Tour de France.

Mais les médias diffusent aussi le ton donné par les politiques (qu’ils dirigent ou non, qu’ils soient professionnels ou non). Il est temps de s’intéresser à la sémantique de nos hommes et femmes politiques. En 2012, les slogans politiques étaient tous aussi impersonnels les uns que les autres: « La France forte », « Le changement, c’est maintenant », « Un pays uni, rien ne lui résiste », « La voix du peuple, l’esprit de la France », « Prenez le pouvoir », « Le vote juste », « Pour une France libre », « Une candidate communiste », « Aux capitalistes de payer la crise », « Les Français en confiance », « Le candidat de la ruralité ».

On peut même remonter à 2007 avec « La France Présidente », « La France de toutes nos forces », « Votez Le Pen », « La fierté d’être Français », « Une gauche courageuse, ça change la vie ! ». Seul le slogan vainqueur « Ensemble, tout devient possible », a au moins le mérite d’inclure la collectivité. Comment donner un élan à un pays en doute avec une telle sémantique ? Cela reste des slogans de campagne (qui ressemblent plus à des accroches publicitaires), mais ils symbolisent la sémantique des discours politiques de ces 10 dernières années. Pas une fois le mot « Oui », pas une fois le mot « Nous ».

Le « Yes We Can » et « Forward », « Podemos », « L’espoir est en marche »

La sémantique justement, elle est radicalement différente aux Etats-Unis. On ne peut pas tout envier aux Américains, loin de là. Mais leur élan, leur patriotisme, et leur volonté d’aller de l’avant sont sans aucun doute leurs principales forces. Et la sémantique ne trahit pas cette vision. Il n’y a qu’à voir les slogans des derniers Présidents des Etats-Unis: « Yes, America can » de George W. Bush en 2004. Puis le fameux « Yes We Can » de Barack Obama. Il a enchaîné dans une volonté de dynamique identique en 2012 avec « It begins with us » (traduire par « ça commence avec nous ») et « Forward » (« en avant »). Ce « Yes We Can » reste un des slogans les plus puissants, il donne l’espoir, il rassemble autour d’une volonté, il donne définitivement un élan populaire !

Au-delà des Etats-Unis, « Podemos » (traduire par « nous pouvons ») en Espagne, symbolise parfaitement l’élan collectif et populaire. En Grèce, Syriza fut élu avec « L’espoir est en marche », résolument positif, mais surtout fortement inspiré d’une campagne bien plus ancienne. Celle qui avait pour but de faire tomber Pinochet au Chili en 1988 avec le fameux slogan des opposants: « La alegria ya viene », qui se traduit par « Le bonheur est en marche ». Paradoxalement, ces militants soutenaient le « non » au référendum, cela ne les empêchait pas de prôner un message positif, traduit également par l’univers colorimétrique de l’affiche.

Ces slogans positifs ont gagné, dans la plupart des cas, car ils se différenciaient par leur ton. Et il est intéressant de découvrir la justification du chargé de communication de la campagne de Syriza sur le site Efsyn.gr :  » Nouvelle Démocratie (le parti de droite, s’opposant à Syriza) dit constamment que des choses terribles vont se produire si Syriza gagne, nous avons voulu proposer un slogan joyeux et apaisé. Comme les Chiliens, on ne revient pas sur les épreuves passées, mais sur la joie qui régnera si nous gagnons ensemble ». Pour Syriza, inutile de rappeler que la joie fut malheureusement de courte durée…

Alors pour 2017, le principal critère de vote pourrait être le positivisme. On attend le « Yes We Can » Français, en vain ? J’espère ce slogan, cet élan positif et collectif mené par un candidat. Un élan pour donner de l’espoir, pour redonner confiance, pour redorer le blason français non pas à l’international, mais dans l’esprit des Français ! On ose espérer qu’il n’y aura pas que l’extrême droite qui sera capable de parler de ce sujet, car il est primordial. Se focaliser sur l’avenir, sur le positif, donner un élan, voilà ce qu’il manque au quotidien français. Chers candidats, à vous de jouer, on compte sur vous !

A lire également : Stop au  » Merde in France  » !

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