17 décembre 2018

Temps de lecture : 3 min

Plus rien à perdre… ou tout à gagner ?

En intitulant son Baromètre des Valeurs des Français 2018, « Puisqu’il n’y a plus rien à perdre », Kantar TNS réaffirme l’existence d’un climat anxiogène dans la société, qui, fait nouveau, suscite chez les individus, une envie d’en découdre…

En intitulant son Baromètre des Valeurs des Français 2018, « Puisqu’il n’y a plus rien à perdre », Kantar TNS réaffirme l’existence d’un climat anxiogène dans la société, qui, fait nouveau, suscite chez les individus, une envie d’en découdre…

Nous y sommes. Le baromètre bisannuel BVF qui nous permet, avec la sémiométrie, de jauger les tendances et valeurs sociétales grâce à 210 mots du quotidien entérine la version 2016, et va plus loin, comme le confirme l’actualité. « Le désir de fonctionner ensemble, l’envie de croire que tout était encore possible alors que les attentats, les migrations submergeaient la population d’une sidération jusque là inconnue, a muté, analyse Thierry Millon Directeur Expertise Quali / Market Intelligence de Kantar TNS, « aujourd’hui, si ce désir de fonctionner ensemble subsiste en toile de fond, les Français n’y croient plus vraiment ».

Des lendemains qui déchantent?

Ces 5000 personnes représentatives de la société française, soumises en juillet, aux fameux morphèmes, sont inquiètes, et prêtes à descendre dans la rue pour le faire savoir. « Ce qui a changé en deux ans ? Le sentiment que les politiques et les systèmes libéraux sont arrivés en bout de course, augmenté de la peur d’un climat chaque fois plus indomptable qui mène la planète à sa perte. Sont-ils pour autant paralysés par la peur des lendemains qui déchantent ? Bien au contraire. C’est un peu comme si informés de tout, et par conséquent du pire à venir, les Français se disaient « Puisqu’il il n’y a plus rien à perdre, il faut agir, seul, en groupe, à son échelle, à niveau national, agir en tout état de cause », précise Thierry Millon.

Guerre, détachement, doute…

Ainsi, « la guerre » arrive en tête des termes les plus présents à l’esprit des interrogés, suivis de près par ceux de « détachement », « doute », « immensité » (des problèmes à résoudre), « angoisse », tandis que les vocables « politesse », « règles », « rire », « honnêteté » semblent passer au second plan. « Cela ne signifie pas qu’il ne pensent pas à rire, et qu’ils ne veulent plus être honnêtes », précise Thierry Millon, « simplement leur priorité s’est déplacée vers l’urgence de transformer le monde, quitte à ce que l’expression du changement soit brutale ». Un clash pour repartir du bon pied ? Pourquoi pas. Si plus personne ne fait en sorte d’alimenter le déni général en se carapatant dans son propre et confortable déni intime, et personnel, alors… Tout est possible.

La fin du déni…

De ces monèmes chocs, « guerre », « angoisse », etc, Kantar TNS a extrait dix tendances, dont celles qui donnent sérieusement à réfléchir, telles que « l’antipositivisme ». « Encore une fois, éclaire Thierry Millon, « il ne s’agit pas de refuser le positivisme. Bien au contraire, les Français ne veulent plus croire aveuglément, ils veulent ouvrir les yeux, et ne plus vivre dans la négation des réalités ». Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la marque distributeur Carrefour convainc avec son « Act for food » qui, plus qu’un discours propose des actions concrètes. « L’activisme qui légitime la violence » est une deuxième tendance: « Puisqu’il n’y a plus rien à perdre… répète Thierry Millon comme un mantra. Cela fait deux ans que le passage à l’acte domine le collectif. Peu importe le nombre. C’est l’acte qui prime… Chacun s’exprime, défile, se rassemble, se bat. Les Végans attaquent les bouchers, les consommateurs de plusieurs capitales luttent contre le plastique, les individus se rassemblent contre les violences homophobes, les gilets jaunes, enfin font trembler les politiques et paralysent les villes.

Faisons preuve de… discernement?

Cette urgence à agir, est également et paradoxalement présente dans l’innovation, poursuit Thierry Millon, « la nécessité d’agir, d’inventer la suite est partout présente, car c’est excitant aussi d’être devant cette page blanche, de devoir repenser le monde, de devenir partie prenante de demain… ». Reste que cette période trouble, violente, mouvante, angoissante, -puisque ce sont les mots qui ressortent de ce baromètre-, permet en parallèle aux populismes de brandir la peur et la méfiance pour mieux régner. Alors un dernier mot : faisons preuve de… discernement ?

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