14 mars 2018

Temps de lecture : 4 min

 » Répondre au besoin de consommation des articles originaux made in Africa « 

Alors que l'Afrique subsaharienne de l’Ouest, symbole de l'AfricanFrench Tech, est en pleine transformation digitale avec des écosystèmes locaux qui se construisent, la scène entrepreneuriale ivoirienne se développe. Grâce notamment à des incubateurs comme l'AfricaStartup Network. Interview.

Alors que l’Afrique subsaharienne de l’Ouest, symbole de l’AfricanFrench Tech, est en pleine transformation digitale avec des écosystèmes locaux qui se construisent, la scène entrepreneuriale ivoirienne se développe. Grâce notamment à des incubateurs comme l’AfricaStartup Network. Interview.

Dans une énième vidéo virale de Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook assure, avec un art du storytelling un brin romancé, que son objectif initial n’était pas de bâtir le premier réseau social mondial. Il voulait simplement impacter. Ce verbe inspire et nourrit la plupart des nouveaux entrepreneurs africains. Ces jeunes ont pour ambition de faire partie de la solution en proposant de résoudre des problématiques inhérentes à l’Afrique. Pour l’éco-système de l’innovation digitale en Afrique sub-saharienne, le contexte économique est porteur. Le taux de croissance annuelle (6,1%) est plus élevé que la moyenne mondiale et à ce rythme, la zone enregistrera plus d’un demi milliard d’abonnés unique au mobile d’ici 2020. Selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA), l’Afrique subsaharienne peut se targuer d’être le marché mobile le plus dynamique du monde avec 420 millions d’abonnés unique fin 2016, soit un taux de pénétration de 43%, qui en 2016 représentait 7,7% du PIB de la région. Autant dire qu’en Côte d’Ivoire, l’AfricaStartup Network dispose d’un terreau favorable pour porter l’éclosion de jeunes pousses avides d’innovation.

Créé en juillet 2015, l’AfricaStartup Network se décrit comme  » incubateur de synergies « . Il encourage la collaboration à la fois entre les investisseurs de la diaspora africaine et les jeunes entrepreneurs locaux. Mais aussi entre les start-up et les grandes entreprises. Réseau collaboratif soutenu par les agence EEDEE et Acteef, et animé par neuf salariés, l’incubateur ivoirien accompagne dans la fintech, l’e-commerce, l’emploi et l’Edtech.  » Nous n’avons pas encore fêté une belle réussite à 1 million d »euros mais sommes satisfaits du travail réalisé « , avoue Mamadou Doumbia Junior, co-fondateur et serial entrepreneur. Fleuron de l’AfricaStartup Network, la marketplace de mode africaine PagnAfricain possède une communauté organique de plus de 385 000 fans sur Facebook. Elle permet aux designers de mode africains de vendre facilement à l’international via une plateforme solide, sécurisée et intégrant les paiements électroniques, dont Paypal et Stripe.

Autre fierté de l’incubateur, Kalejob, qui va bientôt débarquer en France. L’application permet aux jeunes en quête d’emploi de recevoir les opportunités et d’y postuler sans internet par SMS avec n’importe quel type de téléphone mobile. Enfin, il y a aussi Barahub, une application web et mobile qui permet aux usagers de trouver facilement des artisans qualifiés à proximité pour des travaux de dépannage et réparation.  » À l’instar de la Côte d’Ivoire, l’ensemble de l’Afrique subsaharienne de l’Ouest, qui forme la grande partie de l’AfricanFrench Tech, est en pleine transformation digitale avec des écosystèmes locaux qui se construisent. C’est le moment propice pour investir ou se lancer dans l’écosystème des start-up digitales « , assure Mamadou Doumbia Junior, également fondateur et CEO d’Acteef. INfluencia Africa a voulu en savoir plus.

INfluencia : vos critères et vecteurs d’incubation sont-ils très spécifiques à l’Afrique subsaharienne de l’Ouest ou sont-ils les mêmes qu’en France, par exemple ?

Mamadou Doumbia : nos premiers critères et vecteurs d’incubation de start-up sont peut-être spécifiques à l’Afrique subsaharienne de l’Ouest à cause de la proximité de ce marché local. Mais nous restons ouverts avec une vision globale. Parce que si la marketplace PagnAfricain permet de proposer une solution facile de commerce électronique transfrontalier aux créateurs de mode en Afrique, en même temps elle permet de répondre au besoin de consommation des articles originaux  » made in Africa  » des clients français ou canadiens, par exemple. C’est le même cas pour Kalejob. Le chômage et l’accès à l’information des offres d’emplois disponibles demeurent une problématique mondiale. En définitive, nos critères et vecteurs d’incubation s’alignent sur le modèle de la France parce que la majorité de nos start-up ambitionnent de se développer à l’international.

IN : qu’est-ce qui caractérise en 2018 l’innovation digitale en Côte d’Ivoire ?

M.D. : la transformation digitale s’érige progressivement comme un des piliers qui porteront l’émergence de la Côte d’Ivoire. Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France est venue à Abidjan en février dernier pour signer un accord de coopération avec le District autonome d’Abidjan. L’accord signé prévoit que l’Île-de-France apporte son expertise dans de nombreux secteurs, dont l’innovation et l’entrepreneuriat. Parmi les premiers projets qui y seront mis en œuvre figurent l’appui au réseau d’incubateurs francophones franciliens et africains, Sprint, ainsi que la création d’une école de codage. Malgré un secteur bancaire inadapté à l’investissement dans l’innovation digitale, les entrepreneurs d’innovation en Côte d’Ivoire continuent d’investir dans l’agriculture, la fintech, l’éducation, l’e-commerce, la santé, le transport et dans la technologie en général. C’est pourquoi, ils attirent de plus en plus les investisseurs internationaux.

IN : mais concrètement, par quoi peut aujourd’hui se réaliser le secret de la créativité et de l’innovation digitale ?

M.D. : par le mobile et l’observation des besoins pour apporter une réponse adaptée. Le mobile est la clé du digital en Afrique. Est-il en train de transformer le continent africain ? Incontestablement. Dans certains pays comme le Sénégal, le téléphone portable ne permet pas seulement d’appeler et d’envoyer des messages : de nombreux agriculteurs sénégalais ont ainsi pris l’habitude de consulter les prix des marchés sur leur mobile grâce à des solutions basées sur la technologie USSD avant de procéder à une transaction avec un intermédiaire. Dans d’autres, le mobile permet même de déclarer la naissance des enfants et donne aussi le droit aux couches sociales exclues des circuits financiers classiques de bénéficier du mobile banking. Le mobile est une véritable opportunité pour l’Afrique et il est nécessaire de penser mobile dans vos solutions, vos stratégies, votre marketing, votre communication.

Pour en savoir plus sur AfricaStartup Network, cliquez sur la photo ci-dessous !

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