25 février 2014

Temps de lecture : 3 min

Un détecteur de mensonge pour les réseaux sociaux en 2015

Traquer la fausse e-information, remonter son origine et suivre son évolution en temps réel sur les réseaux sociaux. Tel est le pari de chercheurs d'universités et d'entreprises européennes. Ce programme devrait voir le jour dans 18 mois.

La démission de Jonathan Ive, « Le » designer d’Apple, le décès de personnalités comme dernièrement celui de Richard Virenque ou encore l’intervention de l’armée pour mater les émeutiers à Londres en 2011… les rumeurs vont bon train sur les réseaux sociaux et peuvent être lourdes de conséquences. Car si certains comme Elie Semoun désamorce la bombe avec humour en tweettant : « je confirme mon décès », ou comme Zayn Malik de One Direction qui avec opportunisme lance un Single en même temps que sa résurrection, d’autres en pâtissent. Tel ce canadien lambda injustement accusé de distribuer alcool et drogue à des ados et tabassé, ou encore l’enquête menée par les journalistes américains trop pressés après les attentats de Boston, et polluée par des « oui dire » pas toujours vérifiés !

Un détecteur de rumeurs en ligne pour faire la part du vrai du faux

La rumeur digitale est donc aussi contagieuse qu’un virus, et face à ce fléau, des chercheurs de cinq universités -Sheffield, Warwick et King’s College en Grande Bretagne, Saarland en Allemagne et Modul à Vienne- et quatre entreprises européennes -Atos, iHub, Ontotext et swissinfo- travaillent, depuis 3 ans, sur Pheme (en référence au personnage mythologique grec réputé pour tout ébruiter). Ce programme qui doit mettre au point un détecteur de mensonges spécifique à Internet et financé en partie par l’Union Européenne, est piloté depuis l’université de Sheffield. Son objectif est d’élaborer un logiciel capable d’analyser la forme et le fond, automatiquement et en temps réel, de l’ensemble des textes diffusés en flux continu sur les réseaux sociaux (vidéos, photos, blogs, sites…), pour identifier les mensonges et/ou fausses rumeurs. En effet, l’outil va mener « seulement » une enquête linguistique, l’étude d’images étant trop compliquée. Ainsi, dès publication, toute information sera décortiquée sous les angles de la syntaxe, du lexique et de la sémantique, puis croisée avec des sources jugées fiables.

Enfin, il réalisera un historique des comptes pour établir s’ils ont été juste créés pour répandre de fausses informations et évaluera sa validité selon une classification établie après avoir remonter le circuit de diffusion intégrant les bureaux de presse, les journalistes, les experts, les témoins oculaires, le public ou les posts automatiquement générés. De quoi bien déterminer à qui profite la rumeur et pourquoi. Cependant, ce double contrôle sur la fiabilité de l’origine de la source et sur les intentions devrait surtout permettre de faire plus rapidement la part du faux du vrai et d’étouffer le fake dans l’œuf aussi vite qu’il est né.

Une première version opérationnelle d’ici à 18 mois

Cette démarche cadrée scientifiquement et qui garantit la validité des posts ne pourra qu’être salutaire pour les réseaux sociaux. Car en les sortants de l’ornière de la rumeur, elle leur donne la possibilité de préserver leur rôle spontané et essentiel qu’ils peuvent jouer lors d’événements comme le Printemps Arabe, le tremblement de terre en Chine, ou l’atterrissage en urgence d’un avion sur l’Hudson. Mais aussi celui de fournisseur d’informations utiles, bien qu’encore très intuitives, sur des sujets plus superficiels comme l’engouement pour un produit ou une marque, le succès d’un film, l’impact d’un débat politique. Un vrai complément au fact checking utilisé pour déjouer l’intox des entreprises ou des politiciens

Une première version devrait être opérationnelle d’ici à 18 mois avec quatre niveaux d’entrée pour les utilisateurs : désinformation, fausse information, spéculation et controverse. Chaque résultat de recherche sera résumé sur un tableau de bord visuel qui permettra d’évaluer d’un coup d’œil l’évolution et la véracité de la rumeur. Les premiers à en bénéficier devraient être les gouvernements et les services d’urgence ou de secours. En espérant qu’une variante pour les entreprises et les médias suive rapidement.

Florence BerthierRubrique réalisée en partenariat avec ETO

Source : bbc.co.uk et King’s College Cambridge

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