9 novembre 2016

Temps de lecture : 7 min

Fotofever : l’ambassadeur de l’art photographique

"Puis-je m'offrir une légende de la photographie ?", "A quel moment une photo devient une oeuvre d'art?"... Fotofever, jeune foire de photographie prospective et contemporaine, lève les freins pour mieux susciter des vocations de collectionneur et renouveler un marché. Avec en supplément l'ambition de mettre en lumière et de soutenir uniquement des artistes vivants. Cécile Schall, sa fondatrice nous raconte cette 5ème édition et ses ambitions pour cet événement parisien.

« Puis-je m’offrir une légende de la photographie ? », « A quel moment une photo devient une oeuvre d’art? »… Fotofever, jeune foire de photographie prospective et contemporaine, lève les freins pour mieux susciter des vocations de collectionneur et renouveler un marché. Avec en supplément l’ambition de mettre en lumière et de soutenir uniquement des artistes vivants. Cécile Schall, sa fondatrice nous raconte cette 5ème édition et ses ambitions pour cet événement parisien.

« L’art contemporain, ce n’est pas pour moi : je n’ai pas d’argent, je n’y connais rien »… C’est pour ne plus entendre cet argument infondé que Cécile Schall, ancienne marketeuse de chez Danone, Louvre Hôtel ou Nestlé, a lancé, en 2011, Fotofever. Une foire indépendante et prospective dédiée à la photographie qui répond également à une autre aspiration tout aussi généreuse mais plus intime : « Après m’être occupée pendant deux ans du patrimoine artistique de mon grand père », précise-t-elle « il était clair que ma seule envie était de faire ce que je savais : promouvoir et soutenir des artistes vers le grand public plutôt que les marques. Je voulais mettre mon expérience marketing au service de ceux qui ont besoin d’émerger. Trop de talents crèvent la faim et n’obtiennent pas la reconnaissance de leur vivant qu’ils méritent pourtant ».

Un rendez-vous culturel, artistique et utile donc où transparence, curiosité, accessibilité, pédagogie et humanité sont les principes fondateurs pour laisser l’entière vedette à la photographie à travers ses auteurs et leurs démarches prospectives et des galeristes français ou du monde entier qui seront cette année au nombre de 75. Pour interpeller encore davantage les connaisseurs confirmés sur les artistes de demain mais aussi et surtout pour inciter le grand public à s’y intéresser et à se lancer en tant que collectionneur. Entre autres astuces : son programme d’initiation « Start to collect » curaté par un commissaire d’exposition invité, et dédié aux novices et aux amateurs.

Se laisser guider dans une scénographie en zig zag pour plus de fluidité

« Pas facile de s’y retrouver dans le paysage des foires d’art », insiste Cécile Schall « c’est pourquoi j’ai demandé dès le départ à toutes les galeries d’afficher leurs prix bien clairement à côté des œuvres. De même, nous éditons et distribuons le « Book », un guide résumant les codes du marché, de la photographie et les tarifs ». Un concept courageux, didactique, mûrement réfléchi autour de la création artistique, car l’objectif est bien de permettre au visiteur d’éveiller le collectionneur qui sommeille en lui et d’oser débuter. Mais aussi de permettre à des artistes de rencontrer de leur vivant leurs fans et de vivre de leur discipline et ainsi de dynamiser un secteur en l’ouvrant à une nouvelle génération d’amateurs. Un concept aussi qui donne la part belle au lieu physique pour promouvoir l’art photographique. Et c’est important à l’heure du virtuel où tout semble facile, accessible et où l’image est omniprésente. Comme en témoigne cette opération belge co-imaginée par Culture Club, une émission TV dédiée à l’art avec l’agence, Mortierbrigade, pour permettre aux instagrameurs d’exposer leur meilleure photo, via le hashtag #cultureclubinsmak, au S.M.A.K, l’un des grands musées d’art contemporain en Europe (voir ci-dessous). Un rendez-vous d’autant plus important qu’en nous ouvrant à de nouveaux possibles et en nous troublant par ses photos, il répond et/ou stimule l’une ou plusieurs des 9 intelligences développées par l’humain dont INfluencia s’est fait l’écho. Or face à la machine ou à l’intelligence artificielle -pour surfer encore plus sur la vague- il est essentiel de se challenger, d’en prendre plein la tête pour oser !

Face à cette concurrence de la toile et d’autres institutionnels, la mission de la jeune Fotofever pour promouvoir le talent, en place de Paris, n’est pas simple. Alors, pour cette édition 2016, qui se tiendra comme les précédentes au Carrousel du Louvre -tout juste rénové- du 11 au 13 novembre, sa fondatrice innove. Pour se donner les moyens et ne pas se laisser abattre par l’édition 2015, durement touchée par les attentats du Bataclan. Pour passer un nouveau cap alors que l’événement fête son cinquième anniversaire. Elle nous raconte sa marque, son modèle économique, ses nouveautés, son avenir.

IN : pourquoi une foire consacrée à la photographie plutôt qu’à la sculpture ou la peinture ?

Cécile Schall : la photographie et plus particulièrement la jeune photographie est une porte d’entrée plus accessible au marché de l’art que d’autres disciplines. Esthétique, spontanée et permettant une créativité infinie, elle établit tout de suite un lien de proximité. Et ça marche : cette année 75 galeries françaises et internationales participent. Chacune présentera entre 1 et 4 artistes, soit des centaines de photos. Et nous comptons ainsi bien attirer 15 000 visiteurs avec parmi eux un maximum d’acheteurs.

IN : d’où vient cet intitulé ?

C.S. : je suis une amoureuse des marques et de ce qu’elles signifient. Ce nom exprime la fièvre acheteuse dont certains sont capables quand ils ont un coup de cœur. Il indique aussi l’événement et le lieu chaleureux où partager sa passion et acheter pour soutenir des artistes de leur vivant.

IN : à qui vous adressez vous ?

C.S. : il n’y a pas d’âge pour démarrer ou enrichir une collection. Nous voulons à la fois créer une nouvelle génération de collectionneurs en nous adressant aux jeunes Y et Z, et révéler aux collectionneurs aguerris des talents émergents.

IN : à quelle émotion répondez-vous ?

C.S. : celle d’être heureux. En permettant la découverte d’une pépite ou de mettre en lumière la star de demain, bien sûr. Ou de constituer sa collection comme une création à part entière, comme un portrait de soi. On a besoin d’émotion, de se faire plaisir mais on doit se sentir libre d’aimer et d’acheter. Il est important de faire comprendre aussi que si ce que tu aimes est très personnel, c’est bien de pouvoir le partager et révéler une part de soi. Enfin, nous voulons aider les hésitants à sauter le pas en leur disant : « mais allez-y ! Car cette émotion d’un jour, si vous osez acheter, vous pourrez la revivre toute votre vie chez vous ».

IN : en quoi Fotofever se distingue de ses concurrents ?

C.S. : par sa taille humaine, beaucoup de pédagogie, d’échanges, d’interaction, de découvertes. On n’y parle pas de photographes mais d’artistes. Car la photo fait partie de la palette de création. De plus, on se situe dans des choses modernes et plus en cohérence avec ce que le public recherche. D’ailleurs, en tant que foire contemporaine nous mettons un point d’honneur à présenter exclusivement des artistes vivants. Car, pouvoir les rencontrer ou leur galeriste donne une dimension dynamique à leur œuvre. C’est une invitation à découvrir leur histoire, leurs coulisses, et qui enrichit le fait de se laisser happer par un univers dans son inconscient.

Mais ce n’est pas toujours évident de se repérer dans une foire contemporaine. Alors nous avons mis au point le programme « Start to Collect », qui indique exactement ce qu’on doit savoir avant d’acheter et qui s’inscrit dans le partage et la convivialité. Il accompagne, donne des clés pour mieux se retrouver dans la foire où tous les prix sont affichés. On a créé un petit parcours guidé qui réunit les 10 coups de cœurs de l’équipe. De plus, outre recevoir un guide gratuit, chaque visiteur peut acheter le Book à la couverture rigide et financé notamment grâce à une opération sur KissKissBankBank. Avec à la clef des tarifs préférentiels, des coupes-fil, 5 reproductions de Muriel Bordier et une œuvre de Laure Fauvel. Ou peut assister à des discussions thématiques comme : « A quel moment une photo devient une œuvre d’art ? », « L’art du shopper : que dois-je savoir avant d’acheter » ou encore « Puis je m’offrir une légende de la photographie »… et dès son premier achat pendant la foire, on devient membre du « Club des collectionneurs ». Donnant un accès privilégié à toutes nos activités.

IN : 2016 est votre 5ème édition. Un traitement particulier ?

C.S. : c’est l’année d’un nouveau cap, des investissements et des innovations. Nous avons renforcé « Start to Collect » avec dès l’entrée de la foire, « L’appartement du collectionneur ». Divisé en 4 univers (paysage, nature morte, portrait et « au-delà du réel »), il propose sur 130 m2, une mise en lumière d’œuvres sélectionnées marquées d’une pastille jaune pour indiquer que leur prix est inférieur à 5000 euros. Ensuite, parce qu’il n’y a pas d’âge pour développer son goût pour la collection, nous lançons « Les P’tits collectionneurs », des ateliers gratuits pour 6/12 ans où tous les après-midi, on apprend à regarder une oeuvre et comprendre comment un artiste crée. Enfin, nous créons une nouvelle scénographie avec des stands en zig zag avec pour objectif qu’il n’y ait plus ce tube d’espaces linéaire ennuyeux et classique mais un effet d’ouverture car plus fluide et propice aux échanges et aux discussions.

IN : au-delà de sa vocation initiatique votre programme « Start to collect » veut aussi mettre cette passion à la portée de toutes les bourses. Le ticket d’entrée ne reste t-il pas élevé ?

C.S. : faire sauter le frein à l’achat en proposant des œuvres de 300 à moins de 5000 euros est bien dans notre objectif. Alors, c’est sûr il faut quand même un peu de sous, mais c’est un choix. C’est ce que racontent certains de nos récents collectionneurs -parfois de 25 ans- des années précédentes dans le Book.

IN : comment voyez vous l’avenir ?

C.S. : chaque édition est un miracle, raison pour laquelle nous voulons développer notre business model qui repose pour l’instant sur les galeries, le catalogue et la billetterie. Et inciter les entreprises à démarrer des collections ou à nous sponsoriser. Ce qui nous permettrait d’équilibrer les sources de financement à 50/50.

L’avenir de Fotofever va bien au-delà de la foire, c’est désormais une marque qui va vivre toute l’année pour promouvoir la collection entre tous les amoureux de l’art. Ainsi nous allons toute l’année créer un lien continu grâce à un plan de com étalé dans le temps sur nos réseaux sociaux, via « Fotofever online » qui génère une communauté de 4500 fans et avec des prises de paroles dans « Le Mag » sur notre site (refondu cette année) qui présente des articles explicatifs, des bons plans, des soutiens… Mais aussi en lançant « Fotofever hors les murs », en mai 2017 (le nouveau mois de la photo). Un parcours découverte qui se déroulera non pas dans un seul endroit mais dans 50 galeries partenaires.

IN : votre coup de cœur 2016 ?

C.S. : plein. Avec une mention spéciale pour Edouard Taufenbach, un artiste que j’ai découvert il y a déjà deux ans, qui continue de me toucher et qui, j’en suis sûre, va prendre de la valeur. Venez voir, vous ne serez pas déçus.

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