13 avril 2023

Temps de lecture : 3 min

Et si on créait le statut de licorne à impact ?

Pour obtenir ce « titre », une entreprise à impact doit générer chaque année au moins 50 millions d’euros de réduction de coûts pour la société. Une étude publiée par Impact France et BCG montre qu’aucune société actuelle ne serait capable d’atteindre ce chiffre. Des programmes pourraient toutefois être lancés pour favoriser la naissance de ces licornes à impact.  

Et si au lieu de penser aux actionnaires, on privilégiait plutôt les bénéfices sociaux et environnementaux ainsi que les coûts évités à la société ? Les licornes sont souvent mises en avant pour illustrer le succès de la French Tech. INfluencia participe à ce mouvement en interrogeant chaque mois, dans sa rubrique La Licorne du mois, un fondateur et/ou dirigeant d’une de ces jeunes pousses de moins de 10 ans qui sont nées grâce à une innovation de rupture et dont la valorisation financière dépasse le milliard de dollars. Face à la multiplication des crises écologiques et sociales et les engagements croissants pris par la France pour y répondre notamment au niveau européen, Impact France et Boston Consulting Group viennent de publier, en partenariat avec Ipsos, une étude sur les licornes… à impact.

Cette enquête très intéressante définit comme nouveau critère de valorisation les coûts évités pour la société, soit le montant que la société économise grâce à l’activité de l’entreprise. Dans le cas de Simplon, par exemple, qui a pour objectif de faire du numérique un levier d’inclusion dans l’emploi, le calcul des économies réalisées par l’État renvoie à la somme des prestations sociales (RSA, allocation de retour à l’emploi, accompagnement par le service public de l’emploi…) évitées pour chaque bénéficiaire accompagné par cette jeune pousse. Dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, le montant des coûts évités permis par l’activité d’une entreprise comme Phenix, spécialisée dans la récolte des invendus de grandes surfaces et leur redistribution, découle des tonnes de CO2 économisées par tonne de nourriture sauvée.

Selon cette étude, les 5 start-ups analysées permettent en moyenne d’éviter à la société des coûts équivalents à 30% de leur chiffre d’affaires. Si ces sommes étaient prises en charge par l’État et ajoutées à leur chiffre d’affaires, le résultat net de ces start-ups deviendrait largement positif, puisqu’il représenterait environ 12% de leur chiffre d’affaires alors qu’elles accumulent actuellement une… perte moyenne équivalente à 15% de leurs revenus. Simplon génère, à elle seule, une économie de 17,4 millions d’euros, loin devant Phenix (7,1 millions d’euros), Each One (5 millions d’euros), Café Joyeux (0,9 million d’euros) et May Santé (0,6 million d’euros). Toutes ces entreprises à impact sont toutefois loin de d’atteindre la somme de 50 millions d’euros de coûts évités définie par l’étude pour parvenir au statut de licorne à impact. Plusieurs facteurs expliquent ce triste constat.

Trois principaux freins ralentissent le développement de ces jeunes pousses. A peine un tiers de ces structures réalise plus de 20% de leur volume d’affaires avec des grands groupes. Leur taille trop modeste et la lourdeur des processus d’achat ou de partenariat les empêchent de travailler avec des multinationales aux reins solides. Mais grandir demande des fonds et à peine 19% des entreprises à impact parviennent à lever des liquidités en externe alors que près de la moitié (46%) des start-ups classiques y parviennent. « Last but not least », la moitié des structures à impact estime que le soutien de la puissance publique à l’innovation sociale et/ou écologique reste insuffisant, notamment sur le plan fiscal. 62% des 223 dirigeants interrogés par Ipsos sont favorables à la mise en place de crédits d’impôts recherche et innovation dédiés et 47% à la création d’un label grand public leur permettant d’être mieux identifiés par les clients et partenaires.

Pour aider ces compagnies à devenir licorne, l’enquête d’Impact France et de BCG détaille trois propositions. Une généralisation de l’utilisation de l’indicateur des coûts évités, pour l’impact positif y compris dans la comptabilité extra-financière, serait une première piste intéressante à suivre. Fixer l’objectif de 10 licornes à impact parmi les 100 licornes attendues d’ici 2030 pourrait, par ailleurs, être atteint grâce à la mise en place d’un programme
« Next Impact 40 » de la French Tech qui redirigerait 10% des fonds de France 2030 destinés aux entreprises vers les sociétés à impact. Et pourquoi ne pas créer un statut de « Jeune Entreprise à Impact » qui permettrait à toutes les entreprises générant des coûts évités, d’obtenir un crédit d’impôt sur leurs cotisations sociales ? Les propositions sont sur la table. Les pouvoirs publics n’ont plus qu’à les saisir…

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