9 juin 2009

Temps de lecture : 2 min

Entre conte de fées et foire aux monstres

Il paraît qu'elle est en clinique psychiatrique pour vedettes en détresse. Susan Boyle est en pleine nervous breakdown, victime de son succès. Mais que serait-elle devenue si en lieu et place de monceaux d'éloges, l'étrange écossaise avait été clashée ?

Il paraît qu’elle est en clinique psychiatrique pour vedettes en détresse. Susan Boyle est en pleine nervous breakdown, victime de son succès. Mais que serait-elle devenue si en lieu et place de monceaux d’éloges, l’étrange écossaise avait été clashée ?

Car si les belles histoires de réussites d’inconnus créent l’engouement, les media sociaux sont aujourd’hui plus proches des jeux du cirque que du quart d’heure de célébrité. Le succès version 2.0, c’est autant le pinacle que le pilori.
Je clashe tu clashes nous clashons elle est clashée!Le clashing, sport favori de la nation internaute, n’en déplaise à Nadine Morano pour qui un mignonet menteuse suffit à exiger des excuses. Chocking, menteuse ? Pas sûr.
« t moche un vrai thon. A ta place j’irrai tous de suite o bout d’une corde… ». Voilà le genre de commentaires adressés à « Amandine du 38 », rappeuse en herbe maladroite s’il en est. Si le ridicule ne tue pas, heureusement pour elle, les attaques extrêmement agressives dont elle fait l’objet ne laisseront pas, je le crains sincèrement, son amour propre intact. « té ridicul vient dans mon kartier tu tien pas 5minute bolos » n’est-ce pas juste une menace qui, dans un autre contexte, pourrait flirter avec le pénal (n’est-ce pas Nadine) ?
Cindy Sander, Amandine ou Chris Crocker dont le « leave Britney alone » a généré plus d’insultes homophobes que l’Amérique en a jamais connues… tous sont devenus nos nouveaux gladiateurs, victimes de la sagesse des foules.
Je suis le dernier à réclamer un contrôle policier des media sociaux, qu’on pourrait également qualifier de media libres (n’en déplaise à Nadine). Néanmoins, je m’interroge… Une menace, une injure homophobe, raciste ou sexiste a-t-elle moins de conséquence lorsqu’elle est postée en commentaire d’une vidéo sur youtube ? Pas sûr. Et pourtant, on s’en délecte. Elle s’est trop fait clasher. Du sang des molards et des boyaux. Les responsables, ce ne sont ni les lyncheurs qui vocifèrent ni les lynchés qui l’ont bien cherché. Et si les responsables, c’était un peu nous ?
Puisque notre métier est souvent de suivre et de surfer sur les tendances, alors devons-nous séduire les jeunes à coup de « trouve le pire bolos à clasher et gagne ton poids cacahuètes » ? Plutôt que d’interdire ou de singer les jeux du cirque, j’aime à penser que notre mission est aussi d’imaginer le contenu qui, en comparaison fera de « dégage sal put » un commentaire simplement inintéressant, qui passera, de ce fait, inaperçu.
Amandine du 38, pardonne-leur, ils s’ennuient.

Rémi Marcelli, directeur du planning stratégique de Duke

Amandine du 38

Amandine « clashée »
 

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