28 mai 2025

Temps de lecture : 3 min

EnterTen 2025 : ce que les nouvelles tendances de l’entertainment disent de notre époque

Dans son étude EnterTen 2025, Webedia identifie dix tendances structurantes qui dessinent les contours d’un nouveau rapport à la culture populaire, entre fragmentation des usages, polarisation émotionnelle et hybridation technologique.

L’étude EnterTen 2025 s’inscrit dans un contexte de bouleversements profonds : crise de l’attention, essor des IA génératives, fatigue médiatique, revalorisation du temps personnel… Et pourtant, jamais les contenus n’ont été aussi massivement consommés. Le divertissement ne disparaît pas — il change de forme, de canal, de temporalité, comme le résume Marion Bories, Directrice Insights & Marketing chez Webedia : « Les audiences ne vivent pas l’entertainment en silos. Elles font exploser les cases et les projections ». Sur la base de ses audiences propriétaires (AlloCiné, JV, Purepeople…), de ses studios et partenaires, Webedia dresse une cartographie claire et nuancée du nouveau paysage du divertissement.

1. Indéboulonnables événements-héros

Les grands rendez-vous continuent de fédérer — à condition d’être ritualisés, scénarisés, et ultra-éditorialisés. 54 % des répondants déclarent que les événements “live” créent plus d’émotion que les contenus à la demande. Koh-Lanta, Popcorn Festival, matches de LFL, ciné-concerts : le direct et le rendez-vous partagé conservent une forte valeur de cohésion.

2. Hyper-distribution et pluri-consommation

Un contenu peut vivre sur une douzaine de supports et formats : spin-offs, teasers, best-of, forums, Reels, podcasts, Discords… Chaque point de contact devient une occasion de prolonger le récit. Pour les marques comme les éditeurs, cela implique de penser en “écosystème narratif”, pas en silo.

3. Un ‘content lake’ toujours plus grand

Plus de 75 % des audiences interrogées déclarent être dépassées par l’offre disponible. Le risque ? Une “culture snackée”, sans ancrage. L’étude pointe une nécessité croissante de curation éditoriale : agrégation intelligente, tri, recommandations humaines. La marque qui filtre plutôt que celle qui surcharge peut gagner en capital sympathie.

4. Le retour du téléviseur

Contre toute attente, l’écran de télévision revient en force, notamment chez les 18-34 ans, en tant que device de confort partagé. Plus de 40 % d’entre eux déclarent consommer YouTube ou Twitch sur leur TV, cherchant une expérience de “salon numérique”. Le mobile reste dominant en mobilité, mais la TV regagne en intensité d’usage.

5. La nouvelle vague “vintage”

Vinyles, jeux rétro, sitcoms des années 90… La nostalgie devient une esthétique. L’étude note une progression de +32 % des recherches liées à des contenus vintage ou réédités en 2024. Cette tendance traduit un besoin de stabilité dans un monde perçu comme instable, mais aussi un appétit pour le tangible et le connu.

6. Représenter le réel

Documentaires, fictions sociales, récits de parcours : 61 % des répondants déclarent vouloir des contenus “qui racontent la vraie vie”. Le succès de formats comme Les Rencontres du Papotin ou L’Arabe du Futur témoigne de cette envie d’authenticité. Le réalisme devient un levier d’identification et de réassurance.

7. Échappatoires et catharsis

Les contenus se polarisent en deux grands pôles émotionnels. D’un côté, le « feel good » assumé, incarné par les romcoms, la “cosy fantasy” ou encore les récits estampillés #newromance. De l’autre, un registre plus brutal et cathartique, qualifié de « feel mean », qui met en scène des anti-héros, des récits sombres et des désirs de vengeance. Cette tension entre chaleur et cynisme reflète des usages émotionnels du divertissement, utilisé tantôt comme un mécanisme d’évasion, tantôt comme une manière d’exprimer des frustrations collectives.

8. Fan wars : les communautés prennent le pouvoir

Les communautés activent, prolongent et transforment les œuvres. Le “fandom” devient un vecteur de prescription : +28 % d’audience gagnée sur certaines franchises grâce à des vidéos de fans ou des lives communautaires. Marques et diffuseurs doivent apprendre à coexister avec ces narrateurs “non officiels”.

9. L’IA pour réinventer la créativité

L’IA n’est plus une option, mais une brique intégrée aux processus : animation, doublage, relecture, synthèse vocale, génération de pitchs. L’étude montre que 68 % des professionnels interrogés utilisent déjà une IA dans leur chaîne de production. Mais la différence se jouera sur le sens narratif, pas l’automatisation brute.

10. Un entertainment qui s’assume comme entertainment

Fin du storytelling sérieux sous couvert d’impact : le divertissement revendique à nouveau son essence première. Humour absurde, second degré, parodie, dérision, formats hybrides entre lol et lifestyle… Pour 47 % des jeunes publics, un contenu “divertissant d’abord” est perçu comme plus sincère qu’un contenu “utile d’abord”.

Conclusion : un divertissement plus éclaté… mais plus lisible

Avec EnterTen 2025, Webedia ne propose pas une simple photographie des tendances : il offre une grille de lecture transversale pour comprendre les attentes d’un public à la fois exigeant, multiple et acteur de ses propres récits. Dans cet univers saturé mais hautement créatif, les marques et les médias doivent adopter une posture nouvelle : ni surplombante, ni suiveuse, mais curieuse, agile et perméable aux codes de l’époque. L’attention se mérite — et le divertissement reste, plus que jamais, un terrain d’expression privilégié pour la capter intelligemment.

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