22 février 2012

Temps de lecture : 2 min

Demain, une spiritualité customisée en bas de chez vous

On dit depuis quelques temps que le fait religieux fait son grand retour. Les tendances récentes montrent pourtant qu’il s’agit plutôt d’une forme de spiritualité à la carte qui laisse penser que chacun s’adonnera peut-être bientôt à une pratique customisée ,comme méditer dans un TGV...

La recherche de bien-être, d’épanouissement intérieur et la quête de valeurs universelles ont pris une importance particulière ces dernières années. On l’avait constaté au cinéma avec le succès du film Des Hommes et des Dieux qui montrait des hommes hérauts de l’abnégation et de la fraternité. Puis avec celui de Mange-Prie-Aime qui vantait les bienfaits d’un hédonisme  bienveillant associé à la méditation dans la quête de soi. Le succès de Intouchables a confirmé que la solidarité et l’empathie étaient devenues des valeurs fortes. Classique en période de «perte des repères».

JESUS IS BACK, ET C’EST UN BEAU GOSSE A TATOUAGES

Du coup, on assiste (en apparence) à une résurgence du fait religieux. Les traders déprimés se tournent vers le ciel et se bousculent aux portes des églises, en quête de réassurance alors que leur monde financier tourne comme une girouette au gré des bourrasques de la crise. A Singapour, des enfant-stars assurent des prêches d’un nouveau genre (à 12 ans à peine!) et les jeunes leur emboitent le pas en se pressant dans les temples, les mosquées et les églises.

 Le Christ de Stephen Sawyer version Rocky

De son côté, l’art liturgique se modernise et le Christ est désormais représenté en beau gosse tatoué, en super héros ou en boxeur toxico. «J’ai peine à croire que Jésus ait pu renverser les tables des usuriers et les chasser du temple en étant une mauviette», affirme l’artiste Stephen Sawyer auteur de ces représentations. Point de vue qui rend d’ailleurs service à une Eglise en quête d’ouailles masculines…

Enfin, le miracle s’est produit: il existe désormais un parc d’attraction 100% made in Bible. Holy Land,  basé en Floride et consacré à Jésus et ses amis, promet des journées de distraction à coups de prestidigitateurs qui multiplient les pains et de manèges dans un petit Bethléem reconstitué.

UNE SPIRITUALITE CUSTOMISEE ET A LA CARTE

Ce retour du fait religieux est cependant d’un genre particulier: il s’agit de religion «à la carte» dans le cadre d’une pratique palliative. L’acte de foi est alors léger et volatil. Il apporte un réconfort à la hauteur de celui d’une séance de yog : ponctuelle et ciblé. Le yoga justement dont la pratique – comme celle de sa sœur, la méditation – explose dans les pays occidentaux.

Les spas mélangent bien-être et spiritualité

Les marques l’ont bien compris et leur offre s’est organisée en conséquence. Le succès de la parapharmacie, du bio, des spas, des centres de méditation et du tourisme spirituel ne se dément plus. Quant aux symboles religieux, ils n’ont jamais eu autant de succès chez les fabricants d’accessoires de mode. Les anglo-saxons parlent depuis de Cult Marketing.

DEMAIN, DES JEANS EN TOILE DE BURE ?

Demain pourrait voir alors l’ère des religions individuelles, des spiritualités customisées. Les grandes religions existeront toujours mais elles seront concurrencées par une multitude d’autres micro-spiritualités bricolées. On pourra être ainsi à la fois membre de l’église du Kopisme (tout juste reconnue en Suède et qui prône l’échange gratuit des fichiers informatiques), méditant régulier et XavierNieliste, par exemple.

 Le logo de l’église du Kopimisme, reconnue en Suède

Chacun s’adonnera à une pratique spirituelle spécialement adaptée à son quotidien. Des maîtres Yogi enseigneront peut-être dans les avions pour aider certains à gérer leur stress. Des wagons «méditation» verront le jour sur certains TGV et des salles de ressourcement seront placées à côté des machines à café dans les entreprises. Les grands tour-operators devront alors tous proposer des voyages à dimension spirituelle. Quant à la mode, elle s’emparera encore plus des codes de la spiritualité et l’on pourrait voir des femmes habillées de robe faites de toile de bure.

 «Le XXI siècle sera religieux ou ne sera pas». Et si Malraux avait voulu dire «spirituel»… ?

Alexis Botaya
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