5 décembre 2012

Temps de lecture : 2 min

Décryptage du mythologue : le Père Noël continue de parler en français

Partout en Europe, les ventes de Noël s’annoncent en berne. Pas en France. Pour la deuxième semaine des courses de Noël, pas de baisse apparente de chiffres d’affaires. La quinzième étude Deloitte sur les intentions d’achats des Européens l’avait pronostiqué.

Notre pays fait exception. La crise est pourtant bien là, comme ailleurs. Mystère ?

Comme le camembert ou le foie gras, le Père Noël serait-il une exception française ? Le mythe de Noël est-il plus fort ici qu’ailleurs ? Y-a-t-il une croyance religieuse plus soutenue ? Et par conséquent plus d’engagement de dépenses? Selon l’étude Deloitte, pour Noël 2012, les Français envisageraient même d’augmenter légèrement le montant de leurs achats et du repas de Noël.(58 %, en augmentation de 10 points).

Et pourtant  les Français inquiets ne croient plus à la quiétude de Noël.

Or, l’inquiétude des Français est aussi plus forte qu’ailleurs en Europe. Selon une récente étude Ipsos pour l’Observatoire européen du Crédit Agricole. « Les Français sont parmi les Européens qui s’estiment aujourd’hui les plus exposés aux risques de la vie, quels qu’ils soient. »

Le pays qui a donné naissance à Descartes, le père de la raison, est paradoxalement celui qui croit en même temps le plus aux méfaits de la crise et le plus au Père Noël.

Alors, que nous apprend, donc,  ce mythe d’un Père Noël si paradoxal ?

Que le père Noël n’existe pas mais que nous en avons besoin. L’historien-mythologue Paul Veynes posait cette question en titre d’un de ses ouvrages : « Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? » (Éditions du Seuil, 1983).

J’aime sa réponse que nous devrions pouvoir attribuer aux Français face au mythe de Noël : des personnes peuvent avoir des conceptions différentes de la vérité. Au fond, ils ne trouvent pas la vérité, ils ne la cherchent même pas ;  ils la créent.

Les Grecs de l’époque de Socrate ne croyaient pas en leurs mythes ; ils ne pouvaient pas y croire mais ils avaient besoin de cette croyance pour continuer d’avancer, pour se projeter, pour créer la philosophie de la raison, fondement de notre civilisation. L’être humain crée ses propres mythes pour pouvoir se construire. Et avec ses mythes, ses rites pour se persuader lui-même que les « histoires » qu’il a inventées sont bien réelles.
 

L’âge d’or se cache-t-il sous le sapin de Noël ?

Il se vend en France, plus de trois millions de « vrais » sapins de Noël, naturels, pas en plastique. Car nous avons un besoin quasi physiologique de croire mais aussi  de voir. Noël est par excellence le mythe des mythes. Nous savons très tôt  que le père Noël n’existe pas et pourtant, nous ne pouvons pas ne pas y croire. C’est plus fort que nous.

Notre mythe protecteur par excellence.

Le mythe de Noël, c’est un peu l’âge d’or retrouvé, celui de l’enfance, de l’innocence, du temps où tout semblait facile : les parents savaient nous protéger sous les branches du sapin qui « sent bon ». Le mythe de Noël est notre mythe protecteur par excellence. Il nous protège de l’âge adulte. Et cela n’a pas de prix ! On ne va tout de même  pas « chipoter » sur le coût du vert paradis de notre innocence retrouvée.

Les Français ressentent un péril collectif mais se croient protégés individuellement. Voilà pourquoi, malgré ses origines nordiques, Père Noël parle toujours le français.

Au fait, comment se dit marketing en français ?

Georges Lewi, Mythologue, spécialiste des marques
Blog : www.mythologicorp.com 

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