6 mars 2013

Temps de lecture : 2 min

Le décryptage du mythologue: Les citoyens se mêlent de ce qui ne les regarde pas !

La Suisse a voté massivement contre les super bonus des banquiers et les parachutes dorés des grands patrons. Une loi faite pour encadrer ce qui se passe chez les autres.

C’est un peu comme si le peuple votait en référendum pour décorer chez vous en Ikea plutôt qu’en Roche-Bobois ! C’est nouveau mais ça va se développer. Car le mythe de l’agora et de la transparence est de retour. Le mythe de se mêler de tout.

L’Agora est cette place d’Athènes où tous les citoyens grecs se réunissaient, il y a vingt-cinq siècles, pour décider de tout. De la guerre bien sûr, de l’utilisation des finances publiques, de théâtre, de poésie, du bannissement des citoyens jugés indignes…Car cet appétit pour la démocratie directe qui se mêle de ce qui ne la regarde pas, fait partie l’humaine condition. Qu’on l’appelle « buzz », bouche à oreille, tchatche, café du commerce…

Le XXIe siècle annonce déjà le retour du mythe de l’agora.

Dans l’Histoire, trois conceptions du mode décisionnel se font face et se succèdent. Le statut : naissance, clergé, grandes écoles… censés détenir un pouvoir de privilèges antérieurs, c’est l’aristocratie. La puissance : militaire ou financière selon la période, c’est l’oligarchie. Le plus grand nombre, le pouvoir du peuple, avec élections à la clé, c’est la démocratie souvent parlementaire. Or les Indignés et les autres à Tunis, au Caire et ailleurs nous montrent que les gens, et en particulier la nouvelle génération, cette « génération Bovary », génération des illusions ne sont pas satisfaits des élections et du système parlementaire. Ils votent pour des députés et redescendent presqu’immédiatement dans la rue. Ils ne sont pas immatures mais impatients comme ils le sont sur le web.

Le temps de « Notre » démocratie n’est plus en phase avec le mode digital.

Comment demander à des personnes qui ont la démocratie au bout des doigts, à toute heure du jour ou de la nuit d’attendre désormais cinq ans pour revoter et avoir, entre temps, le sentiment d’un pouvoir presque « confisqué »?
Sur la toile, on se mêle de tout, tout le temps. On sollicite sans cesse l’internaute, nouveau type de citoyen majoritaire, sur la couleur d’un shampoing, unlogo d’une marque en passant par l’homoparentalité, les décisions économiques, les rythmes scolaires… Dans tous les journaux télévisés, il y a désormais une question, un sondage pour lequel on donnera le lendemain le verdict des Français. Comme simple internaute, on peut s’exprimer. Mais comme citoyen, on ne le pourrait pas ou très globalement et tous les 36 du mois…

Faute d’Agora, la démocratie est en danger.

Il va bien falloir inventer un nouveau système, plus fréquent, plus proche, plus quotidien. L’habit fait le moine dorénavant et la culture de l’expression comportementale, addictive, immédiate, frénétique, fait le citoyen du XXIe siècle.

Ce siècle sera très démocratique ou reprendra le cycle du temps à l’envers ! Epoque aristocratique, oligarchique…Il serait dommage que la démocratie numérique aboutît à l’absence de démocratie politique !

Georges Lewi / @GeorgesLewi
Mythologue, spécialiste des marques.
mythologicorp.com

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